Nouveau venu dans le paysage rock français après 10 ans de carrière en autoprod, voici Démago. Un nom cinglant pour un groupe qui l’est tout autant. Crée par Maün (chanteur/auteur) et Bleach (guitariste/compositeur), aidés dans l’opération par Djeghbal (bassiste de Mano Solo) et Patrice Courtois (ingénieur du son de AaRON), Démago nous livrent leur premier album signé chez Wagram : Hôpital.
A la lecture du titre et du visuel accompagnant l’album on n’est pas rassuré. Cet hôpital n’a pas l’air d’être fait pour les enfants ni à soigner. L’impression se confirme dès les premiers titres de l’album. On a à faire à un rock sombre et écorché.Outre les riffs acérés, les guitares saturées et la ligne de basse massive, ce qui prend c’est l’écriture ciselée et aiguisée.
Les textes de Maün sont là pour nous rappeler et nous décrire toutes les affres d’une société malade, la névrose, le besoin de domination de l’homme sur la femme (sur l’électronique et le nerveux Porn), le monde impitoyable du travail (sur le tubesque Respirez ou Le Mégalo), parfois avec humour, cynisme et ironie.Pour faire passer son message, Maün use du chant, des cris, du rap voire du slam avec toujours une sensibilité et une émotion remarquable soulignées par une musique et des arrangements au service du sens.
Démago est un groupe décalé et différent, qui n’a pas peur de mélanger les styles ni de faire du “rentre-dedans” quitte à jouer sur la provocation.Le rock français a sans doute trouvé un nouveau souffle avec le 1er album d’un groupe qui s’annonce prometteur. Coup de fil à Maün, le chanteur du groupe :
Comment pourrais tu définir Hôpital ?
Et bien hôpital c’est 10 ans de travail et une synthèse d’un homme de 30 ans au niveau des textes, parceque bien évidemment il y a un travail qui à été fait en complicité avec bleach, musicalement parlant. Un album en réaction avec ma psyché, c’est un album qui est représentatif a la fois d’une intériorité et d’une extériorité… une intériorité qui est ma boite crânienne et une extériorité qui est la société dans laquelle j’évolue. Apres il y a une espèce d’introjection de ma part entre la société et ce qui s’y passe et après je dirais que je régurgite et j’écrit.
Cette album est il une nouvelle preuve que le rock et la chanson française peuvent co-exister ?
Oui je n’ai jamais eu aucun doute, je pense que malgré tout on à quand même eu pas mal d’exemple dont noir désir, un groupe dont moi je ne suis pas fan mais fan de l’écriture en tout les cas, de Cantat évidemment, mais Bashung l’avait fait avant et je pense aussi à Guinsbourg. Je pense qu’il y a beaucoup de place malgré tout pour…je ne parlerais pas de réconciliation mais de continuation de chose qui peuvent cohabiter avec beaucoup de bon goût. Maintenant c’est sure il y a toujours le problème de l’écriture du Français mais plus c’est travaillé, plus c’est léché, plus on trouve des portes de sortis pour favoriser le sens plutôt que le swing et à l’arriver je pense là par contre on peut réconcilier le sens et le swing qu’en travaillant la langue.
Ca ce ressent en effet beaucoup a l’écoute de l’album également avec ce mélange d’influences passant du rock au rap…
Oui pour nous c’est important que ça swing! On a vraiment essayait de réunir sur cet album autant le rock que le hip hop ou la chanson française, c’est à dire mélanger Piaf et Joey Star entre guillemets. On a essayer de s’amuser à chaque fois switcher entre toutes ces influences mais toujours au service du rythme et du sens. C’est vraiment un truc auquel je veille.
L’album est en général très sombre, pourquoi avoir inclus un titre comme “100 000 mots”? Qui en plus est écrit majoritairement en anglais, pourquoi ce choix ?
La mélodie de 100 000 mots en français, essayez c’est inchantable… Oui c’est une chansons qui dénote mais c’est une chanson que j’aime beaucoup moi aussi et qui est dans la mouvance de dire que oui quand on a plus rien il nous reste que l’amour, c’est très bateau mais c’est extrêmement important pour moi de le souligner. C’est une chanson que je revendique, il n’y a pas 100 000 mots pour dire je t’aime, il n’y en a que 2 et ces 2 la il sont important parce que c’est ce qui nous permet de nous maintenir en vie dans ce monde qui n’est pas très simple ni très jolie jolie.
L’album de Démago est sorti cette semaine et pour terminer je ne saurais trop vous conseiller de découvrir ce groupe également sur scène où ils prennent une nouvelle ampleur grâce au soin apporter au réarrangement des titres adapter pour le live.