Joli mai : Le cinéma sur la barricade

Par Inisfree

C'est Joachim qui m'a mis sur la piste dans un récent commentaire en me décrivant cette photographie. Aussitôt, j'ai eu envie de la trouver. Cela n'a pas pris trop de temps et m'a fait faire quelques belles découvertes. Voici donc une belle barricade cinématographique. Le film, c'est Police sur la ville, Madigan de son titre original, un polar signé Don Siegel avec Richard Widmark et Henri Fonda. C'est un film typique de la fin des années 60, assez sombre, assez critique avec le pouvoir en place, tous pourris, tous corrompus comme dans Bullit de Peter Yates sortit la même année. Un film assez violent aussi, comme son héros un peu déboussolé, comme son époque. Un film qui, de la part de Siegel annonce son futur Dirty Harry qui sortira en 1971. J'ai revu Madigan il y a peu. Il m'avait fait une grosse impression quand je l'avais découvert, assez jeune, à la télévision. Il a plutôt bien vieillit, malgré les petits chapeaux ridicules que les policiers portaient alors. Bien que l'on nous fasse comprendre que Madigan, c'est aussi le nom du héros joué par Widmark, meurt à la fin, le film eu tant de succès qu'il « ressuscita » pour une série télévisée assez populaire.

Cette photographie, cette barricade, c'est bien sûr une belle preuve que le sens de l'humour ne manquait pas sous les pavés. Le panneau est peint d'après l'affiche originale. Longtemps, et jusqu'à une époque récente, il y avait des peintres en enseignes qui réalisaient de telles oeuvres, réinterprétant parfois de façon poétique les films illustrés. La salle, c'est le Brunik mais malgré mes recherches sur les sites spécialisés, je n'en ai pas trouvé trace. Avis aux souvenirs.

La photographie est de Jean-Claude Seine. Journaliste reporter d'images, il a débuté à 20 ans, en 1964, et a collaboré à L'Humanité, La Vie Ouvrière, Le Matin de Paris, France Nouvelle, Révolution, Antoinette, Le Peuple, Jeune Afrique, ainsi que d’autres publications. C'est pour le journal la Vie Ouvrière qu'il couvre les évènements de 1968 et qu'il réalise ainsi des dizaines de clichés dont une sélection est proposée aujourd'hui sur son site. Nombre d'entre elles traduisent bien une ambiance que l'on imagine festive, exaltante, enthousiaste, comme ces ouvrières devant leur usine à Amiens. On sent des gens qui ont, enfin, une prise sur leur destin. Je vous invite vivement à passer un moment dans ses galeries. Outre mai 68, il y a toute une belle série sur le monde du travail, histoire de se souvenir du pourquoi de mai. Voilà, Jean-Claude Seine m'a gentiment autorisé à reproduire ici cette photographie, qu'il en soit chaleureusement remercié. Découvrez « Plein d'images en noir et blanc comme à l'ORTF sur le petit écran de nos nuits blanches de MAI». Sur un autre cliché, cherchez bien, il y a Jean-Luc Godard en train de manifester.

Sources:

Photographie : jcseine.com

Informations : Wikipedia