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Yoann Fréget

Par Gjouin @GilbertJouin
Yoann FrégetQuelques heures avec moi
J’ai eu peur… Hou-la-la, j’ai eu même très peur !Il m’a fallu attendre le cinquième titre du premier CD de Yoann Fréget pour commencer à prendre du plaisir.Pourtant, la première chanson débute de manière fort sympathique et agréable et puis, soudain, il se met à sur-chanter, un peu comme des comédiens sur-jouent. Et encore, Quelques heures avec moi reste dans le domaine du supportable et son arrangement, bien léché, y contribue énormément… Les trois titres suivants appartiennent trop au registre de la performance pour les apprécier simplement.Yoann veut trop prouver, tout et tout de suite. Alors, il passe en force, part dans des vocalises extrêmes au détriment du sens. Trop d’effets vocaux, parfois carrément maniérés, tuent les effets.A trop vouloir être dans la performance, il anesthésie en nous une curiosité qui, pourtant, lui était a priori favorable eu égard à ses prestations dans The Voice.
En France, c’est bien connu, on a cette manie chronique de glisser dans nos chroniques des comparaisons, de mettre les gens dans des cases. Je n’échappe pas à la règle. J’ai trouvé dans l’univers musical de Yoann Fréget un véritable cousinage avec celui de Ben L’Oncle Soul. Mais là où ce dernier fait dans la légèreté, le vainqueur de The Voice 2 choisit de montrer les muscles de ses cordes vocales. La démonstration technique prime sur le fun, et c’est regrettable.
Yoann Fréget
Heureusement, à partir de L’Equilibre, grâce à une interprétation « sur la corde sensible », les choses s’arrangent. S’en suit tout logiquement une prouesse d’« équilibriste » avec Les mots que l’on ne peut pas dire. Dans la foulée, mes oreilles enfin apaisées, j’ai apprécié le swing revigorant de Nos états unis.Et puis arrive la chanson qui, pour moi, est le tube de cet album, le très gospellisant Ça vient de là-haut.Quand Yoann joue délibérément dans le registre de la retenue, qu’il montre qu’il est capable d’une certaine sobriété comme dans Terre-Mère, Je donne et Un cœur de femme, on goûte réellement à ses chansons. Même si l’on déplore toujours quelques scories avec des montées spectaculaires dans la voix de tête ou avec l’emploi superflu et un peu systématique de virgules de scat.Trois autres titres m’ont également bien plu : Couleurs Love, pour sa superbe ambiance et sa luminosité, C’est tout conne, pour l’orgue et le jeu avec les chœurs, et Volepour sa belle mélancolie (hormis les vilains miaulements émis à l’approche de la fin).
Bref, dans l’ensemble, Quelques heures avec moi est un album honorable. Yoann Fréget a commis l’erreur du débutant en voulant trop bien faire et montrer dès son premier CD tout ce qu’il était capable d’exprimer avec son organe exceptionnel… Son talent est indéniable, mais je suis convaincu qu’il y gagnerait avec plus de simplicité. Il faut qu’il oublie la technique – il la possède - au profit de l’interprétation et de la sensibilité. Dès qu’il opte pour la douceur, il nous touche.
Enfin, on ne peut évoquer cet album sans en souligner la grande qualité de ses arrangements. Sur le plan musical, il est vraiment fignolé, discret, léger tout en préservant la tonicité festive du rhythm’n’blues et de la musique funk. Et les chœurs sont vraiment chouettes. Honnêtement, de ce côté-là, c’est une totale réussite et un régal à écouter (de préférence au casque pour en souligner toute la richesse et les subtilités).

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