Énergie, climat : florilège des illusions dont nous sommes victimes

Publié le 03 mars 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Thierry Levent.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Florilèges des illusions et désillusions dont nous sommes les victimes plus ou moins consentantes.

Le flop du modèle allemand qu’il faut imiter

La transition énergétique allemande tant vantée vire au cauchemar financier et écologique. Même les conseillers d’Angela Merkel veulent abroger la loi EEG aux motifs de l’absence d’impact climatique, de perte de compétitivité économique et d’innovations technologiques discrètes.

Il n’est plus possible que nos responsables politiques ne tiennent pas compte rapidement des  évaluations convergentes confirmant l’impasse d’une transition énergétique plus idéologique que pragmatique. Il est sidérant de constater que les déboires de nos voisins d’outre-Rhin ne semblent pas intégrés dans la réflexion nationale. Notre ministre de l’écologie persiste et signe. La tambouille électoraliste l’emporte sur le pragmatisme encore une fois.

Une délégation de pouvoir dangereuse mais réversible

« La force du raisonnement scientifique et l’importance de l’expérience sont désormais reléguées à l’arrière plan. L’avènement du sophisme caractérise notre époque : ce qui compte n’est pas de dire le vrai mais de convaincre. » Paul Watson, co-fondateur de Greenpeace, ONG climato-catastrophiste moralisante, ne disait pas autre chose : «Ce qui est la vérité n’a pas d’importance. Seul compte ce que les gens pensent être la vérité« . (Magazine Forbes, Novembre 1991).

Objectif atteint. La rhétorique de la peur, la désinformation, la couardise politique face à ce qui semble être l’opinion du moment ont ouvert un boulevard aux virtuoses du sophisme (raisonnement qui masque sa fausseté sous une apparence illusoire de vérité). Ces derniers ont momentanément gagnés la partie. À l’occasion du Grenelle de l’environnement et de l’élaboration d’une stratégie concernant la transition énergétique, l’État a transmis sa légitimité à des ONG environnementales sans légitimité démocratique, ne représentant qu’elles mêmes mais occupant le terrain médiatique1. Conséquence, une association comme Nord-Nature-Environnement a porte ouverte dans l’élaboration du plan Climat Énergie et du Schéma régional Climat Air Énergie de la région du Nord-Pas de Calais. En ramenant son nombre d’adhérents au nombre d’habitants, sa représentativité est inférieure à 0,5% !

Sentant le vent tourner devant les difficultés et contre-performances qui s’accumulent, les principales et inévitables ONG environnementales ayant pignon sur rue à coup de subventions d’argent public, nous présentent leur « vrai projet de loi » sur la transition énergétique telle qu’elles l’imagine. Soyons inquiet, il s’agit d’un copié-collé de ce qui se fait en Allemagne avec le succès que l’on sait !

Des lanceurs d’alerte à l’indignation sélective

La tendance actuelle est de sacraliser les « lanceurs d’alerte », écolo-compatibles de préférence qui s’apparentent plus à des fanatiques de l’application du principe de précaution qu’à des grands visionnaires. Les ondes maléfiques, les OGM, les nanotechnologies et le climat doivent déclencher un tsunami d’indignations tant leurs dangers semblent être patent. Sauf que la véritable urgence française n’est pas climatique mais bien sociale. Sous les injonctions des lobbys écologistes de toutes natures, dilapider des centaines de millions d’euros pour espérer réduire de quelques PPM de CO2 notre environnement gazeux devient délirant et pour tout dire catastrophique. Tout ceci avec l‘argent du contribuable sans qu’à aucun moment ne soit envisagée la possibilité de rendre des comptes. La courbe ascendante du chômage flirte dangereusement avec celle des désordres sociaux. Les manifestations récentes contre le mariage pour tous risquent fort de ressembler à une fête de bisounours.

La nature conspire conte les modélisations du GIEC

Contre toute attente savamment entretenue, la température globale terrestre n’augmente plus depuis 15 ans plongeant dans un état stuporeux parfois agressif les tenants virulents du dogme du réchauffement climatique d’origine anthropique. Les modélisateurs explorent frénétiquement toutes les pistes imaginables au sein d’un concours Lépine 2014  du « rattrapage » de branche. Toujours est-il qu’il y a une pause, on ne sait pas pourquoi, mais on est certain que ça va repartir, en ne sachant toujours pas pourquoi…

Publier n’est pas toujours bien

La publication dans une revue scientifique à comité de lecture n’est pas une garantie absolue de véracité. Séralini, champion toute catégorie des travaux contestés et contestables en est le meilleur exemple. Son étude sur la supposée concérogénèse d’un mais OGM retirée après avoir été publiée dans Food and Chemical Toxicology prouve bien la dérive qui consiste à tenter de conférer un vernis scientifique indiscutable pour faire valoir ses vues. Oui les revues sont truffées de conclusions fausses. Randy Schekman, prix Nobel de médecine en 2013, est en colère contre les éditeurs des revues Cell et Science qu’il juge « abîmer la science » en se préoccupant plus du facteur d’impact de leurs journaux que de la qualité de ce qu’ils publient2. En effet, cet indice est faussé, certains articles peuvent être souvent cités car provocants ou, pire, faux. Les éditeurs orientent donc la recherche. Ce qui se passe en biologie et en médecine peut éventuellement se reproduire en climatologie par exemple…

« Médiacratie, Internetocratie » : les dérives que tout le monde pressent

Internet est un outil formidable, mais il faut lire absolument Gérald Bronner3, pour bien comprendre que le marché de l’information immédiate est un outil à double tranchant. L’accélération et la motivation à communiquer sont un pouvoir majeur que certains ont clairement intégrés dans leur stratégie. « Si vous tapez, « ondes dangers » sur Google, les 30 premiers résultats renvoient à des ONG écologistes, alors que Bouygues Télécom ne parvient pas à être en tête. » Les croyances des « précautionnistes » omniprésentes, suscitent une adhésion inconditionnelle et idéologique. Devant l’illusion d’une majorité virtuelle et dans la course à l’information qui les caractérises, les journalistes sont les victimes d’une structure de situation, le « dilemme du prisonnier » : de peur d’être devancé par un concurrent, le plumitif va faire dans la surenchère aveugle pour s’octroyer le scoop. Les tumeurs médiatiques et dégoutantes murines réservées au seul journal Le Nouvel Observateur en exclusivité en disent long sur le journalisme de connivence qui empoisonne notre démocratie.

Conclusion

Rien n’est simple et bon courage.

  1. Jean de Kervasdoué, Ils ont perdu la raison, Éditions Robert Laffont, 2014.
  2. Un prix Nobel boycotte les grandes revues, Biofutur 351-février 2014. Page 6.
  3. Gérald Bronner, La démocratie des crédules, Éditions PUF, 2013.