Angel Olsen - Burn Your Fire For No Witness
On m’aurait donc menti. Mais on connaît l’adage qui veut que cette forme impersonnelle rime avec connerie universelle. Les femmes et la musique : cette vaste blague. Et pourquoi pas un homme dans une réunion Tupperware tant qu’on y est ? Il est entendu que depuis que l’homme est homme et que la femme est aux fourneaux, cette descendante d’Eve ou de Lilith n’a rien à faire dans l’ingénieuse cuisine de grands chefs au 23ème chromosome amputé. Regardez plutôt : Mozart, Bach, Presley, Lennon, Hendrix, Albarn, Yorke d’un côté. Segara, Dion, Badi, Lorie, Fabian, Zaz de l’autre. La messe est dite : le sexe faible porte bien son nom sur la gamme en Ut(erus) mineur. Seulement capable de miauler une plainte hystérique au gré de ses humeurs menstruelles. Doit-on supporter cela sous prétexte d’égalité ? Bon d’accord, Hildegarde de Bingen, Edith Piaf, Patti Smith, Janis Joplin, Joni Mitchell, P.J Harvey, Fiona Apple, Beth Gibbons, Feist, Amy Winehouse ont pu, à certains moments, s’extraire de leur névrose parturiente pour trouver par hasard la voie d’une mélodie acceptable sans doute aidées par des génies testostéronés. Mais de là à admettre qu’une femelle entrave quoi que ce soit en matière d’émotions musicales, au chapitre des accords si techniques, au rayon des caisses claires / charley, je veux bien me faire (double) pédale. Parfois, pour détourner l’attention, et atteindre à plusieurs le pouvoir d’un seul homme, elles se réunissent à trois ou quatre. Supremes, Electrelane, Savages, Warpaint, et autant d’ovaires dose. Seules Théodore Paul & Gabriel reconnaissent dès leur nom qu’en matière de succès musical, le tube est forcément phallique.
Puisqu’une démonstration vaut un trop long discours, je prendrais pour exemple la délicieuse Angel Olsen, américaine au charmant minois, dont la plastique me convaincrait d’être sourd au pays de trop nombreuses prétendantes : Anna Calvi, Cat Power, Lana Del Rey, Hope Sandoval, Soap & Skin. Parce qu’elle me rappelle une arnaque vieille comme le monde : faire croire qu’un deuxième album comme Burn Your fire For No Witness soit l’œuvre d’une gourgandine rebelle. Soyez raisonnable : n’entendez-vous pas le tremblement d’un Roy Orbison dans Hi-Five ? La superbe masculine d’un Strokes sur Forgiven / Forgotten ? Un telle œuvre maitrisée, incandescente, sublimée ne peut assurément être que le fruit d’un nègre compositeur, foi de Nina Simone. Il y a quelques années déjà, j’avais flairé l’arnaque avec Paula Frazer, avec laquelle Angel Olsen partage de suspectes harmonies : tant de sèche justesse, de poésie incarnée ne peuvent émaner d’un cerveau occupé par les sacs à main. Comment même imaginer qu’une épure parfaitement balisée comme Iota provienne d’un être fâché avec l’orientation ? Burn Your fire For No Witness est assurément la preuve par le mâle quand la musique est bonne. Les blagues les plus courtes étant les meilleures : Angel Olsen n’est pas une femme. Ou alors Letta M’Bulu, Courtney Love, Joan Baez, le sont aussi. On m’aurait donc menti ?
Hi-Five :
Forgiven / Forgotten :
Angel Olsen sera au Divan du Monde le 26 mars pour le festival Les femmes s'en mêlent.