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[Carte blanche à Seb de Cinémafantastique] Nouvelle Cuisine

Par Nelly @Nelly_piou

Après Le festin chinoisTampopo et The Lunchbox, Seb reste dans le domaine culinaire avec Nouvelle Cuisine de Fruit Chan.

Petite annecdote : la première fois que j’ai vraiment parlé de végétalisme avec quelqu’un, ce fut avec Seb qui a adopté ce régime alimentaire il y a 15 ans (ironie que vous saisirez à la fin si vous ne connaissez pas ce film ah ah…).

Je lui laisse la parole

:D

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Cette fois, je vais aborder la cuisine sous un angle nouveau, un peu différent puisqu’il s’agit de l’angle du cinéma de genre. En l’occurrence le  film d’horreur. Il est donc utile de préciser que Nouvelle Cuisine, puisque c’est de ce film dont il s’agit, peut heurter les spectateurs non avisés même si l’horreur est ici beaucoup plus suggérée que montrée frontalement. Nouvelle Cuisine, film du réalisateur Hongkongais Fruit Chan aborde bien évidemment la cuisine mais aussi le cannibalisme, la tromperie et la course à la jeunesse éternelle.

Nouvelle Cuisine suit les aventures de Mme Li et de son mari (joué par l’excellent Tony Leung) qui la trompe. Afin de restaurer la passion de son mari, Madame Li se rend chez l’étrange Tante Mei qui à la réputation de préparer une cuisine aux vertus rajeunissantes à base de fœtus humain. Satisfaite des spectaculaires effets des raviolis de Tante Mei, Madame Li lui rend visite de plus en plus souvent et ses demandes se font plus pressantes puisqu’outre sa jeunesse, les raviolis de Tante Mei ravivent aussi sa libido. Voila pour le gros de l’intrigue qui promet moult tourments aux divers protagonistes de cette tragédie que l’on imagine aisément funeste.

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Dans Nouvelle Cuisine, Fruit Chan, cinéaste au nom prédestiné, fait surgir l’horreur du quotidien. Effectivement, quoi de plus quotidien et banal que la cuisine ? Cette chose qui occupe nos vies tous les jours, chaque jour de la semaine. Un élément inaltérable de la vi de tous les jours qui se transforme en pourvoyeur de mort. Dans sa forme et son fond Nouvelle Cuisine n’est pas un film très sain, il faut bien l’avouer. Son goût possède de forts arômes d’amertume, et de pourrissement, comme du gibier qu’on aurait mis à fermenter trop longtemps. Une odeur méphitique, mortifère et c’est justement cette saveur âcre qui donne tout son fumet au film. Cette saveur est savamment entretenue par le metteur en scène qui accentue le côté glauque et décrépis de la cuisine de Tante Mei, par la simple mise en scène et la photographie. Dès les premières images, on ait que les mets qui sortirons de cette cuisine seront tout sauf savoureux et gustatif. Pour résumer, on se trouve là dans la cuisine de l’Enfer.

Malgré ce côté répulsif de l’atmosphère générale, les raviolis eux, sont dépeins comme une chose appétissante, un repas de roi. Une chose rare et chère, qui exige des sacrifices. Et quels sacrifices… Mais malgré toute cette puanteur, Nouvelle Cuisine est un beau film, esthétiquement et picturalement parlant. Les cadres sont au cordeau, la photographie est sublime, le film est d’ailleurs éclairé par le chef opérateur attitré de Wong Kar Wai dont l’influence est véritablement prégnante sur Nouvelle Cuisine. Ensuite le film renoue avec une tradition ancestrale chinoise de cuisine médicinale où la nourriture a toujours eu diverses vertus bienfaitrices ou malfaisantes. Les potions, poisons et autres antidotes ont toujours joué un rôle important dans l’histoire de l’Empire du Milieu, riches en complots de toute sorte.

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Sur un autre plan, plus sociologique celui-là, Nouvelle Cuisine dit beaucoup de choses sur la société et la culture chinoise. La politique de l’enfant unique, les avortements clandestins et les relations parfois tendues entre Hong Kong et le grand frère chinois. Nouvelle Cuisine est au final un film noir, sombre, désespéré et véritablement avarié mais qui est contrebalancé par une esthétique parfaite et une mise en scène extraordinaire qui magnifie d’ailleurs la préparation des fameux raviolis. Un film important, un film à voir mais à réserver au amateurs de saveurs épicées et aux estomacs solides.

Seb, Cinémafantastique


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