Présentation de l'éditeur :Willibald Adrian Metzger, restaurateur de meubles anciens, n’a pas vraiment le profil du héros. Il ne boit pas de café, s’évanouit quand il sent de la fumée de cigarette, n’a ni voiture ni téléphone portable et a un faible pour les femmes plus âgées. Moqué pour son nom de famille (le « charcutier ») et pour sa timidité, il traverse la vie pour ainsi dire enfermé dans son atelier avec sa bouteille de rouge. Pourtant lorsqu’en traversant un parc enneigé, il tombe sur le cadavre d’un homme éborgné, le pacifique Willibald n’a d’autre choix que de se mettre à enquêter, d’autant que la victime ne lui est pas inconnue : Felix Dobermann, son bourreau du temps de la cour de récré.
Mais le cadavre disparaît comme par enchantement, la police devient suspicieuse, et les indices apparaissent mystérieusement autour de Metzger… Willibald « le charcutier » va devoir mettre les mains dans le cambouis et retourner sur les bancs de l’école pour élucider ce meurtre – et, en passant, retrouver son premier béguin, Danjela, une Croate experte en crochetage de serrures, concierge de profession, flanquée de son chien Edgar et dotée d’un accent à couper au couteau.
Avec ce premier opus sur les tribulations de Metzger, Thomas Raab nous plonge dans l’Autriche profonde et nous présente un héros incroyablement attachant : bourru, solitaire, vieux jeu, collectionnant ses souvenirs dans des boîtes à chaussures et citant à tout bout de champ les maximes de ses parents disparus.
S'il n'était pas tombé par hasard sur le corps inanimé d'un ancien camarade de lycée, au nom canin, il ne serait sans doute jamais sorti de son quotidien qui se résume à la restauration de meubles anciens et des culots de bouteilles qu'il vide à longueur de journée. Célibataire endurci, il se renferme de plus en plus sur son monde où une quelconque cohabitation semble impossible. Un monde de meubles anciens dont la façon qu'ont les gens de les traiter est une métaphore du paysage social.
Lorsque Dobermann aux dents aiguisées ressurgit dans sa vie, ce n'est pas, pour cette fois, le martyriser mais pour l'embarquer dans une drôle d'enquête se rapportant à l'époque du lycée. Époque pour laquelle il ne garde pas un très bon souvenir puisqu'il était le souffre-douleur de certains de ses camarades.Mais Willibald se sent pousser des ailes et trouve le courage d'affronter à nouveau ses anciens détracteurs pour élucider cette enquête. Qui a tué Dobermann et pourquoi ? Pour cela il devra interroger de nombreuses et anciennes connaissances qui pourraient lui révéler bien des choses sur certaines affaires du passé qui auraient un lien avec le récent disparu.
Devenu détective sur le tas, Metzger semble peu à peu se complaire dans ce rôle qui le sociabilise, il paraît se sentir plus à l'aise, et moins saoul, en compagnie d'autres personnes. Moins sauvage.L'auteur fait de son histoire une sorte de conte où son héros à la limite de la déchéance humaine se retrouvera petit à petit sur les devants de la scène. Mais la jolie Cendrillon fait place à une Danjela aux charmes discutables et le monde enchanté dégage une odeur de crime. Le jeune prince au litron en devient l'anti-héros parfait, celui qui imposera la justice malgré lui. Un personnage terriblement attachant dont on aime se moquer, notre souffre-douleur à nous aussi pour lequel on vit une relation passionnelle entre amour et haine.
A l'image d'Heinrich Steinfest édité en France également par Carnets Nord, Thomas Raab surprend par son style totalement décalé ; à la fois noir et très drôle. Le roman noir autrichien se porte bien et Thomas Raab le confirme. Déjà six aventures du personnage courent en Autriche alors que le premier tome est sorti il y a peu en France. Vivement que Carnets Nord nous les édite tous !