Animal fragile et indomptable, telle semble être Tsolo Munkh, lauréate du Festival d’Hyères en 2010.
La collection de cette hiver tempête son désir de retrouver ses racines créatives. Tsolomandakh de son prénom complet, n’aime pas « faire du sexy pour faire du sexy » et nous livre des vêtements où le travail manuel est poussé encore une fois à son paroxysme.
La créatrice originaire de Mongolie doit connaître un état proche de la transe chamanique lorsqu’elle confectionne ses vêtements. Certains ont des structures si complexes qu’elle doit elle-même en assumer le montage, ses assistantes ne pouvant pas encore entrer « dans son cerveau ».
Les cuirs sont délicatement perforés de centaines de trous, les matières se mélangent, vont dessus-dessous, entrent par ici et ressortent par là en maintes circonvolutions neuronales. La surface et les volumes de ces pièces uniques évoquent des bois d’ébène sculptés ou des roches volcaniques encore en fusion.
Le manteau ci-dessous d’une beauté morbide évoque aussi les écorchés humains.
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Ci-dessous, une robe « trois trous » oversize dont la surface est réalisée à partir des rondelles de cuir récupérées des perforations réalisées sur d’autres modèles… rien ne se perd. Le résultat rappelle la structure de l’astrakan
Un travail obsessionnel, nécessitant pour le manteau ci-dessous, plusieurs dizaines d’heures à frotter sans cesse à s’abimer les mains, 16 peaux de cuir et de la laine de mouton dans des bassines d’eau pour que les matières s’hybrident entre elles et forment la matière de ces vêtements sculptures.
Collier fait de cuir et roches volcaniques