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Interview de Patrick McSpare part 1

Par Phooka @Phooka_Book


A vos claviers pour vos questions.
(PS: Patrick est absent ce week-end, nous lui ferons suivre vos questions et il y répondra dès son retour lundi)

Nous laissons la parole à Patrick ... enfin à Trismégiste plutôt !

Interview de Patrick McSpare part 1

Patrick Mc Spare est chelou, comme diraient les mortels. Si vous réfléchissez deux secondes, tous les romans qu'il a publiés présentent, à un moment ou à un autre, des personnages qui entendent des voix. Vous voulez des exemples ? Sans problème.

Dans " Les Haut-Conteurs ", écrits avec son pote Oliver Peru (encore un chelou, celui-là), Mathilde, Corwyn et l'Insondable répondent à ce qui est censé figurer leur conscience. Ils se parlent à eux-mêmes, en fait. Vérifiez, ça se passe dans le tome 5, quand ils sont égarés dans un labyrinthe Fomoré.

Dans " Comtesse Bathory ", la sulfureuse héroïne s'effraie d'une voix qui chuchote puis hurle son prénom, alors qu'elle effectue un voyage mental, ou ce qu'elle considère comme tel.

Et enfin, dans " Les Héritiers de l'Aube ", la Pierre d'Émeraude bavarde dans l'esprit de chacun de ses détenteurs. Encore mieux. Après les gens qui entendent des trucs bizarres, voici les objets doués de parole. Mc Spare avait déjà fait le coup en prêtant sa propre voix au Livre des Peurs, dans le clip promotionnel des Haut-Conteurs tome 1.

C'est quand même chelou, tout ça. Franchement ? Non ?

Bon, si on regarde un peu son parcours, c'est logique. Fondateur d'un groupe punk à dix-sept ans (et toujours dans le circuit rock undeground aujourd'hui ; quand on connaît les excès du milieu...), animateur radio à vingt-deux, créatif en agence de pub à vingt-quatre, illustrateur à vingt-huit, auteur bédé à trente-cinq, écrivain à quarante-six... rien que des boulots pas très nets.

Croyez-en mon expérience deux fois millénaire, il y a des points que Mc Spare se gardera bien d'aborder. Comme les zones d'ombre entre ses vingt-quatre et vingt-huis ans. Ou l'absence de ligne de vie au creux de sa paume gauche, preuve d'un pacte secret, selon certains. Ha ! Pas avec moi, en tout cas. Après, ce que j'en dis, hein, c'est juste pour causer. N'allez surtout pas me croire envieux. Mais que ces " vénérables " (avec un surnom pareil, il s'agit sûrement d'insupportables représentantes du Bien) lui consacrent un " Mois de " me paraît un tantinet exagéré. Il ne suffit pas d'être chelou pour réellement appartenir aux forces obscures. Tant qu'à inviter quelqu'un qui se la joue ténébreux, c'est à moi qu'elles auraient dû penser.

Ah oui, à propos... Je m'appelle Hermès Trismégiste, dignitaire Fomoré prisonnier de votre vilain monde. Je vais conquérir la Pierre d'Émeraude, balayer ces morveux d'Héritiers et massacrer vos vies dès que j'aurai remodelé cette planète à mon idée. Bon, c'est vrai, avant tout ça, je me serais bien vu célébré par Book en stock durant un mois. Pas grave. J'ai à faire. Débrouillez-vous avec Mc Spare...

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Mariejuliet

Bonjour Patrick, (Même pas peur d'un auteur chelou!) J'ai eu le plaisr de lire les 5 tomes des Hauts Conteur et je me demandais comment c'était passé l'ecriture avec Olivier? Bon mois!

Vous avez bien raison de ne pas vous effrayer. Trismegiste fait preuve d'une rare médisance à mon égard. En même temps, normal de la part d'un dignitaire Fomoré aigri et jaloux qui ne possède même pas le statut de prince. N'accordez aucun crédit à ses propos, je ne suis absolument pas chelou :)


Travailler avec Olivier me fut très facile et agréable, car nous sommes amis de longue date. En outre, nous avons les mêmes goûts en matière de fiction. Lorsque il s'est agi de proposer une série à Scrineo, nous nous sommes accordés en moins d'une heure pour définir la période et le contexte où évolueraient nos Haut-Conteurs. Ensuite, la création de chaque tome se passa très simplement. Nous établissions ensemble les thèmes (et je vous assure qu'il y a eu beaucoup d'amusement, voire de fous-rires à la clé). Enfin, durant mes parties d'écriture, Olivier me confiait ses impressions et inversement. Au final, les Haut-Conteurs restent une belle aventure d'amitié et d'imagination.

