Cette exposition riche de plus de 300 objets propose une plongée dans l’engouement phénoménal des amateurs de laques au XVIIème et surtout au XVIIIème siècle.
Comme la porcelaine avant la redécouverte du secret de cuisson à Meissen, les objets de laque viennent tout d’abord de Chine et du Japon par la mer. Arrivés en France, ils sont souvent démontés en panneaux et réadaptés à des formes plus à la mode … Ensuite, des artisans de génie trouvent la recette de ce revêtement pour produire des décors d’abord directement inspirés des motifs extrême-orientaux avant de s’en affranchir totalement.
Parmi ces artistes vernisseurs, la fratrie des Martin se distingue autour de 1750 par son talent et sa créativité, inventant des techniques, des décors, des couleurs, des formes nouvelles … en fait, les vernisseurs se sont installés au Faubourg Saint Antoine, qui jouit de privilèges royaux, dès 1670. Ils travaillent sous les directives de marchands merciers qui leur passent commande selon les desiderata de la clientèle toujours plus friande de chinoiseries.
La laque est une technique connue depuis l’Antiquité en Europe et depuis des millénaires en Asie. Elle s’applique à divers supports – bois léger ou plus dense, tôle, papier mâché … elle présente de nombreux avantages : légère, imputrescible, exaltant les couleurs, permettant des décors en léger relief, elle protège et rend étanche des objets devenus supports de merveilleuses décorations.
Boîtes, tabatières, étuis, objets de toilette raffinés, nécessaires de voyage, écritoires, encriers portatifs, supports de tablettes, instruments de musique ou scientifiques, pendules, panneaux décoratifs, pots de fleurs, rafraîchissoirs, commodes à deux rangées de tiroirs, chaises à porteur, traineaux et caisses de berlines … Toute la gamme des utilisations de la laque est ici donnée à admirer, dans cette période qui constitue le summum du bon goût français.
En fait de secret, l’exposition laisse un peu sur la faim d’une explication technique sur la manière d’appliquer le vernis par couches successives et la composition de la matière. L’accent est surtout mis sur le décor, et c’est somptueux. On s’en contentera !
Au musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli – 75001 Paris – tous les jours à partir de 11 heures, sauf le lundi, jusqu’au 8 juin, 11€