Je viens d’achever la lecture de La Planète des Singes de Pierre Boulle.
Tout le monde connaît les films tirés de ce roman. Ils sont même devenus plus célèbres et notoires que le livre. C’est précisément pour cette raison que j’ai décidé de me lancer dans la lecture du plus célèbre ouvrage de Pierre Boulle (qui a aussi écrit Le Pont de la rivière Kwaï, adapté également au cinéma pour devenir un grand classique, remportant sept Oscars, dont celui du meilleur film, en 1958).
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Une histoire originale, écrite dans un beau français
Je voulais donc savoir quelle œuvre se cachait derrière les superproductions hollywoodiennes dont je devinais l’éloignement par rapport à l’œuvre originelle.
Le roman est relativement court, écrit dans un très beau français et le style de l’auteur est simple et limpide. Le roman relate les aventures d’Ulysse Mérou (on notera la portée symbolique du prénom du héros), journaliste embarqué dans une expédition scientifique sur une planète près de Bételgeuse, nommée Soror (sœur en latin), une planète habitée par des singes ayant atteint un degré de civilisation remarquable tandis que les hommes sont à l’état animal.
Ulysse et ses compagnons entrent en contact avec les tribus humaines dès leur arrivée et vivent avec eux quelques jours. Ils sont ensuite pris en chasse par les singes qui capturent les hommes à des fins scientifiques. Ulysse est séparé de ses compagnons et emmené en captivé par les singes. Il est conduit dans un centre de recherches où il devient un sujet d’expériences, comme tous les autres humains capturés. Peu à peu il réussit à démontrer aux singes qu’il n’est pas comme ses congénères et parvient à entrer en contact et communiquer avec les primates. Il découvre alors la civilisation simienne et devient un enjeu scientifique et politique pour la société des singes. Les primates sont émerveillés et apeurés par cet homme venu de l’espace et appartenant à une civilisation qui leur est supérieure…
Le traitement de l’altérité et de la définition de l’humanité
Le roman se lit très rapidement et facilement, l’histoire est rythmée et très plaisante. Pierre Boulle aborde de manière très pertinente le thème de l’altérité dans la comparaison homme/singe avec cette question sous-jacente fondamentale : qu’est-ce qu’un homme ? A partir de quand devient-on homme ? Lorsqu’on a conscience de soi-même, lorsqu’on maîtrise le langage articulé, lorsqu’on a la capacité de parler, d’apprendre mais que l’on ne l’utilise pas ? Toutes ces questions sont soulevées sans que l’on puisse apporter de réponse.
Ces questions m’ont rappelé les récits que j’ai pu lire sur les « enfants sauvages » comme Victor de l’Aveyron ou même Caspar Hauser. Ces individus, recueillis à l’adolescence, se comportent comme des animaux, incapables de parler, de vivre en société et ayant grandi probablement seuls dans la forêt, sans aucun contact humain. Le cas des enfants sauvages montre l‘importance cruciale de la culture dans son sens le plus large et l’éducation dès le plus jeune âge des enfants par des adultes. Ces enfants nous posent indirectement cette angoissante question : sans le savoir accumulé par ses ancêtres et transmis de génération en génération, l’homme n’est-il qu’un animal parmi les autres ? Pierre Boulle n’apporte pas de réponse, il laisse le lecteur réfléchir sérieusement à cette question.
Les adaptations cinématographiques
De toutes les adaptations cinématographiques, c’est celle de Tim Burton en 2001 qui est la plus proche du roman, bien que le film ne soit pas une grande réussite. La première adaptation avec Charlton Heston en 1968 reprend au début tout à fait l’esprit du roman et les principaux ressorts de l’intrigue pour ensuite s’éloigner complètement du récit de Pierre Boulle. La mythique scène finale (qui m’avait énormément frappée lorsque j’avais vu le film enfant) apporte un autre éclairage à l’œuvre sans remettre en cause la vision de Pierre Boulle et sa réflexion.
La dernière adaptation en date, La Planète des Singes les Origines, sorti en 2011, est selon moi une vraie réussite. Même si le film est très éloigné du roman, cette dernière adaptation est celle qui aborde le mieux le thème de l’altérité et de l’humanité des singes et, preuve de la richesse de l’œuvre originelle, Pierre Boulle abordait déjà le thème de l’effondrement de la civilisation humaine au profit de l’émergence des primates.
Enfin, en lisant ce livre, on ne boude pas son plaisir en pensant que l’auteur est français, un des très rares auteurs français de science-fiction et un des rares auteurs français à être mondialement connus.
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