Bonjouuur Patrick !!
J'ai quelques petites questions à poser :)
- Les caractères de vos personnages sont-ils inspirés de votre entourage ?
- Pourquoi écrire de la fantasy ? Qu'est-ce qui vous plait dans ce genre littéraire ?
- A quand le tome 2 des Héritiers de l'Aube ? C'est dur d'attendre avec la fin atroce du tome 1 !!! +.+
Bon mois :)

Les caractères de mes personnages peuvent parfois, en effet, s'inspirer de certaines de mes connaissances, mais cela demeure rare. La plupart du temps, je procède à des constructions psychologiques fictives. Tant mieux, d'ailleurs, quand on voit les pathologies dont souffrent, par exemple, Masque d'Argent dans le tome 3 des Haut-Conteurs, la comtesse Bathory dans son roman éponyme ou Iguane (à découvrir dans le tome 2 des Héritiers). Brrr, je n'aimerais pas devoir fréquenter des gens comme ça :)

La fantasy et le fantastique en général sont mes genres favoris depuis l'enfance. J'ai toujours aimé les récits qui font oublier la grisaille du quotidien, mettent en scène de terrifiantes créatures, permettent d'explorer des univers inconnus... bref qui libèrent la créativité et l'imaginaire.

Le tome 2 des Héritiers paraîtra en mai. Votre impatience me fait très plaisir, mais si vous avez trouvé la fin du 1 atroce, je crains que celle du 2 vous atomise :)

Belle entrée en matière et c'est vrai qu'avec un passé punk on a une tendance un peu gothique non ? Que représente pour toi un prix comme celui des Incorruptibles 2012 et tant d'autres reçus pour la saga des "Hauts Conteurs" ? Vous les êtes - vous partagés avec sieur Peru ? L'Enfance et l'Adolescence restent ton domaine de prédilection, des regrets vis- à - vis de ta propre enfance ? Influencé aussi par les légendes arthuriennes avec tous ces chevaliers et cette confrérie des Hautes Conteurs et aussi dans "Les Héritiers de l'Aube"? Que représente l'oeuvre de Pevel pour toi ?Allez je me plonge dans les bras de la Comtesse...

Merci pour ton appréciation qui n'en constitue pas pour autant un ralliement à cette crapule d'Hermès, j'en suis certain :)

À part cela, je te le confirme, pourvu d'un passé punk, on garde quelques tendances gothiques bien marquées :)

Le prix Elbakin 2011 et celui des Incos 2012 ont été une merveilleuse surprise pour Olivier et moi. Nous ne nous attendions réellement pas à les obtenir, avec cette rude concurrence. Sur le plan humain, cela fut une immense gratification. Et, en termes de visibilité, le coup de projecteur se révéla très bénéfique pour nos héros et nous-mêmes. Oliv et moi nous sommes équitablement partagé ces prix, bien sûr. Ils séjournent six mois chez lui, six mois chez moi :)

Si j'aime beaucoup développer des personnages adolescents, je m'éclate aussi à explorer les états d'âme des adultes. Ce sont plutôt les hasards des rencontres professionnelles qui déterminent mon parcours éditorial actuel. Néanmoins, je demeure très nostalgique de l'enfance, comme tu le pressens. Dans nos premières années, nous sommes tous des magiciens en culottes courtes. Quel regret que nos dons imaginaires s'engourdissent au fil du temps...

La mythologie celtique me fascine depuis l'enfance (encore elle) :) Mais je m'intéresse davantage à la période originelle qu'à celle que je qualifierai d'" appropriation chrétienne ", avec ses chevaliers de la Table Ronde et sa quête du Graal. Pour moi, Arthur reste un chef barbare plutôt qu'un roi du type Charlemagne et les guerriers celtes des païens peu soucieux de discipline.

Dans les Haut-Conteurs comme dans les Héritiers (puisque ces deux séries évoluent dans un univers commun et partagé), je m'amuse à présenter ma version personnelle des forces du Mal celtiques incarnées par les Fomoré.

