Par David Boaz
Un article du Cato Institute
J’expliquais à la critique de cinéma du Washington Post Ann Hornaday en 2005 que « l’Amérique est sans aucun doute un pays libéral, par conséquent les Américains aborderont des thèmes libéraux dans leur production artistique, certaines fois de manière plus explicite que d’autres. Il n’est guère surprenant de voir l’individualisme, le rejet du totalitarisme et la lutte pour la liberté et la tolérance sociale apparaître au sein de la production artistique américaine. » Voici certains de mes exemples préférés, qui ne sont naturellement pas tous américains.
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Les Prairies de l’honneur (Shenandoah), film de 1965 avec James Stewart, est souvent considéré comme le meilleur film libéral qu’Hollywood ait jamais produit. James Stewart campe un fermier de Virginie qui refuse d’être impliqué dans la guerre civile. Ce n’est pas notre combat, explique-t-il à ses fils. Il refuse de laisser l’État lui prendre ses fils, ou ses chevaux, pour faire la guerre. Inévitablement, cependant, sa famille est confrontée à la guerre qui l’entoure et le film devient très triste.
C’est un film puissant sur l’indépendance, l’autonomie, l’individualisme et les horreurs de la guerre. (Une comédie musicale a été produite à partir du film et vaut le coup d’être vue, ou alors vous pouvez vous contenter d’écouter la ballade pacifiste « I’ve heard it all before » ici).
Les libéraux aiment se moquer des avocats. Parfois, nous citons même ce vers de Shakespeare « Notre première décision : tuons tous les avocats ! », sans réaliser qu’il a été prononcé par un assassin qui avait compris que la loi barre la route aux tyrans en herbe.
Amistad dépeint une société gouvernée par la loi, où même la vile institution de l’esclavage était encadrée par la loi. Lorsque le président de l’époque, John Quincy Adams, argumente sa plaidoirie devant la Cour Suprême, ce moment devrait nous inciter à apprécier en quoi la loi protège nos libertés.
Une nouvelle fois, on voit des intérêts puissants devoir se défendre dans une société gérée par la loi. Une jolie défense de la propriété privée, et un film amusant à regarder.
Malgré une atmosphère extrêmement différente, celle d’une famille bourgeoise aisée de l’Angleterre victorienne face à une famille australienne comique, le film partage deux points communs avec The Castle : un fier père de famille qui fera tout pour défendre sa maison et sa famille, et un très élégant avocat britannique qui vient à l’aide de la famille. Le fils de M. Winslow est exclu de l’école navale. Convaincu de l’innocence de son fils, Winslow conteste l’exclusion. Lorsque l’école refuse d’étudier le cas, Winslow épuise l’épargne de toute une vie en procédures judiciaires.
Le thème est le droit de chacun à la justice dans une société décente.
Mon Grand (So Big, 1953) montre Jane Wyman interpréter une jeune femme à l’aise brusquement plongée dans la pauvreté. Elle devient enseignante, épouse un fermier, a un fils puis perd son mari. Elle se retrouve à devoir gérer la ferme à une époque où les femmes ne faisaient pas ce genre de choses. Ce film est une histoire inspirante basée sur l’autonomie et la déception qu’elle ressent lorsque son fils fait le choix de l’argent et de la société au détriment de l’architecture qui le passionne.
Basé sur un roman d’Edna Ferber, le scénario est presque randien par moments. Ne regardez pas la version de 1932 avec Barbara Stanwick, c’est plat et ennuyeux. La différence est incroyable.
Le conseiller municipal campé par James Belushi se présente à la mairie avec un programme basé sur la légalisation des drogues et la réaffectation des profits générés par le trafic de drogue. La Mafia n’est guère contente. Sa vie est menacée. Il décide donc de partir en lune de miel, en plein milieu de sa campagne, en Sicile.
Je vous avais prévenus, c’est surprenant, mais intéressant et lourd de sens.
Un jeune couple achète une grande maison à San Francisco et en loue une partie à un jeune homme. Il ne les paye jamais et refuse de quitter les lieux. Puis, le film devient vraiment effrayant. L’avocat explique doctement au couple, ainsi qu’au spectateur, que « bien sûr que vous avez raison mais vous ne gagnerez jamais ». On sent bien que c’est arrivé au scénariste, ou à quelqu’un qu’il connaissait.
Naturellement, lorsque l’institut Cato a publié l’œuvre de William Tucker Rent control, Zoning and Affordable housing, j’ai demandé au réalisateur de Fenêtre sur Pacifique, John Schlesinger, une contribution pour la couverture. Il nous a gentiment proposé « Si vous pensiez que Fenêtre sur Pacifique était une fiction, vous devez lire ce livre » et a précisé que le scénariste du film avait un proche qui était passé par un locataire cauchemardesque.
Mon passage préféré : le frère entrepreneur de l’intello emmène avec un lui un jeune ouvrier britannique, Daniel Day-Lewis, pour expulser des locataires mauvais payeurs. Le jeune anglais exprime sa surprise de voir un businessman pakistanais expulser des gens de la même origine que lui. Le businessman répond : « Je suis un businessman professionnel, par un pakistanais professionnel. Il n’y a aucune question de race de la culture de l’entreprise ». Je pense que Kureishi voulait dénoncer cette attitude. On le remerciera pour la plaisanterie.
Si vous voulez d’autres recommandations cinématographiques, je suis ravi de vous informer que le Guide de Miss Liberty est à nouveau disponible, au format Kindle. Il offre plus de 250 critiques courtes de films abordant des thèmes libéraux.
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Sur le web. Traduction : Victoria Melville pour Contrepoints.