Jean Teulé fait partie de mes auteurs préférés. Pas forcément que je trouve qu’il soit le plus doué des auteurs, mais c’est un de ceux que je prends le plus de plaisir à lire. Enfin pas toujours. Plus il est grave, plus je l’aime. Darling m’avait bouleversée. Rainbow pour Rimbaud m’avait remuée. Je, François Villon m’avait aspirée complètement, au point de devoir parfois fermer le livre pour reprendre mon souffle. Et puis, il y a ses livres plus « légers » comme Le Magasin des suicides dont la fin m’avait un peu déçue ou encore Le Montespan, trop encensé à mon gout. Enfin, il y a ses livres qui me déroutent complètement, comme Charly IX que je n’ai pas réussis à finir (du moins, sous sa forme de Roman) ou encore Bord Cadre, qui m’a semblé relever de l’exercice de style à partir d’une idée plutôt sympa mais au traitement décevant et totalement creux. Malheureusement, Fleur de Tonnerre relève plutôt de cette catégorie.
Pourtant l’idée de départ était bonne : raconter l’histoire d’Hélène Jegado, célèbre empoisonneuse bretonne du XIXè siècle. Dès son plus jeune âge, fascinée par l’Ankou, elle prendra son pouvoir et sèmera la mort sur son passage au milieu des soupes d’herbes et autres gâteaux à l’angélique (supplément arsenic inclus). Suivant le chemin de la meurtrière, Jean Teulé essaie de nous dresser un portrait de la Bretagne de l’époque, empreinte de superstition et de rejet de la France, notamment au travers du parcours de deux personnages de perruquiers normand que l’on retrouvera tout au long de l’histoire.
Malheureusement, si l’idée de base était plutôt intéressante, le traitement est une fois encore une énorme déception. Car au lieu de suivre le cheminement de l’empoisonneuse, Jean Teulé se contente de nous décrire ses meurtres les uns après les autres. Au lieu d’une histoire prenante et passionnante, on se retrouve avec un catalogue d’assassinat selon un schéma très classique et répétitif : nouveau logement et nouvel emploi pour Hélène, rapide meurtre (avec une recette qui varie peu) fuite pour un nouveau lieu. Quelques variations très légères permettant parfois quelques incursions dans la vie sentimentale d’Hélène mais rien qui ne permette de s’attacher réellement à ce personnage qu’on ne comprend pas au fond. On s’inquiète rarement de savoir si elle va se faire prendre. D’ailleurs, elle est très rarement en danger. Si l’auteur s’appuie sur une histoire vraie, il aurait pu se permettre quelques libertés sur ce point histoire d’attraper un peu plus son lecteur. D’autant plus que, lorsqu’il décide de romancer un peu, l’histoire décolle complètement. Heureusement, la fin d’Hélène et son explication vient un peu sauver la lecture, enfin, dans ces dernières pages, on comprend ce qu’elle est et pourquoi elle en est arrivée là. Enfin, dans ces dernières pages, on ressent autre chose que de l’agacement à cette meurtrière. Hélas, il est déjà trop tard.
Mélanie