Electricité verte : électriciens les pieds sur le frein

Publié le 14 mai 2008 par Kalvin Whiteoak

La Suisse est le pays des paradoxes: près de Lausanne sur le parc EPFL on trouve sans doute les cellules photovoltaïques en prototype les plus performantes du monde. On sait que quelques panneaux performants posés sur le toit d’une maison individuelle permettent une autonomie énergétique en électricité pour une famille standard et avec la technologie actuelle. Les coûts d’installation sont évidemment plus élevés que ceux d’un simple branchement au réseau électrique, mais le bilan énergétique et économique est positif après peu d’années.

En Allemagne, comme Ron Hochuli le rappelle dans le Temps de ce jour, l’industrie solaire génère un chiffre d’affaires de 9 milliards de francs pour 42′000 emplois dans la branche, au même niveau que les biotechnologies.

En Suisse comme d’habitude, les pouvoirs économiques des électriciens nucléaires et hydrauliques asservissent le "bon peuple" et surtout le bon parlementaire de base qui se refuse à entrer en matière de façon sérieuse sur la problématique des énergies renouvelables, et singulièrement de l’électricité. Il faut à tout prix rentabiliser 10 fois le prix du "dernier kilomètre d’uranium et de conduites forcées" déjà payés plusieurs fois par le contribuable.

Du fric, du fric, profiter de l’augmentation des prix de l’énergie fossile pour asseoir encore mieux un monopole avec la libéralisation du marché de l’électricité dans laquelle le consommateur contribuable est grugé, car il paye une fois sa facture, une fois par décennie le même pylone, une fois par trente ans le même barrage, et une fois par cinquante ans la même centrale nucléaire. Pourquoi ? grâce à un système de comptabilisation publique particulièrement opaque et dans lequel même un ministre des finances ne retrouverait pas ses petits (un vrai ministre des finances donc, par notre cher Merz qui ne trouve même pas les oeufs de Pâques qui sont sous son nez).

UDC et PDC sont unis d’une même voix: le solaire ne sert à rien, c’est trop cher … et surtout ça ne ramène pas un sou dans les caisses des partis et le porte-monnaie des élus.

Même le Conseil fédéral tombe sous le charme à radiations des électriciens. Il encourage les éoliennes, fixe un prix de rachat de l’électricité produite aux communes qui en installeront,  d’un seul coup se rend compte que ce prix est trop cher et … baisse les tarifs sans aucun avertissement. Une planification de construction d’une éolienne dans ce genre de conditions incertaines de concurrence monopolistique est un casse-tête, voulu par les électriciens et relayé par le gouvernement lui-même, protecteur en diable des lobbies.

Quand donc dans ce pays prendra-t-on conscience que l’Allemagne est plus au Nord que la Suisse et pourtant met le paquet en matière de photovoltaïque. Quand donc dans ce pays les lobbies de profiteurs comme les électriciens cesseront-ils d’avoir une telle influence sur nos politiques. Heureusement que des personnalités comme Yves Christen et Jacques Bourgeois tirent la sonnette d’alarme, notamment au travers de Swissolar.

Un souhait : que leurs appels soient entendus et que les autorités se mettent au vert électrique à fond. Il y a non seulement des économies à faire mais une véritable économie profitable à mettre en place. Certains investisseurs nouveaux ne s’y trompent pas d’ailleurs, puisqu’ils démarchent directement les communes pour tenter de planter une éolienne sur leur territoire, pour pas cher … évidemment et pour leur propre profit.