Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal
Toujours un clin d’oeil au club de lecture de la semaine dernière consacré aux chats dans la littérature (et un billet de lecture à ce sujet mardi prochain)
(Plume, toujours aussi photogénique)Classé dans:Des Mots en Poésie Tagged: Baudelaire, chats, Poésie