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Oui, ce sont des loups qui tuent les moutons, pas les chiens errants (2)

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

En réponse au document "Le loup, 10 vérités à rétablir, la fin annoncée de l’élevage des moutons et une menace pour tous les animaux élevés en plein air", la Buvette vous propose les réactions croisées(1) de Pierre Rigaux (PR), Gérard Bozzolo (GB), Marc Laffont (ML) et Baudouin de Menten (BdM).

2ème "vérité"

Oui, ce sont des loups qui tuent les moutons, pas les «chiens errants»

PR :  Ce document prétend que “Dès que les loups arrivent dans un nouveau secteur, les attaques se multiplient et le nombre de bêtes perdues augmente en flèche”. Oui, ce sont souvent des loups qui tuent des moutons mal gardés car les moutons mal gardés sont très tentants pour des prédateurs (qui sont parfois tout de même aussi des chiens).

Le pastoralisme consiste par définition à garder le bétail. C’est un métier difficile mais c’est la définition même du métier d’éleveur et de berger.
BdM :  La presse régionale et quotidienne est pleine chaque semaine d’articles qui relatent les prédations de loups mais aussi les dégâts des chiens divaguants sur l’élevage. La protection des troupeaux permet de se protéger des uns comme des autres mais également d’éviter les prédateurs à deux pattes, adeptes de la congélation ou du barbecue gratuits.

Des chiens errants s'en prennent aux brebis, c'est dans le journal!
Ne pas protéger convenablement son troupeau des prédateurs
avec tous les moyens disponibles
pour des raisons financières (ou autres) est une faute


ML : N'oublions pas le principe de base de l'indemnisation: "sont indemnisées toutes les victimes de prédations pour lesquelles la responsabilité du loup n’est pas exclue".

La Cour des Comptes évoquait les dérives de ce principe dans son rapport de 2010 : “une mesure récente comme l’aide introduite en 2004 afin de se prémunir des attaques du loup dans le massif alpin a montré d’emblée de nombreuses faiblesses en matière de contrôle.” La remarque est feutrée, mais révélatrice...

BdM : Le loup est un prédateur. "Un prédateur est un organisme vivant qui met à mort des proies pour s'en nourrir ou pour alimenter sa progéniture. La prédation est très courante dans la nature où les prédateurs jouent un rôle essentiel dans le maintien des équilibres écologiques"."Un berger est une personne chargée de guider et de prendre soin des troupeaux de moutons."

Quand il n'y avait pas de prédateur, le berger etait souvent absent : inutile, trop cher. Là où les prédateurs sont présents, l'absence de berger, ou l'absence de volonté de guider et de prendre soin des troupeaux est une faute professionnelle, qu'elle soit revendiquée comme faisant partie de la tradition ou pas. Beaucoup d'éleveurs oublient la base, les choses simples. Il existe des dizaines de races de chiens de protection, ce n'est sans doute pas sans raison.

Pour ne pas qu'on me vole ma voiture, je la ferme à clé. Pour ne pas être cambriolé, j'installe une alarme. Pour mettre à l'abri ma famille, mon outil de travail, je les assure. Pour ne pas perdre mon bétail, je le protège. Le "bon père de famille" est un individu abstrait considéré comme la norme comportementale en fonction de laquelle se mesure le comportement d'une personne donnée pour déterminer l'existence ou la mesure d'une éventuelle faute.

Ne pas protéger convenablement son troupeau des prédateurs avec tous les moyens disponibles pour des raisons financières (ou autres) est une faute. Oui, le loup est un prédateur et s'attaque parfois aux brebis à sa portée. C'est la norme. C'est normal. C'est la nature. Et le loup joue rôle essentiel dans le maintien des équilibres écologiques, malgré ça...

Il est parfois bon de rappeler des vérités admises par... presque tous.

Un berger écrit : "Les chiffres donnés pour relativiser les dégâts du loup n’ont pas de sources scientifiques. Pour le thème des chiens errants, on a carrément l’impression qu’il a été préparé avant même l’arrivée des loups en France". Peu importent les chiffres, l'important c'est de protéger pour éviter les dégâts des prédateurs ET des chiens...

(1) Pierre Rigaux est naturaliste dans les Alpes-du-Sud ;
Gérard Bozzolo est Ingénieur Agronome, maître de conférences à l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse ;
Marc Laffont est Technicien en agriculture et environnement, il dispose d'une maîtrise en Ecologie ;
Baudouin de Menten, écoconseiller est le webmaster de la Buvette des Alpages.

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