La troisième ronde des préliminaires de la 18e édition des Francouvertes aura lieu ce soir. Durant sept semaines, trois candidats participent au concours-vitrine chaque lundi. Les vainqueurs des préliminaires remporteront une place en demi-finale où ils tenteront d’atteindre la grande finale, le 12 mai prochain. Près de 120 000 $ en bourses et en prix seront remis aux participants. Feu à volonté vous présente chaque lundi vos trois candidats du jour. Cette semaine, Matt Tomlinson, Joëlle Saint-Pierre et Michel Robichaud tenteront de gagner vos oreilles et celles des juges.
Matt Tomlinson
Photo : Adam Biehler
« Je fais du indie folk. C’est planant, c’est lucide, c’est cru et raffiné à la fois… »
Les Francouvertes, ça représente quoi pour toi?
C’est juste vraiment une belle opportunité de faire mes chansons en français. C’est un grand plaisir. Je travaille sur un album présentement et j’ai donc beaucoup de nouveau stock. C’est un risque pour moi de faire de la musique en français. J’ai toujours aimé apprendre le français j’ai toujours parlé en français même quand je n’étais pas capable de le parler comme il faut. Je me suis toujours présenté comme un gentil monsieur avec des origines mystérieuses qui parle drôlement. J’ai charmé le monde d’ici comme ça. C’est grâce aux Montréalais, en travaillant dans les restos et les cafés, que je parle français. J’ai une facilité à le parler, j’ai un cœur latin, mais pour écrire des chansons en français c’est difficile parce que je n’ai pas de formation en français. J’ai travaillé sur ma diction avec un coach. Il faut trouver un équilibre entre les accents pour que ce soit authentique pour moi. Je suis fier d’arriver à ce point-là, ce concours-là. Je voulais être accepté et connecter avec les gens d’ici et ma musique en français, aujourd’hui, ce n’est pas juste la musique d’un anglais qui essaye de chanter en français.
Qu’est-ce qui te différencie des autres candidats?
J’ai une sensibilité à la langue que j’ai aussi avec les gens. Je suis capable d’entrer en contact direct avec le public pour un partage, une générosité, une transparence émotionnelle et une clarté émotionnelle. C’est un contact personnel. C’est du one on one avec chacune des personnes dans le public. Je veux donner quelque chose au monde.
Pourquoi à ton avis, mériterais-tu ta place en finale?
Je pense que j’ai tout ce qu’il faut. J’ai la bonne musique, les bons textes, un son unique. Je ne manque de rien. Je suis mon propre chemin je suis né pour faire ça. J’ai un excellent band et j’ai un grand plaisir sur scène. Mon but c’est de m’amuser le plus possible. Je n’ai pas limites.
Qu’est-ce qui est le plus difficile selon toi dans le cheminement vers le succès musical?
Il y a beaucoup d’aspects difficiles dans les arts en général pour les débutants. Il faut beaucoup d’énergie et de temps et un réseau. Les gens se connaissent et il y a des cliques. C’est difficile de cogner à la bonne porte. Tu apprends à recevoir les «non» de tout le monde en souriant. Tu ne dois pas les absorber et tu dois trouver une façon d’obliger les gens à dire oui. Tout le monde a un potentiel et il est difficile d’essuyer les refus, mais il faut apprendre à essayer de prouver aux gens qui t’ont dit non qu’ils ont eu tort. Tu peux toujours retravailler tes choses. Il n’est jamais trop tard pour une nouvelle histoire.
Un artiste que tu aimerais nous faire découvrir et pourquoi?
J’adore cette question. C’est dans l’esprit de l’événement. Je dirais, mon ami Arctic Hearts. Un gars de Winnipeg. Il travaille sur un album en ce moment à Montréal.
L’artiste auquel tu t’identifies le plus?
Le Brésilien Caetano Veloso et Fleet Foxes. Fleet Foxes c’est presque religieux pour moi. Chaque chanson est joyeuse même la plus mélancolique. C’est fucking joyeux de A à Z. Ça élève mon esprit.
Le premier disque que tu as acheté?
Ziggy Stardust de David Bowie.
Si tu pouvais être un instrument de musique ce serait lequel et pourquoi?
La viole de gambe. Parce que c’est un instrument qui ressemble à la voix humaine. C’est l’ancêtre du violoncelle. C’est se beau. Dans le film Tous les matins du monde, on entend cette musique. C’est magnifique.
Joëlle Saint-Pierre
Photo : Courtoisie
« Ultimement, ce que je fais, c’est de la chanson. Un texte une mélodie, un accompagnement. Les chansons se tiennent nues, sans artifices. J’ai des influences classique et pop, d’autres trucs plus weird aussi… »
Les Francouvertes, ça représente quoi pour toi?
