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CULTURE > A l’image de son époque, le monde "mode" meurt...

Publié le 04 mars 2014 par Fab @fabrice_gil

© instagram.com/yaelabrot


Futile, stupide et folle, la mode révèle aujourd’hui une expression sociale qui décède à petit feu. A l’heure où les présentations hivernales se terminent, retour sur un phénomène sociologique que les professionnels -eux-même- ne comprennent plus vraiment.
La mode a toujours été l’expression vestimentaire évidente d’une société, dont elle représente les codes et les valeurs, la différenciation sociale, les courants et les contradictions. Un langage muet par lequel chaque individu indique à l’autre son sexe, son âge, sa nationalité, sa profession, sa classe sociale, ses positions politiques, religieuses et artistiques. La mode tient sa part de liberté et de gratuité dans une formation intellectuelle que l’on peut qualifier clairement de "névrotique", dans une expression de refoulement irrationnel et fantasmagorique. Le dictionnaire (Petit Robert) définit le mot  mode comme une "manière individuelle de vivre, d’agir et de penser", et les "goûts, les manières de vivre et d’appartenir à une société déterminée".
La mode va mal, oui… mais les modes a fortiori. Par les modes, la société se segmente en groupuscules de "victimes" qui cherchent à se différencier les unes des autres. Des modes qui ne s’inspirent pas d’un style, d’une allure ou d’une silhouette d’ensemble, mais d’éléments de reconnaissance et d’identification : sac Vuittonou Prada, tatouage, couronne de laurier Fred Perry, etc. L’adhésion imaginaire à un monde, à un mode de vie merveilleux ou le luxe est roi, est  somme toute suscitée par des marques visuellement fortes qui n’existent que dans le regard des autres, au final.
Et c’est ainsi que la créativité artistique des designers existe et se mélange, comme les textiles dans la mode mondialisée, avec une uniformisation indiscutable et fatigante. Vrai qu'avec la mondialisation on peut tous sauter désormais dans un jean… mais au bénéfice de quelle distinction ? Pouvons-nous échapper encore aux lois incontournables des tendances fallacieuses et autres pseudo-diversités que nous offre l’industrie textile ? Une chose est certaine, les consommateurs sont désormais en attente de propositions radicalement nouvelles. Et en période de crise, ce bilan prend toute sa valeur.
Le succès des marques françaises -en particulier à travers le monde- trouve leur ancrage dans un patrimoine culturel. Se différencier de la concurrence en innovant, tout en conservant la qualité d'un savoir-faire ancestral, c'est ce qui a permis au sellier français Hermès de se développer avec prouesse en France comme à l'international, notamment en Asie (26% de ses parts de marché hors Japon) explique Guillaume de Seynes, vice-président d'Hermès International. Pour répondre à une demande particulière de la Chine, la maison de luxe a créé sa propre marque Shang Xia, qui propose une ligne de meubles, de cachemires et de porcelaine renouvelant l'artisanat chinois traditionnel, adapté à la demande de la Chine contemporaine. Chaque pays a son propre héritage culturel et c'est le ressort de toute créativité. Un patrimoine que la France semble avoir éteint. Il y a 30 ans, luxe et mode étaient distinctes. Aujourd’hui tout se combine, pour des raisons simplement stratégiques et financières.
Si les modes promues et portées par des minorités plaisent, c’est parce que la différence est devenue pour chacun un idéal de réalisation de soi : chacun aspire à devenir un autre. Faire comme tout le monde n’est plus à la mode, mais être un autre et imiter les usages de quelques-uns ou d’un groupe en est une. Nombreux sont ceux qui refuse les dictats d’une mode superficielle et dépersonnalisée en portant des vêtements récupérés ou d’occasion (vintage) dont la valeur rassurante évoque la légèreté culturelle et économique d’un autre temps. Et si ces vêtements sont fatalement destinés au rebut, ce dit-rebut montre un visage nouveau de la mode : ce qui est à la mode termine définitivement à la poubelle.FG

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