C'est en allant fureter chez les copines Evalire, Sylire, Fransoaz et Sophie, que je me suis décidée à découvrir plusieurs œuvres d'Etienne Davodeau. Le premier exemplaire fut Lulu Femme Nue et là, premier constat amer : j'ai réservé le premier tome (mais quelle c.... !) J'en parle à mon A. (spécialiste du genre BD) et, lui, m'assène un terrible « tu sais, c'est pour cela que je ne lis plus de BD car je me suis fait trop avoir par les séries qui ne disent pas leur nom » (encourageant pour la novice que je suis). Ce n'est pas de la faute de la maison d'édition (le titre me paraît bien explicite), c'est juste moi qui ai mal lu : zut, alors, cela commence bien ! Oui, justement.
À l'occasion d'un entretien d'embauche qui tourne mal et une réponse maritale indélicate, Lulu décide de s'octroyer quelques jours de congé bien mérités : marre de servir la soupe à un époux ingrat et grossier, envie de retrouver une certaine liberté, envie de vivre tout court loin du matérialisme de l'existence. Son ado de fille, Morgane, est capable de gérer les deux petits derniers. Alors Lulu navigue à vue, découvre le plaisir de l'amourette et de la confession, prend soin d'elle : elle survit et fait des rencontres plutôt heureuses dans ce tome (la chute prédit une autre tournure dans le second). Son mari, Tanguy, est inquiet, envisage de démissionner et commence à se pochtronner grave. Les amis s'alarment et veillent à enquêter sur la seconde vie de leur copine.
Une BD douce sur la liberté d'une femme, sur sa quête à se retrouver après tant d'années à s'oublier (pour ses enfants et Tanguy, en particulier) : elle réapprend à désirer et à sourire. Le futur incertain ne lui fait pas peur puisqu'elle ne souhaite plus calculer. Inconscience quelque part, égoïsme pour certains, sursaut salutaire pour d'autres.
Les personnages d'Etienne Davodeau sont loin d'être des apollons : visages cabossés, traits assez ingrats, figures familières, personnalités fragilisées par un vie de labeur sans vraie douceur. Ce qu'il réussit de façon indéniable : la gamme chromatique de ses planches (aux nuances marron, ocre, orangé et bleu gris), les dialogues singuliers, les scènes attendrissantes (le copain au guet, la fatrie -la petite et la grande- au camping sans que rien ne se dévoile, la garde rapprochée des deux amoureux) et puis ses personnages cocasses et attachants (le soutien de près et de loin de l'équipe de copains qui se relaient auprès de Lulu, de ses enfants et de Tanguy, tout en respectant le choix de la miss) et enfin, le scénario bien rythmé.
Un regret : la chute brutale et contestable (dans le sens où elle n'a pas été amenée convenablement : la soirée particulière ne laisse en rien présager la veillée). Rien dans le comportement des individus ne laisse envisager cette hypothèse. Or pour qu'elle devienne naturelle, il aurait fallu glisser quelques éléments le long du récit (ce qui n'a pas été fait)
J'attends la suite avec impatience (vu que j'essaie vainement de la réserver) : quelle galère ! (moralité : ne pas être fute-fute se paie chèrement !)
Éditions Futuropolis
avis : Sophie, Fransoaz,
emprunté à la bibliothèque (mais cela, vous l'aviez sûrement compris)