J'ai entendu beaucoup de bien à propos de l'œuvre de Pevel mais je ne l'ai encore jamais lu. Cela sera sans doute pour un peu plus tard...

Bon séjour dans les bras de la comtesse, Olivier. Attention quand même à ne pas y laisser quelques gouttes de sang :)

A moi, à moi, à moi !!
Coucou Pat',
Quand on lit les Haut-conteurs, les héritiers ou la comtesse, on ne peut pas douter de ton intérêt pour l'Histoire (avec un grand H). Est-ce quelque-chose qui t'a toujours fasciné? Déjà à l'école ? As-tu une ou des période(s)s préférées ?
Patrick :

j'approche de la fin des Héritiers de l'Aube, avec un peu d'appréhension, au vu des commentaires précédents ! J'aime beaucoup ce mélange de personnages historiques et de fiction, d'où vient cette idée fantastique ?

Dup : Bonjour Patrick
Je dois dire que ton parcours décrit par Trimésgiste me coupe un peu la chique. J'aurai mis ma main à couper, après mes lectures, que tu étais prof d'histoire ! Dans une autre vie assurément alors !
Mes questions tu t'en doutes donc, tournent autour de l'histoire avec un grand H.
Est-ce une passion ? Dévoreuse ? Comment l'assouvis-tu ?
Combien de temps consacres tu aux recherches historiques justement pour ancrer tes intrigues, tes personnages ? Qui de la Comtesse ou des Héritiers t'a pris le plus de temps de ce côté là ?
Patrick :

très heureux que le mélange vous plaise à ce point. En fait, le principe de la confrontation entre personnages réels et fictifs m'est venu dès mes débuts dans l'écriture romanesque. Imaginer quelqu'un de connu discutant avec un vampire ou un démon m'amuse grandement. De plus, l'exercice me permet d'ancrer mes récits dans un contexte familier, donc plus aisément crédible. Et enfin, j'aime à m'imaginer que notre réalité n'est qu'apparente et cache un tas de mystères et de créatures cauchemardesques. Dans les Héritiers, les Haut-Conteurs et Comtesse Bathory, j'utilise ce procédé. À tel point qu'il devient un petit peu ma marque de fabrique :)

Bonjour Patrick, Merci pour cette présentation, drôle et originale.

J'ai lu et beaucoup aimé Les Haut-Conteurs et Comtesse Bathory, deux histoires qui ne se ressemblent pas, même si elles partagent des points communs.

J'ai une question : vous dites "écrivain à 46 ans", est-ce que l'écriture était quelque chose qui vous faisait envie depuis longtemps? Quel a été le déclic? Et aussi, à quel rythme écrivez-vous ? Est-ce "facile" ou laborieux (je veux dire par là : vous relisez-vous beaucoup, retravaillez-vous beaucoup vos textes?).

Cela fait plus d'une question ;) Merci d'avance !

Bonjour,
merci beaucoup pour ces compliments. Cela tombe bien, j'aime beaucoup :)
En effet, l'écriture est une envie profonde que je porte depuis mon jeune âge. Il faut dire qu'avant de commencer une carrière d'écrivain, j'eus longuement l'occasion de sacrifier à ma passion créative en tant qu'auteur BD (scénariste-dessinateur). Pourtant, voici une dizaine d'années, je compris que je finissais à tourner en rond avec le dessin, que l'écriture pure me permettrait de me réaliser pleinement. Sans qu'un déclic à proprement parler fut donc nécessaire, j'attendais la bonne occasion. Elle se concrétisa quand Olivier Peru et moi rencontrèrent Jean-Paul Arif, fondateur des éditions Scrineo.
Au niveau du rythme, je m'astreins à des délais de productions assez courts, en général trois mois pour un roman de trois cents pages. Cela revient à écrire huit pages par jour au cours d'une semaine. Comme Olivier, j'ai la chance de travailler vite et j'avance assez facilement. Ce qui ne m'empêche pas de me livrer à ce qu'on appelle une " V2 " (une version 2) d'une dizaine de jours au cours de laquelle je corrige et améliore au maximum mon ouvrage.
Bonne semaine à vous... et aucun souci pour cette question à plusieurs volets :

Bonjour Patrick (et les filles, faut que je vous envoie le lien de ma chronique sur la Comtesse, je le mets là en attendant avant d'oublier .... http://www.leslecturesdemylene.com/2014/03/comtesse-bathory-de-patrick-mcspare.html )

