De la rage dans mon cartable

Publié le 02 mars 2014 par Lael69
Noémya Grohan
HachetteCollection TémoignagesParu en Janvier 2014153 pages11,90 euros
Quatrième de couverture : "Je crois que c'est après cet épisode que j'ai commencé à mettre un mot sur ce qui m'arrivait. La solitude, le sentiment de décalage, dès le début, je les avais déjà ressentis. Le harcèlement scolaire, c'était un mot plus grave. Mais plus les jours passaient, plus l'évidence était là, sous mes yeux. Je n'étais pas qu'une élève chahutée par quelques meneurs. Beaucoup d'autres les avaient imités et me traquaient en permanence. J'étais devenue une cible". L'histoire de Noémya ressemble à beaucoup d'autres. Elle a décidé de la raconter et de s'en sortir. Voici son témoignage. 
A propos de l'auteur :  Née à Champigny-sur-Marne le 31 juillet 1987, Noémya, aujourd'hui âgée de 26 ans, a été victime de harcèlement scolaire pendant toute sa scolarité au collège de la Sine, à Vence, dans les Alpes-Maritimes. Elle y a vécu quatre longues années de calvaire où brimades, insultes, coups et rejet ont été son lot quotidien, dans l'indifférence générale du personnel éducatif, rajoutant jour après jour un peu plus de rage dans son cartable. S'en sont suivies dix longues années de dépressions et d'échecs professionnels, conséquences directes du phénomène de harcèlement subi. Dotée d'un esprit combatif, Noémya s'en est sortie notamment grâce à l'écriture, en parvenant à mettre des mots sur ses maux.. Depuis trois ans, elle fait de la lutte contre le harcèlement scolaire son combat personnel. Actuellement en formation pour devenir Coordinatrice de Projets, elle vient de créer sa propre Association intitulée GENER'ACTION SOLIDAIRE, et mène des actions de sensibilisation et de prévention au sein des établissements scolaires.
   Ce livre sincère et fort retrace le difficile parcours scolaire d'une jeune fille Noémya, victime de harcèlement pendant ses 4 ans au collège, De la rage dans mon cartable est un témoignage poignant et en même temps un récit qui se tourne vers l'avenir, vers l'espoir pour une lente reconstruction de soi.
L'auteur raconte son quotidien, terrorisée, muette face à ses agresseurs, élèves comme elle, à un âge où rien ne passe et surtout pas la différence (de look, de codes, de fréquentation). Insultes, moqueries, coups, et autres formes de rejet sont décrits ici dans une simplicité sans pudeur, avec justesse, ponctué de poèmes version rap. Les mots sont percutants et très bien choisis. Ecrire ce témoignage, plusieurs années après permet à l'auteur de prendre du recul sur cette souffrance, d'analyser la situation comme un travail de catharsis. Elle aborde le harcèlement, comment il se met en place, comment il perdure, ses subtilités... et condamne la réaction inadaptée des adultes. Incompréhension, indifférence et silence des professeurs et du conseiller d'éducation qui au lieu d'agir avec intelligence, confronte la victime avec les harceleurs pensant que le problème est réglé par une simple conversation et de brèves fausses excuses. 
Plusieurs sentiments sont détectés : la honte, la culpabilité, la souffrance, le repli sur soi, la fuite, le sentiment d'être en danger, la traque, la colère. C'est pourquoi on ne peut qu'être révolté et ahuri de voir qu'à cet âge si jeune, on peut penser à faire du mal comme ça aux autres, à être acteur de faits si graves. Tous n'ont pas eu la chance de s'en sortir, et l'on pense aux tristes faits d'actualité : des enfants qui se suicident, des jeux qui vont trop loin. Le récit va plus loin et explique les obstacles qu'a connu Noémya à sa sortie de collège : des années de lycée passées avec timidité, mal-être, solitude, crainte... des soucis professionnels pour trouver sa voie, les dépressions, les situations d'échec. Au final, Noémya décrit son long combat pour retrouver confiance, estime de soi et son identité. Un témoignage nécessaire, révoltant qui fera réfléchir autant les victimes (il faut parler, dénoncer, ne pas se laisser faire), les agresseurs, que les adultes (parents, professeurs) et nous force à être plus attentifs, plus vigilants. J'admire l'intelligence de coeur de Noémya qui a réussi à surmonter toute cette douleur, à envoyer un mail à un de ses agresseurs et à communiquer. Force, courage, volonté pour oublier et peut-être aussi pour pardonner. 
Merci à toute l'équipe de Hachette.