Cela fait un moment que je n’avais pas eu un tel coup de coeur pour une collection comme cela a été le cas pour “Minimal Dreams” par la marque nigériane Ré Bahia.
Plus je regarde les looks, plus je me projette dans les vêtements. C’est portable, c’est même un peu l’essence de la collection mais au delà de ça, il y a un véritable travail d’épuration des silhouettes qui est à saluer, surtout quand on connaît les précédentes collections de la marque. En grande prêtresse du minimalisme que je suis, j’ai eu un pincement de coeur en me disant qu’il était triste que les acheteurs du Bon Marché ne voient pas ces pièces, qui se vendraient comme des petits pains. L’éternel problème de l’accessibilité aux marques africaines semble se résoudre péniblement avec le temps. Il y a toujours plus d’E-stores africains, mais ils n’arrêtent pas de répéter les mêmes erreurs: lancement sans stock, sans communication, problèmes intempestifs de réassorts, absence de plan marketing hors de leur propre communauté, business model à très court terme.. et je pourrais continuer longtemps, bref.
Ré Bahia, donc. Superbe collection qui sent le succès commercial à plein nez (en tout cas, je serais acheteuse pour un magasin, j’aurais commandé une dizaine de pièces). C’est efficace, léger, bien dosé, indémodable (aKa portable à l’été 2015), adapté aussi bien à la riche héritière de Lagos qu’à la jeune cadre new yorkaise. Alors bien sûr, on pourrait se demander ce qu’il y a d’africain dans cette collection. J’ai envie de dire qu’en 2014, après la tendance du “Wax par tous et pour tous”, il est bien vu de réfléchir à l’après. La notion de “mode africaine” ne signifie pas devoir systématiquement rappeler ses origines, sinon on tombe dans le folklorique (et je déteste ça, le folklorique nunuche pour jouer sur les sentiments ou le chauvinisme bête et méchant). La créatrice derrière Ré Bahia a vécu à l’étranger, a eu le temps d’explorer son identité à la fois anglaise et nigériane dans ses précédentes collections. “Minimal Dreams” n’est certes pas révolutionnaire dans sa proposition, mais à une époque où les acheteuses tendent de plus en plus à privilégier le confort comme critère d’achat, je trouve la collection pertinente et en phase avec son temps (ou du moins, la clientèle ciblée). Prétendre s’aligner sur les mêmes codes que les marques internationales n’est donc pas un défaut. Cela a bien réussi à d’autres marques nigérianes qui aujourd’hui, sont pratiquement les seules à porter le “Made in/by Africa” à des sommets où l’on croise très peu de designers noirs, et encore moins africains. Ré Bahia est sur Instagram.