Opposé à la Juventus à San Siro, l’AC Milan a subi une des lois non écrites du football : si tu ne la mets pas au fond, tu finis toujours par le payer. Avec un soupçon de chance, la Juve a donné une leçon de réalisme à un Milan trop peu concret. Le score final (0-2) ne reflète pas le déroulement de la rencontre qui a vu les Rossoneri jouer avec la bonne mentalité, la détermination, l’envie d’imposer son jeu et gagner. L’équipe de Seedorf a dominé (59% de possession de balle), a énormément créé (23 tirs à 9) mais s’est inclinée. Avec les honneurs.
Tout comme face à l’Atletico Madrid, Milan a perdu mais a montré, à quelques détails près, pouvoir rivaliser avec les meilleurs. Les prestations positives s’enchainent, pas encore les résultats (ni les buts). L’équipe de Seedorf est cependant sur la bonne voie. Les chiffres déjà cités plus haut le prouvent. C’est un Milan convaincant mais non concluant. La roue finira par tourner. Cela ne peut pas en être autrement lorsqu’on joue avec détermination, avec la rage de vaincre. Après avoir fait peur à la Juve en dominant toute la première mi-temps, le but de Llorente juste avant la pause s’est révélé fatal (au même moment Conte disait « Tenez bon le 0-0 jusqu’à la mi-temps! » , véridique). La moindre erreurs défensive coule toute l’équipe…
Les Rossoneri ne se sont pas décomposés et ont continué à créer des occasions en deuxième mi-temps, en vain. Forte de son avance, la Juventus a pu gérer plus sereinement la rencontre. Au fil du temps, l’équipe de Seedorf a commencé à accuser la fatigue après 60 minutes très intenses. La sortie de Poli (blessé à la tête et remplacé par Saponara), très maladroit face à Buffon mais incontournable tactiquement notamment avec son pressing efficace sur Pirlo qui a enrayé tout le jeu de la Juve, a précipité les choses. Jusqu’au coup de fuoriclasse de Tevez (servi par Pirlo peu pressé par Saponara…) qui a définitivement achevé la rencontre. Le réalisme des grandes équipes… capables de souffrir, résister et de frapper au bon moment.
Tout l’inverse de Milan, qui vit un moment encourageant mais cruel : les Rossoneri jouent bien, les adversaires gagnent. Malheureusement ils pèchent en finition et la défense fini toujours par craquer. Ils peuvent garder la tête haute, ils sont félicités par les adversaires (au passage, match très fair play, ça fait plaisir), applaudis par les tifosi mais au final ils restent les perdants. Bravo à Seedorf et aux joueurs, ils ne méritaient pas de perdre mais c’est le football. Avec ce genre de de prestation, tôt ou tard les résultats tomberont. Rome ne s’est pas faite en un jour. Et Milan revient de loin.
Il y a quelques semaines, une équipe à la dérive encaissait 4 buts de Sassuolo, qui a ensuite perdu les 7 matches successifs!!! Depuis la secousse Allegri et l’arrivée de Seedorf, l’équipe a montré des progrès constants sur le plan technique, mental, tactique et peut-être même physique (mais elle ne tient toujours pas 90 minutes). Les résultats ne sont pas exceptionnels mais se sont améliorés (13 points en 7 matches). Les progrès les plus impressionnants se situent au niveau du jeu et de l’attitude.
L’AC Milan a d’abord rivalisé avec l’Atletico Madrid qui joue le titre en Liga face à Barcelone et Real Madrid. Ensuite avec la Juventus qui domine l’Italie et compte le double de points. A travers du beau football et la volonté d’imposer son jeu, Milan a mis ces deux adversaires redoutables, nettement supérieurs sur le plan collectif (bien huilés) en grande difficulté avant malheureusement d’être rattrapé par des lacunes profondes (l’effectif…) et de capituler, non sans s’être battu avec courage.
La qualité des joueurs est ce qu’elle est et continuera à influencer négativement les prochains résultats mais les Rossoneri donnent tout sur la pelouse et continuent à montrer des progrès encourageants pour le futur. Peu à peu, Milan a trouvé son équilibre et gagne en confiance. Malgré les défaites, ce Milan est difficilement critiquable. Cette période doit servir à Seedorf à se forger comme entraineur, affiner ses idées, détecter les lacunes et choisir les joueurs sur lesquels compter la saison prochaine : tout cela pour agir en conséquence durant le mercato d’été. Car pour espérer un saut de qualité, Milan devra obligatoirement engager quelques joueurs.
Avant cela, il faudra continuer à progresser à travers le collectif pour créer la base de la saison prochaine. Ces prestations sont des étapes d’un parcours de croissance, qu’il faut affronter avec le travail et la patience. L‘AC Milan reste une nouvelle fois les mains vide mais est sur la bonne voie. Indiscutablement.