Du 5 mars au 19 mai 2014 le Musée des Arts décoratifs de Bordeaux présente une exposition intitulée : De l’intime Ou l’art de vivre au quotidien aux XVIIIe et XIXe siècles.
« Le musée des Arts décoratifs de Bordeaux a (re-)découvert dans ses réserves de nombreux documents et objets témoignant de la vie quotidienne aux XVIIIe et XIXe siècles. Qu’ils aient appartenu à des anonymes ou aux descendants des Bourbons, ces accessoires de costume, lettres, carnets de bal, jouets, bijoux, et autres petits ouvrages nous proposent une incursion dans l’intimité des foyers de l’époque : on imagine une femme élégante, assise à sa toilette, une fillette jouant à la dînette et un jeune homme choisissant l’épingle qu’il piquera dans sa cravate de soie. Ce quotidien est marqué par des objets qui sont à la fois le reflet de goûts personnels et les supports d’expression de codes fixés par des groupes sociaux en matière de mode, de mœurs, de comportements. C’est à cette frontière entre ce que l’on est et ce que l’on doit paraître que se situe le périmètre de l’intime à l’époque. Au sens où l’entend le XVIIIe siècle, [...]
À l’occasion de cette exposition, cent cinquante objets habituellement conservés dans les réserves seront présentés au public. Ils y côtoieront des œuvres prêtées par le musée d’Aquitaine et le musée Goupil. [...]
En 2009-2010, le musée national Magnin de Dijon avait magnifiquement démontré, avec son exposition Les heures du jour, de quelle manière cette conception alors inédite de l’intimité se traduisait aux XVIIIe et XIXe siècles par une nouvelle manière de penser l’espace d’habitation et d’organiser son temps à travers des rituels quotidiens (le lever, la toilette, le repas, la lecture, l’éducation, le jeu, etc. jusqu’au coucher). Le musée des Arts Décoratifs de Lyon, quant à lui, met en scène ses collections en racontant « l’emploi du temps » idéal d’une famille sous l’Ancien Régime dans un très charmant ouvrage intitulé Parfum de XVIIIe. Loin d’être exhaustive, l’évocation de ces travaux nous montre cependant à quel point l’objet, le mobilier et l’architecture intérieure, sont des clefs pour mieux cerner cette frontière, mouvante et instable, où se joue l’intimité des familles. »
« Ainsi, dès le règne de Louis XV, la taille des pièces diminue et ce n’est pas anodin. Elles sont ainsi plus nombreuses, ce qui permet de conférer un rôle précis (public ou privé) à chaque espace : la salle à manger, la bibliothèque, le bureau, la chambre à coucher, le boudoir, etc. La délimitation entre les appartements de réception et les appartements dits de commodités devient plus nette : la chambre, dans laquelle on recevait, on mangeait (parfois en public), perd peu à peu son rôle d’espace de représentation et de sociabilité. Afin de s’adapter à ces changements, les meubles se combinent et prennent eux aussi moins de place : les tables d’écriture font office de table de toilette, les scribans rassemblent en un seul meuble une bibliothèque, un bureau et une commode, etc. Fermant à clef afin de ranger des documents importants, ils peuvent dissimuler des « secrets », petits casiers ou tiroirs actionnés par un mécanisme. L’extérieur du meuble est toujours décoré de manière ostentatoire (marqueterie, dorures) alors que l’intérieur ou certaines parties seulement visibles pour l’utilisateur sont souvent simplement traités en bois brut ou présentent une décoration plus sobre, plus personnelle. »
Photographies de dessous : « Boucle de soulier. Argent et pierres blanches. France, XVIIIe siècle. © Mairie de Bordeaux. Photo L.Gauthier. »