Couvrir en entier toutes les « Anteprime » de Toscane coute un effort surhumain non négligeable mais votre envoyée Vinogusto se repose maintenant de force victime de la varicelle, contaminée surement par l’une des nombreuses personnes avec qui elle a partagé du bout des lèvres ces nectars en devenir (et moi qui pensait que la sensation d’avoir une langue en plomb était due aux tannins du Sangiovese…).
Allons-y par étapes, appellation par appellation… Attention tout de même, je ne vous reporte ici que le top des dégustations, tous ces vins qui, dans mon échelle d’évaluation sur 100, ont obtenu plus de 90 points (oué, Vivi Parker est dans la place !) :
Vino Nobile di Montepulciano : (vous l’avez peut être lu sur mon blog perso, voici ce que je pense du millésime 2011 et 2010 pour les Riserva)La très chaude (et donc très crainte) année 2011 a effectivement semé des victimes sur son passage mais globalement, les vins sont homogènes dans leur réussite quant à leur rapport qualité/prix. A cause de la chaleur, l’ajout de Merlot ou Cabernet Sauvignon a été maitrisé ce qui met plus en valeur les cépages locaux en évitant ainsi les notes confiturées un peu nauséabondes sur la longueur.
Les Riserva, présentées ici en millésime 2010, sont elles plus décevantes car l’utilisation de bois reste trop dominante. La puissance et l’extraction sont au RDV. Néanmoins, il faut bien l’avouer, cette appellation a, depuis quelques années, fait des bons de géant quant à la qualité de ses vins avant inégale ou schizophrène.
Vino Nobile di Montepulciano 2011
Bindella “I Quadri” : nez de bois de sandale et épices orientales, bouche balsamique qui explose sur le finale.
Croce di Febo : très fruité (myrtilles et mûres) avec une bouche poivrée à souhait.
Poliziano : épicé comme toujours, puis pruneaux et olives qui se dissolvent dans un nez floral de lavande. La bouche est juteuse, les tannins doux comme une caresse.
Vino Nobile di Montepulciano Riserva 2010
Dei , Riserva Bossona : un vin baroque, mentholé, puis épicé, puis balsamique, bouche chaleureuse.
La Braccesca, Vigneto Santa Pia : violette et lavande, bouche bien mûre, très classique mais pleine de peps, accent de toasté sur le final.
Brunello di Montalcino, millésime 2009 : un millésime fruit d’une vendange problématique car le tôt d’acidité du raisin a été dévasté lors d’un mois entier de chaleur qui a perturbé la bonne maturation du fruit. C’est donc un millésime riche en substance et alcool mais qui n’aura pas une longue vie en cave. Le Consortium parle d’une année 4 étoiles, nous dégustateurs, penchons plus pour les 3.
Casa Raia : nez de sous bois qui se transforme en bouche par des saveurs de noix. Tannins asséchants. A attendre un bon moment.
Donatella Cinelli Colombini : nez de sauge incrusté sur un fond minéral très solaire. La bouche me fait entrevoir beaucoup de potentiel.
La Gerla : un nez riche et brillant, groseille, framboise, bouche nerveuse et agile.
Mastrojanni : laurier, térébenthine qui rend le nez un peu patiné, bouche fine, soyeuse et parfaitement élégante.
Mastrojanni, Vigna Loreto : nez fleuri et réglissé, bouche très expressive aux beaux accents minéraux.
Matè : pèches, abricot, framboise au nez avec une tout petit peu d’acidité de la pomme, en bouche c’est de la confiture.
Tenuta San Giorgio Ugolforte : chaud et enveloppant comme un cachemire, légères touche de bois fumé comme un bon feu de cheminée, bouche facile à boire.
Tenuta Vitanza : végétal, safran et framboise sur le fond, bouche très fruitée.
