Trois ans après le désormais culte The English Riviera, Metronomy dévoile son 4ème album Love Letters le 10 mars 2014. Entre morceaux expérimentaux, voix épurées, mélodies accrocheuses et rythmes entêtants, les quatre Anglais ont su répondre à notre épineuse question : « Mais comment vont-ils faire pour satisfaire à nouveau un public trop gâté par l’album précédent ? » en seulement dix morceaux. Déjà confortablement installés parmi les grands noms de la pop, Metronomy confirme sa place de choix et convertit certains de ses détracteurs.
Des synthés, des guitares, des boîtes à rythmes, des trompettes, des chœurs et des sons de cigales. On pourrait penser que c’est simple mais l’on se demande encore comment cet album peut passer du mélancolique à l’extatique, de l’instrumental (Boy Racers) au parfait tube pop (Reservoir), de la chanson qui pourrait se retrouver dans un Tim Burton (Monstruous) à celle dont le refrain est presque taillé pour un Dolan (Never Wanted). Tout ceci savamment dirigé par un Joseph Mount qui ne semble plus avoir peur de sa voix, et qui l’impose même comme une arme, prête à vous tirer des larmes ou à vous redonner espoir, au choix.
On s’attardera évidemment sur Love Letters, morceau éponyme de l’album et véritable hymne à la joie. Quand les cors se mêlent aux chœurs, que le tambourin exulte et que la voix presque à vif de Mount dépeint le portrait douloureux mais plein d’espoir d’une romance à distance rythmée par des lettres d’amour envoyées de l’un à l’autre, on aurait presque envie de descendre dans la rue déclarer notre flamme à n’importe qui, mais bon, il pleut, là, dehors. Pour un tel morceau, il n’aurait pas fallu moins qu’un Michel Gondry pour réaliser un clip rétrofuturiste tout en originalité et dessins géants. Le monde de Gondry magnifie le morceau, ou l’inverse, nous n’arriverons pas réellement à déterminer.
La pochette de l’album promet du psychédélique : chose promise étant chose dûe, on touche du doigt l’été qui nous a été arraché avec The Most Immaculate Haircut et son planant break à cigales, façon transat-au-bord-de-la-piscine. Avec Month of Sundays, ballade prônant le jour du Seigneur, le groupe fait perdurer ce sentiment estival en nous offrant au passage un duo chœurs-guitares exacerbées presque religieux.
Ce quatrième album se construit donc sur des paradoxes, en vacillant du calme à la tempête, en habituant l’auditeur à être surpris. Désormais, nous savons qu’il ne faut pas plus de quarante minutes à Metronomy pour construire un nouveau monument de la pop anglaise.