Une récente étude met en lumière la relation entre la taille des messages envoyés et l'intensité de l'émotion ou du message offert. Appuyée sur l'analyse de grands évènements sociaux, l'étude pourrait s'avérer cruciale dans le développement du microblogging.
Plus le message envoyé est court, plus l'idée partagée est intense. Si, à première vue, cette affirmation peut apparaître contre-intuitive, elle s'inscrit dans la tradition lexicale incarnée par "les mots nous manquent". Dans le cas d'un réseau social comme Twitter, dont le nombre de caractères est strictement limité, l'analyse de la taille et du contenu des messages, en fonction des évènements auxquels ils se rattachent, permet d'offrir une meilleure compréhension des habitudes des utilisateurs, mais aussi d'approfondir l'analyse du phénomène de microblogging. Une étude récemment publiée par l'Université de Saragosse a ainsi cherché à quantifier ce rapport taille-contenu comme un outil afin de comprendre les dynamiques comportementales de masse. Il apparaît ainsi qu'outre l'intensité du message, le volume global de messages influe inversement sur leur taille, ici plus particulièrement les tweets.
Le phénomène moutonnier
Il apparaît ainsi que les réseaux sociaux de microblogging sont particulièrement soumis aux phénomènes moutonniers. En pratique, les chercheurs ont analysé la différence entre le nombre de tweets émis durant une période dite normale en comparaison avec les périodes de fortes concentrations événementielles, comme les élections politiques ou les grands tournois sportifs. Or, s'il apparait que durant les périodes normales les tweets présentent une moyenne comprise en 70 et 120 caractères, cette moyenne s'effondre durant les évènements sociaux. Les facteurs d'explication sont doubles. Ainsi, d'une part, il semble que l'émotion plus intense pousse à écrire des messages plus concentrés, par exemple pour exprimer son accord ou son soutien à une personne en particulier, mais aussi de par le plus grand nombre d'utilisateurs. Et si les utilisateurs constants écrivent des messages plus longs, les utilisateurs occasionnels, ceux qui ne se connectent que lors des évènements sociaux, font montre d'une utilisation nettement plus axée sur le support, et donc moins longue en termes de caractères. Michael Szell, un des trois co-auteurs de l'étude, explique ainsi que ce phénomène n'est pas uniquement lié à Twitter, "Nous avons en moyenne retrouvé cet effet [moutonnier] chaque fois qu'un évènement apparaissait. Et lorsqu'il n'y en avait pas nous ne l'avons pas observé."
Une utilisation différenciée
Les résultats avancés par cette étude rappellent ainsi que sur un même réseau social les approches peuvent être extrêmement différentes. Devant l'arrivée massive de tweets courts de support durant les évènements sociaux, il apparaît que nombre d'utilisateurs courants se trouvent frustrés. C'est justement cette frustration devant le flot de message qui pousse les utilisateurs courants à réduire la taille de leur message tout en en envoyant plus afin de maintenir leur taux de visibilité. Sébastian Grauwin, co-auteur, a ainsi mis en avant un "index de frustration" parmi certain des utilisateurs devant la limitation du nombre de caractères. D'un point de vue plus large c'est ainsi un nouveau marché qui semble apparaitre dans le secteur du microblogging et des réseaux sociaux en général, à savoir celui d'une différenciation dans l'approche des messages selon le but poursuivi. Ainsi si la limite de 140 caractères apparait très élevée pour de simples messages de soutien, elle est cependant extrêmement handicapante pour la minorité d'utilisateur qui souhaite entrer dans une dimension explicative. Phénomène qui se retrouve par ailleurs dans la capacité des utilisateurs à discuter entre eux de sujets polémiques, notamment dans le cas d'évènements comme les élections.