PAR BERNARD VASSOR
C'est en 1843, qu'apparut pour la première fois le mot Minstrel's, avec la représentation à New-York d'un quatuor blanc qui s'intitulait, "Virginia Minsterl's", grimés et caricaturés en homme noir. Ces spectacles étaient surtout destiné à une clientèle blanche, séparée bien sûr.
Avant le premier spectacle à N.Y., il existait déjà depuis 1820 des troupes itinérantes, singeant les danses et chants des esclaves. La musique n'avait qu'un très lointain rapport avec "
les chants de travail"du sud de l'Amérique. Ce n'est que vers 1860, que l'on vit des troupes noires de Minstrel's.
Spectacle en 1850,
29 rue Cadet, avant le percement de la rue La Fayette. A cet emplacement, le photographe
Pierre Petit y établit plus tard son immense atelier de photographie. C'était depuis le XVIIIè siècle une guinguette située "
hors les barrières" où "
les gens du peuple viennent se réjouir, les dimanches et fêtes*"
C'est grâce à mon ami
Gérard Comte, aujourd'hui disparu (historien du jazz, et du treizième arrondissement) qui m'a donné ces affiches. C'est ainsi que j'ai pu découvrir que le premier spectacle de Minstrel's eut lieu à Paris en 1850. Nous n'avons pas d'indications (pour le moment) sur la durée du spectacle, ni sur le succès remporté...
Toujours est-il qu'il fallut attendre les années 1890 pour assister dans de grandes salles parisiennes :
L'Eden-Théâtre, et
les Folies Bergères, à des représentations au goût douteux. Sur Cette affiche, il est fait allusion à une jeune femme sud-africaine
Saartjie (Sarah) Baartman , surnommée "
La Vénus Hottentote" qui fut une des histoires les plus révoltantes, qui n'est pas à mettre au crédit des spectateurs, et des scientifiques qui exploitèrent "
ce filon". Saartjie, comme beaucoup de membres de sa tribu des Bushmens, était atteinte de
stéatopygie marquée, spectaculaire accumulation graisseuse sur les fesses, et une macronymphie, hypertrophie exceptionnelle des petites lèvres de la vulve, qui fut rapidement appelée « le tablier des Hottentotes » et fit couler beaucoup d’encre du 18e au 19e siècle. Elle alla travailler au Cap cher un certain Peter Cezar. Celui-ci la conduisit à Londres et commença à l'exhiber, enfermée dans une cage,, tenue en laisse. On lui ordonnait d'avancer et de reculer. Après un procès intenté par une association africaine de Londres, nous la retrouvons à Paris vers 1814 chez un montreur d'ours. A la demande de Geoffroy Saint Hilaire, elle fut l'objet d'un examen approfondi de Cuvier. Un an plus tard, elle mourut des suites d'une maladie dont nous ignorons la cause. Cuvier publia une communication intitulée :
« Observations sur le cadavre d’une femme connue à Paris sous le nom de Vénus hottentote", soutenant ainsi la thèse apportant la preuve de l'infériorité de certaines races, comparant ces tribus à des singes condamnés à "une certaine infériorité". Le squelette et un moulage en plâtre fut exposé au Musée de l'Homme à Paris. Après bien des péripéties, ce ne fut qu'en 2002 que le corps de la pauvre "Sarah" fut rendu à sa tribu en Afrique du sud.
*Almanach du voyageur 1781.
MISE A JOUR LE 3.03.2014