Je m'attendais en le lisant à croiser une héroïne sombre et méchante mais j'espérais un peu "m'attacher" à elle et à ressentir ses sentiments or il n'en a rien été. Pourquoi avoir choisir de "réécrire" son histoire ? Merci :)

oui, on peut dire en effet qu'Erzébeth Bathory est un personnage sombre et méchant. Même si de nombreuses zones d'ombres questionnent encore sa légende (que l'on doit sans doute partiellement à un complot ourdi par des adversaires politiques), j'en suis moi-même convaincu. À tel point que ma démarche ne consistait nullement à tenter de la réhabiliter ou de susciter de l'empathie à son égard :) Pour autant, je ne souhaitais pas tomber dans le manichéisme. La comtesse aime sincèrement ses enfants et, dans la première partie du roman, craint pour le salut de son âme et n'a absolument pas l'intention de tuer qui que ce soit. Elle est à ce moment-là juste un monstre en devenir, éprouvant également des sentiments humains... comme tous les monstres.

Je m'interrogeais depuis longtemps sur les circonstances qui amenèrent cette femme riche, puissante et autonome à commettre les atrocités (surestimées, selon moi et d'autres) qui l'ont rendue tristement célèbre. La mauvaise influence de son entourage ne justifie pas tout. C'est donc le désir de construire ma propre explication, entre éléments fictifs et historiques, qui m'a décidé à lui consacrer un ouvrage.

Pour résumer, Comtesse Bathory est avant tout un roman fantastique classique relatant une névrotique descente aux enfers. À partir de là, libre à chacun d'avoir ou non besoin de s'attacher à la comtesse pour mieux l'accompagner dans sa chute sans fin :)

Coucou Emma, Oui, effectivement, l'Histoire (et pas que de France) :) m'intéressait déjà beaucoup au collège. Cela dit, à l'époque, on ne pouvait pas encore parler de fascination, juste d'une attention particulière pour une matière parmi les autres. Le Français et l'Histoire étaient les seules disciplines où je me sentais vraiment à l'aise. Comme quoi, il n'y a pas de hasard :) Beaucoup plus tard, en tant qu'auteur bédé, j'ai eu l'occasion d'animer deux feuilletons (Dharkold et Quentin le Seul) se déroulant aux VIe et XVe siècles. Mais c'est bien depuis mon arrivée dans l'univers du roman que je m'adonne pleinement, et de manière quasi systématique, à ce mélange très amusant : fiction et Histoire. Trahison, amours, héroïsme, lâcheté, conquêtes, défaites, bouleversements... L'Histoire de l'humanité est définitivement le plus haletant des récits. Quel plaisir de placer un personnage connu face à un être chimérique par la grâce de l'imaginaire. Quant à ma période préférée, tu l'auras deviné, il s'agit de l'ère médiévale dans sa globalité.
Non, non, ce n'est pas un oubli volontaire de cet envieux de Trismégiste :) Depuis l'âge adulte, mes contacts avec les écoles se sont résumés à quelques rencontres-collèges quand Olivier et moi concourions pour le prix des Incos (avec les Haut-Conteurs). Mais ma prochaine vie me fera peut-être bien prof d'histoire, comme tu l'envisages :) C'est une passion que je qualifierai de modérée, car elle m'investit surtout lorsque j'écris, mon unique façon actuelle de l'assouvir, au fond. Toutefois, j'ai aussi un goût prononcé pour certaines fictions historiques, la plupart du temps européennes (exemples : Nicolas Le Floch, série, Le frère du guerrier, film).
Quand je suis sur le point de commencer un nouveau roman, les recherches en documentation purement historique me prennent entre deux et cinq jours (complets, bien sûr). C'est un travail que j'effectue en parallèle de la construction de l'intrigue. Vus les délais assez courts auxquels je m'astreins pour produire un tome, l'ensemble ne dépasse jamais dix jours. Heureusement, Internet permet d'accéder à des montagnes de documentation sans bouger de chez soi. Rassembler les informations pour Comtesse Bathory m'a demandé davantage de temps que pour les Héritiers, car je connaissais la période de la Guerre de Cent Ans, mais assez peu celle d'Henri VI et pas du tout le contexte Hongrois fin XVIe siècle. Du coup, j'ai découvert avec plaisir un monde et des enjeux de pouvoir inédits :)

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