Après un EP disséqué il y a peu sur DODB, New Electric Ride entend parachever ses élans rétros psychédéliques, dans le rituel fatidique qu’est l'album long format. En découle une peinture exubérante aux couleurs chatoyantes, rafraichissante bien que cimentée dans l’imparable spectre de la pop immaculée des 60’s.
S’il était une comparaison dont le groupe ne voudrait pas s'enorgueillir et que nous ne ferons pas c’est celle avec leurs cousins de Temples. Car à bien des degrés les deux divergent sur leur forme bien qu’héritant des mêmes comparatifs les reliant inexorablement aux pontes dont on veut bien les affubler. Des Beatles en passant par les Pretty Things dont l'album S. F. Sorrow empoigne par le bras les londoniens, New Electric Ride se pose comme l’avatar tout désigné d’un espace temporel révolu et pourtant indélébile.
Après une introduction anecdotique, ce premier disque intitulé Balloon Age lâche du lest et emporte nos oreilles via le titre "Marquis De Sade", imprévisible et étayant un peu mieux le panel artistique de la formation originaire de Sunderland. Le songwriting s'épure ainsi au fur et à mesure des morceaux et les harmonies développées deviennent plus claires, les mélodies plus accrocheuses "The Beyond", "From Under Me".
Mais le gros coup de force de ce disque demeure dans le combo "In Chains - Lovers" introduit dans ce LP via 50 secondes de suspension "I Feel So Invited" et qui révèle de nouveau le glam qui sertit si bien par moment le son des anglais. Entre guitares syncopées, triturantes et déchirantes, mellotron poussiéreux et bass gondolante, New Electric Ride décharge du mieux son électricité quand il délaisse sa reverb psychotropique pour renouer avec une onde sonore moins bigarrée, plus percutante et qui laisse respirer les instruments à plein poumons.
On appréciera donc ce Ballon Age pour ce savoir faire déjà affirmé quant à l’exaltation de morceaux à la structure pop bien sucrée mais pour qui le modèle couplet - refrain est à bannir. Portées dans un mouvement perpétuel, les compositions du disque ne semblent jamais marquer de coup d’arrêt, prolongeant le dessein d’un rock opéra, à la fois fabulé et vécu.
On aurait aimé y distinguer "Stone For Stone" présent sur l'EP, pour terminer ce voyage délesté du poids des âges et de la gravité. A défaut on reprendra un peu d'hélium en réécoutant ce fabuleux cinq titres qui nous avait ouvert la voie d'une mine, gardienne de pépites pop vintage, comme peu de formations britanniques sont aujourd'hui capables d'en produire.
En Bref : New Electric Ride signe avec Balloon Age un opéra rock en altitude, témoin que l'âge d'or de la pop anglaise n'est peut être pas révolu.
Ballon Age disponible sur le site du label Beyond Beyond is Beyond