Avant de vous parler de l’avant-première du Chianti Classico, laissez-moi vous rappeler que cette année la grosse nouveauté consistait dans le lancement au sommet de la pyramide de qualité de cette appellation d’un nouveau style de vin, le Gran Selezione, le top du top du Chianti Classico. 30 mois d’élevage (contre les 24 pour un Riserva) et surtout un cahier des charges très stricte (sélection d’un seul vignoble etc.. ) qui a vu couronné de lauriers seulement 39 producteurs sur les 560 qui composent le Consortium, pour tous les détails, merci de lire l’article ici : http://lazazzerawineblog.com/2014/02/26/florence-and-the-chianti-classico-revolution/Mais revenons à nos moutons et parlons du millésime 2012 dont nous nous souviendrons comme d’une très grande année pour le Chianti Classico, composée de vins au parfait équilibre entre richesse, fruit et structure acide. Par contre, concernant les Riserva 2011, les résultats sont moins exaltants et les bons points sont à attribuer toujours aux mêmes…
Chianti Classico 2012 :
Antinori, Peppoli : frais et plein de vie au nez, bouche corpulente, chaire bien ferme.
Barone Ricasoli, Castello di Brolio : senteurs de bois vanillé et encens, bouche un peu trop droite mais qui saura s’adoucir.
Castellare di Castellina : un de mes Chianti Classico préférés, fruité framboisé, vivacité, bouche joyeuse et croquante.
Castello di San Donato in Perano : un vin au charmes sombres, fruits noirs.
Castello Vicchiomaggio : élégant et riche, la bouche est joyeuse, un ballet de petits fruits rouges suivi de notes de violette et tabac.
Felsina Berardenga : un souffle de Provence en Toscane, bouche savoureuse.
Isole e Olena : cerise à fond, romarin puis tabac à mâcher ; finale persistante, très très bon, il n’y a rien à dire.
Istine : ma découverte de l’année dernière, sur un nouveau millésime plus caillouteux et minéral.
Querciabella : un nez de boite à cigare et résine, anobli par des touches de lavande. Une bouche étonnamment sur les agrumes, une structure compacte.
Chianti Classico Riserva 2011 :
Bindi Sergardi : 97% Sangiovese et 3% Merlot qui passent 2 ans en barrique et 1.5 an en blle. Un vin superbement élégant, soyeux et fruité comme je me l’attends d’un vrai Chianti Classico.
Brancaia : poivre et encens, puis maquis méditerranéen, fraise, lavande, bois, ouf, une succession d’aromes à vous faire tourner la tête ! Bouche superbement fraiche.
Capannelle : nez classique de violette et lavande, fruits rouges ; la bouche est sculptée dans la roche.
Castellare di Castellina : nez aromatique et minéral, bouche de cerise et myrtilles, jolie acidité et tenue.
Felsina Riserva Rancia : cru issu d’une seule parcelle au milieu des bois sur un terrain rocheux qui donne des vins à la minéralité marquée, précis et droit. Un travail du Sangiovese tout en pureté.
Riserva di Fizzano : un cru issu d’un seul vignoble majoritaire de Sangiovese (à 85%) avec l’ajout de 10% Cab Sauv et 5% Merlot. Un travail orfèvrerie, une ouvre d’art.
Oh, bien sur, il y a aussi eut les avant-premières de plein d’autres appellations toscanes, du Chianti au Montecucco en passant par le Morellino di Scansano, cette année tous réunis pour la première fois, faisant front commun pour parler des nouveaux terroirs émergents de la région. Étant une première, ils ont essuyé pas mal de plâtres, je leur consacrerais donc, l’année prochaine, un large espace, mais puisqu’il s’agit d’appellations plus proches de mon petit chez moi en Maremma, il s’agit aussi de domaines et caves que je connais très bien et déguste régulièrement, il vous suffit donc de me « suivre » sur Vinogusto afin de lire toutes mes notes de dégustation.
Le mot de la fin est pour la Vernaccia di San Gimignano 2013, une année tardive où les petits chefs d’œuvres sont nombreux, à suivre donc au moment de la sortie des Riserva.