Je n'ai cependant pas coupé totalement toute activité sportive et trottinante depuis mon retour du Tchad. Un entraînement léger me parait opportun dans ces cas là. Comme j'ai décidé de rester tranquille à Poitiers ces prochains jours, jusqu'à la course des 1000 marches à laquelle je suis convié, je profite de mon séjour poitevin pour courir avec mes amis Alexandre, qui prépare actuellement le marathon de Paris et Widy. De bons petits footing à un rythme bien raisonnable, à travers les chemins et les pentes de la cité. Alexandre nous ayant proposé de courir les 20 kilomètres organisés à Mirebeau ce dimanche, Widy et moi avons décidé de l'accompagner. Une petite course sur route, dans la campagne, sans pression et avec juste l'idée de tester ma forme, ça ne peut guère me faire de mal et puis je me sens déjà moins fatigué.
Ce dimanche matin, nous roulons donc tous les trois vers Mirebeau, un bourg fortifié construit sur une hauteur, dans la plaine du Haut-Poitou qui s'étend au nord de Poitiers, à une trentaine de kilomètre de la ville. Les 20 kilomètres du Haut-Poitou, c'est une course sur route, un peu à l'ancienne. Un parcours simple, deux fois 10 kilomètres (il y a aussi une course sur cette distance là) tracé dans la campagne autour du bourg, un chronomètre, quelques officiels, quelques bénévoles, et un prix d'inscription tout à fait modique: 4 €! Pour cela, on est plutôt bien accueilli: après avoir pris nos dossards, nous avons droit à un café et quelques gâteaux pour compléter le petit-déjeuner et surtout nous réchauffer car si le ciel est bleu, on ne peut pas dire que le soleil réchauffe beaucoup l'atmosphère: -1° au thermomètre.
Nous nous échauffons donc un peu, tout en saluant quelques connaissances. Environ 250 coureurs participent tout de même. Il fait juste un peu plus chaud quand nous nous rangeons derrière la ligne de départ. Je n'ai pas d'autre objectif que de tester mes sensations, en espérant qu'elles soient un peu moins mauvaises que ces derniers temps.
Le premier kilomètre est presque tout en descente, ce qui fait que tout le monde, moi compris, part relativement vite. Comme je l'espérais, les sensations ne sont pas si mauvaises et je me surprends même à pouvoir suivre un rythme correct. Bien sûr, je laisse filer les quelques bons spécialistes locaux, dont certains disputent les 10 kilomètres qui partent en même temps, mais je me retrouve tout de même bien placé et à un bon 16 km/h.
Le parcours, pas splendide mais pas désagréable, décrit une boucle bien vallonnée dans la campagne. C'est bien moins plat qu'il n'y parait puisque les 20 kilomètres révéleront après coup 250 mètres de dénivelé positif. On traverse un ou deux hameaux, le reste se passe entre champs et bois.
Cela dit, je ne regarde pas tant que ça le paysage car comme je me sens finalement assez bien, j'essaie de me concentrer sur mon effort et de ne pas perdre trop de terrain sur les coureurs qui m'accompagnent. La deuxième partie du parcours nous fait prendre un long faux plat, bien venté, puis une grande côte nous ramène sur le centre bourg dans le dernier kilomètre. Pour une fois, je cours avec une montre GPS (le Tom Tom runner, qui me semble simple et pratique d'utilisation) qui m'indique ma moyenne au kilomètre: je faiblis certes à partir du 5e kilomètre (où, c'est vrai, je suis un peu en surrégime... il n'y a pas de miracle non plus) mais c'est aussi dû à la topologie du circuit et rien de catastrophique: je maintiens ma position même si les deux coureurs devant moi se détachent un peu. Je pense même, à les voir accélérer, qu'ils disputent le 10 kilomètres et en terminent.
Mais non, après le premier passage sur la ligne, ils continuent leurs courses également. Qu'importe après tout, je suis déjà content de ne pas être complètement cuit et de sentir que je peux faire un deuxième tour sans doute à une allure correcte. Je passe en 38' et quelques secondes aux dix kilomètres. Ce n'est certes pas bien rapide, mais le parcours est tout de même difficile pour un 20 km route.
Je profite du profil descendant du début de la boucle (nous parcourons donc deux fois les mêmes 10 kilomètres, ce que j'ai trouvé finalement plutôt agréable hier: un premier tour de "repérage", un deuxième en connaissance de cause) pour me relaxer et regagner quelques secondes sur mon allure moyenne (je jette tout de même quelques coups d'oeil à mon Tom Tom).
Un coureur revient cependant à bonne allure sur moi: il s'agit de mon ami Widy, qui semble en bonne forme aujourd'hui. Il ne s'entraîne pas trop fort en ce moment et peut-être que cette fraîcheur lui fait également du bien. Toujours est il que, dread locks au vent, Widy me dépasse à l'approche du 12e kilomètre. Comme je ne suis pas en trop mauvaise forme et que je commence sérieusement, malgré mes craintes et ma volonté au départ de ne pas trop forcer, à me prendre au jeu, je décide d'accrocher sa foulée puissante.
Nous revenons assez vite sur les deux coureurs qui nous précèdent et juste avant le 15e kilomètre, face au vent, j'essaie d'accélérer un peu pour finir de les rattraper. En quelques hectomètres, c'est fait mais je réalise vite que je ne peux tenir ce nouveau rythme bien longtemps. Widy et un des deux autres (Thierry Rousseau, un vétéran également qui conserve un bon niveau) me rejoignent vite et me reprennent même quelques mètres.
Mais je suis décidé à courir jusqu'au bout, cette fois. Je les rejoins et nous abordons tous ensemble la dernière pente. Je la monte au train et seul Widy m'emboîte le pas. Comme il reste encore un kilomètre à travers les pavés du bourg avant de terminer, nous ne traînons pas pour ne plus être rattrapés. A l'entrée de la côte, un spectateur m'avait appris que nous étions 3e,4e et 5e de la course, une petite motivation supplémentaire. D'ailleurs le second n'est pas bien loin devant, nous l'apercevions au bout d'une longue ligne droite.
Avec Widy, nous décidons de ne pas sprinter et d'arriver ensemble. Le chrono indique 1h17'55 mais nous seront finalement classer 3e et 4e en 1h18'01 et 02'', ce qui est un peu idiot puisque nous franchissons de concert la ligne d'arrivée, mais enfin...
Une fois la ligne franchie, il est temps, avec Alexandre arrivé quelques minutes après nous, de nous remettre des vêtements chauds sur le paletot, car bien que le soleil brille franchement sur le Haut-Poitou ce dimanche et que la température fut bien agréable pour courir, on se refroidit vite lorsqu'on ne fait plus marcher que ses machoires en discussion et ravitaillement. Discussions qui se poursuivront agréablement pour terminer cette agréable matinée.
Ma performance du jour reste tout à fait relative mais elle me rassure un peu quant à mes capacités et j'y vois un bon signe: le repos soigne ma fatigue! Même si ça ne m'explique pas totalement mon manque de forme de ces dernières semaines, je pense que le surmenage n'était sans doute pas loin et j'espère que ces 20 kilomètres poitevins inaugure une nouvelle période de meilleure forme! Je verrai bien, mais en tous cas cette course toute simple était un bon petit moment de course à pied comme je continue aussi à les apprécier.
Le gang des chevelus... Photo: F. Giraud/ Endurance Shop Poitiers.