La couleur de l'argent

Un vieil arnaqueur amateur de billard prend sous son aile un jeune loup et sa petite copine...

La critique commandée de Borat

En 1987 et après six nominations (et il y en aura une huitième), Paul Newman est enfin récompensé pour l'Oscar du meilleur acteur pour sa prestation dans La couleur de l'argent. Comme souvent, beaucoup diront que la récompense a été donné sur le mauvais film ou tout du moins par sur celui qui le méritait le plus. Newman n'est pas le premier acteur à qui cela arrive. On pense à Al Pacino récompensé pour Le temps d'un week end, Jeff Bridges pour Crazy Heart ou Robert Duvall pour Tendre bonheur. Reste qu'eux l'ont au moins eu, ce qui ne fut pas le cas de beaucoup. La couleur de l'argent n'est pas un film charnière pour Newman au même titre que Martin Scorsese. Néanmoins grâce à la récompense et au succès du film (qui permettra à Marty de retrouver un succès qu'il n'avait plus depuis bien longtemps), le film s'avère un minimum important. D'autant qu'à l'époque, ce film est l'une des premières productions Touchstone, nouvelle filliale de Disney vouée à des films un peu plus adultes. La curiosité du film se prouve également par son casting réunissant également Tom Cruise, Mary Elizabeth Mastrantonio, John Turturro, Forest Whitaker et Bill Cobbs.

La couleur de l'argent s'impose dans un premier temps comme une suite de L'arnaqueur film où Newman était déjà le héros (à ne pas confondre avec L'arnaque). Là il échange les rôles avec Cruise devenant ainsi le mentor et le jeune homme le rookie. Tout tourne autour de ces deux personnages apprenant à s'apprivoiser, à devenir amis puis rivaux. Le vieux brisquard veut montrer qu'il a encore à en découdre et le jeune va devoir apprendre l'humilité nécessaire pour pouvoir tricher habillement. La trame est donc assez classique et certains puristes de Marty auront bien du mal à retrouver sa patte. Et pour cause, pour Marty ce film est principalement une commande au même titre que le clip Bad pour Michael Jackson. Mais l'époque parle d'elle-même: Scorsese vient de sortir des échecs commerciaux de La valse des pantins et After hours et ce malgré les bonnes critiques et le succès de La couleur de l'argent lui permettra enfin de réaliser La dernière tentation du Christ qu'il envisageait depuis le début des années 80. L'aubaine était trop bonne pour la laisser échapper.

Néanmoins, même s'il signe probablement l'un de ses films les plus académiques, on peut reconnaître que la réalisation est soignée et particulièrement dans les scènes de billard, principal intérêt du film. Non seulement les scènes ont un certain suspense dans leur issue notamment à cause du fait que Cruise incarne un vantard un peu trop sûr de lui et l'empêchant de toucher parfois le gros lot, mais aussi par le show qu'il provoque. L'acteur fut très concerné sur le tournage faisant toutes ses scènes de billard sauf un très spécial où Marty a demandé à un professionnel de le faire pour boucler le tournage dans les temps. On retrouve également la patte de Marty dans la bande-originale où il engage notamment Eric Clapton pour une des chansons du film et une des plus célèbres de sa carrière. Une bande-originale plutôt rock'n rollesque et qui ne démérite pas dans le paysage scorsesien. Pour ce qui est de l'interprétation, Marty mise bien évidemment sur le trio Newman-Cruise-Mastrantonio avec habileté et même Cruise, malgré une banane pas possible, s'avère amusant en jeune ventard, trouvant même sa première bonne prestation dans un film. On peut même dire que c'est à partir de ce film qu'il prendra enfin sa carrière en main, vu que l'année suivante il sera au casting de Rain man.

Une commande tout ce qu'il y a de plus honorable avec un casting impeccable. 

Note: 14/20