Pour moi c’est une belle vitrine. Comme concours c’est intéressant parce qu’il encourage et soutient le plus possible tous les participants. En même temps, c’est un concours un peu ingrat à cause de sa diversité. À un moment donné, c’est tellement difficile de comparer des oranges pis des patates, mais, en même temps, ca prend des comparaisons…
Qu’est-ce qui te différencie des autres candidats?
Je pense que chacun a sa personnalité. Moi le vibraphone me distingue. Je m’en sers beaucoup. Sinon, je travaille des textes avec Catherine Allard et Stéphane Robitaille, donc beaucoup de mon travail provient d’idées mijotées à trois. J’ai un avis extérieur.
Pourquoi à ton avis, mériterais-tu ta place en finale?
C’est un peu délicat comme question. Je n’aime vraiment pas ça me vendre. Je pense qu’il y a plusieurs de shows que je vais aimer. J’aime ça quand les artistes que j’aime ont du succès, alors je ne veux pas me prononcer sur les noms de ceux qui devraient être en finale.
Qu’est-ce qui est le plus difficile selon toi dans le cheminement vers le succès musical?
Il y a beaucoup de gens qui font des trucs cool et il y en a beaucoup qui font des chansons tout court. Il n’y a pas beaucoup de demande pour toute cette offre. Les cachets sont peu élevés. Les conditions ont déjà été meilleures. Financièrement, de survivre dans ce milieu c’est très difficile et c’est assez généralisé.
Un artiste que tu aimerais nous faire découvrir et pourquoi?
Stéphane Robitaille. On écrit des trucs ensemble. C’est un bon showman et un bon auteur. Ce n’est pas quelqu’un qui se vend et qui veut rentrer dans la game.
L’artiste auquel tu t’identifies le plus?
Urbain Desbois, Keith Kouna. Mais j’écoute peu de musique. Je suis fan du silence.
Le premier disque que tu as acheté?
L’album bleu de Weezer. C’est le premier disque qui m’a fait dire : wow c’est cool la musique.
Si tu pouvais être un instrument de musique ce serait lequel et pourquoi?
Une chorale. Je trouve toujours ça magique. C’est super touchant parce que c’est beaucoup de monde à la fois. C’est humain.
Michel Robichaud
Photo : Sylvie Bellay
« On s’en va dans plusieurs styles. Nous avons donc appelé ça du progressif-populo-folk-sympathique. Un mélange de tout ça. Guitare violon piano. Et on est drôles aussi. »
Les Francouvertes, ça représente quoi pour toi?
Pour moi c’est sur le parcours. C’est un passage obligé. C’est une opportunité. On n’a pas encore fait de spectacle à Montréal. On vient des Laurentides. Ça fait une quarantaine de fois qu’on joue le show. On a enregistré un album. On fait les Francouvertes pour se faire plaisir.
Qu’est-ce qui te différencie des autres candidats?
Je ne sais pas si j’ai été choisi parce que je suis spécial. L’espèce de côté humoristique pas trop sérieux, mais fait de façon sérieuse quand même est un atout. On travaille bien, mais on y va naïvement comme des enfants.
Pourquoi à ton avis, mériterais-tu ta place en finale?
Parce que j’aimerais ça faire deux spectacles de plus. Ça donne trois fois plus de visibilité. On dirait que j’ai de la difficulté à imaginer ça. Je suis habitué à réaliser les choses vraiment à la dernière minute. Le stress vs probablement embarquer 15 minutes avant le show.
Qu’est-ce qui est le plus difficile selon toi dans le cheminement vers le succès musical?
Personnellement, la rigueur. On travaille de plus en plus fort. On ne peut pas arriver avec un show à moitié préparé. J’ai commencé à faire des concours l’année passée. Ceux qu’on a faits, on les a gagnés. On ne connait pas encore le côté ardu du chemin. On a monté un show qui va bien. On n’est pas encore rendus au moment ou ça va être dur. En ce moment on est sur une lancée où on voudrait tout lâcher pour ne faire que ça. C’est peut-être notre plus grosse embûche.
Un artiste que tu aimerais nous faire découvrir et pourquoi?
J’aime Foreign Diplomats. C’est une gang des Laurentides. Ils font de l’alternatif rock, C’est excellent et ils sont encore très jeunes donc je crois qu’ils auront un bel avenir.
L’artiste auquel tu t’identifies le plus?
John Butler.
Le premier disque que tu as acheté?
François Pérusse, L’album du peuple Tome 2. Je n’étais pas très «musique» à l’adolescence.
Si tu pouvais être un instrument de musique ce serait lequel et pourquoi?
La harpe. C’est tellement rempli de tendresse. Je pense que je suis un joueur de harpe qui n’a jamais touché à une harpe.