Les chercheurs du CNRS, Marseille, viennent de réanimer un virus datant de l’époque de Néandertal. Ce « nouveau » virus, appelé Pithovirus sibericum, présente certaines caractéristiques d’autres virus géants, dont une partie de leur ADN, mais est le premier d’une toute nouvelle famille jusque-là inconnue. Un zoom sur cet agent géant et toujours infectieux, présenté dans les Actes de l’Académie nationale des sciences américaine (PNAS), suggère que d’autres très vieux virus pourraient se réveiller avec le réchauffement climatique …avec tout leur pouvoir infectieux.
Ce sont à nouveau des chercheurs du CNRS (Marseille Luminy), dont le chercheur Jean-Michel Claverie, déjà à l’origine de la découverte en juillet dernier, de 2 pandoravirus, des virus géants en forme d’amphore et de Chilensis Megavirus, unautre megavirus, pêché au large des côtes Las Cruces, au Chili, qui viennent d’identifier ce virus dans un échantillon de pergélisol (sol gelé en permanence) vieux de 30.000 ans, et de le …réanimer. C’est le plus grand virus découvert à ce jour –il mesure 1,5 µm de long pour un diamètre de 0,5 µm- mais avec, seulement, la moitié de l’ADN des autres.
Comparé aux autres virus géants appartenant à la famille Megaviridae, découverts ces dernières années, et malgré la proximité morphologique et physiologique de ces virus, ce nouveau virus présente une forme, une taille et une physiologie différentes. Ces virus ont un hôte commun, une amibe, Acanthamoeba castellanii emprisonnée dans ces carottes de pergélisol de Sibérie. Or, dans ce cas, « l’amibe » avait été infectée par un virus géant précédemment non identifié, présentant sa propre combinaison de caractéristiques, une forme similaire à Pandoravirus, une expression génétique proche des autres Megaviridae, mais une taille plus grande que Pandoravirus et Megaviridae, un mécanisme de réplication différent à l’intérieur des cellules d’amibe, et un génome d’une taille réduite par rapport aux 2 autres familles de virus.
Nommé Pithovirus sibericum, ce virus confirme l’existence d’autres virus anciens, dont certains pourraient être pathogènes pour les animaux ou les humains avec la fonte du pergélisol liée au réchauffement climatique. Car ce virus géant est toujours, après 32.000 ans dans la glace, capable de tuer les amibes suggérant que d’autres agents pathogènes pourraient aussi être conservés durant des milliers d’années dans le sol gelé, avec le réchauffement de la planète reprendre vie et réinfecter.
Source: PNAS March 3, 2014, doi:10.1073/pnas.1320670111 Thirty-thousand-year-old distant relative of giant icosahedral DNA viruses with a pandoravirus morphology (Visuel CNRS)
Lire aussi:PANDORAVIRUS: La découverte d’une nouvelle forme de vie? –
Bienvenue à Chilensis Megavirus, le plus grand virus du monde –