« Ecoute la pluie »
LESBRE Michèle
(Sabine Wespieser)
« J’ai couru jusqu’à la station de métro, je ne voulais pas rater le train pour te rejoindre à l’hôtel des Embruns. » La narratrice ne rejoindra pas l’homme avec lequel elle entretient une relation en pointillés. Sur le quai, un vieil homme lui sourit avant de se jeter sous les roues de la rame de métro qui arrive à la station. « …j’étais dans le vertige d’une chute qui n’en finissait pas et, de temps à autre, je m’adossais à une vitrine pour ne pas céder au vide. » Commence alors pour la narratrice une longue errance dans les rues de Paris. L’orage survient. Des souvenirs émergent, se fragmentent, se reconstituent. De ce qu’elle fut à ce que fut cet homme qu’elle ne rejoindra pas. Des quelques amis proches dont l’existence elle aussi s’altère. Une pudique et déconcertante rencontre avec la mort servie par une très belle écriture.
« Comment te transmettre ces minuscules détails, ces instants lumineux où, dans l’ombre fragile d’un homme vieillissant (le grand-père de la narratrice) et solitaire, j’arpentais la campagne paisible avec déjà la conscience aiguë d’un temps en fuite, d’une disparition possible de ce corps que je devinais maigre et fatigué, aux gestes mesurés, à la démarche lente et régulière, dont j’avais sans doute hérité, mais de quoi ? De la solitude ? De son amour du silence et de la contemplation ?"
Michèle Lesbre – Écoute la pluie