J'aime pas les Césars

Publié le 28 février 2014 par Petistspavs

J'aime pas Les Césars, j'aime trop le cinéma et Les Césars ont trop souvent couru à la rescousse du succès et contribué à marginaliser les films les plus inventifs, les plus riches, les plus novateurs, ceux qui représentent vraiment une prise de risque autre que financière. La fameuse Cérémonie des Césars est, comme son nom l'indique, un événement cérémonieux, généralement froid et ennuyeux, organisé par l'"Académie" du même nom pour défendre tous les académismes contre toutes les audaces.

Cependant, chaque année ou presque j'y retourne, ne serait-ce que pour râler.

Cette fois, l'événement cérémonieux de l'Académie des C... me pose un vrai problème, deux en fait.


La vie d'Adèle & L'inconnu du lac

Parmi les films nommés, si l'académisme domine, le meileur du cinéma français (si on excepte Bruno Dumont, mort ou absent malgré son magnifique Camille Claudel 1915 et Jean-Claude Brisseau, absent ou mort, bien que sa Fille de nulle part continue à me hanter, un an après) est douloureusement présent. Pourquoi douloureusement ? Car il m'est impossible de choisir entre deux des films sélectionnés. Et si  n'a pas la breloque concassée, je vais crier à la trahison en pleurant ; mais il est hors de question que La vie d'Adèle de Kechiche retourne dans sa banlieue à vide. J'ai avec ces deux films un rapport d'intimité rare, en fait, ils cumulent tout ce que j'aime dans le cinéma français, le jaillissement et la rigueur et, dans les deux films, le culot.

De même, deux des acteurs retenus comme possibles "meilleurs espoirs masculins" me semblent non départageables, surtout comparés à leurs compétiteurs.


Vincent Macaigne

Pierre Deladonchamps est incontestable dans L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie, et ce n'est pas une formule de dire qu'émanent de lui une grande force et une grande fragilité dans un rôle objectivement difficile. On a (enfin, moi...) envie de le revoir et de suivre ses choix de carrière.
Quant à Vincent Macaigne, autre espoir possible, c'est un cas particulier. Voici un acteur (réalisateur, auteur et metteur en scène de théâtre, entre autres) que je ne connais, finalement, que depuis deux ans, et qui me semble avoir pris une place prépondérante dans le cinéma français. Précisément il me semble l'emblème et le révélateur d'un nouveau cinéma français totalement indépendant et sans complexe, une sorte de "cinéma de la relève" porteur d'un processus en cours de renouveau, un peu comme Judd Appatow a été au centre du renouveau de la comédie américaine :
Une bonne solution pour l'Académie des C... (j'économise mon clavier) aurait été d'admettre l'évidence : à trente-cinq ans et muni de son expérience d'un cinéma porteur d'une certaine ambition (il a joué pour Civeyrac, Bonello, Philippe et Louis Garrel et multiplie aujourd'hui les "premiers films" réussis, dont trois étaient présents à Cannes 2013), Vincent Macaigne était éligible dans la cour des meilleurs acteurs. Je suis persuadé qu'on dira un jour "J'ai vu le Macaigne", comme on a pu dire "J'ai vu le Belmondo (ou le Delon, voire le Gabin...).

Autre difficulté, même si elle me remplit d'aise, la catégorie "Meilleur premier film" comporte deux films avec, justement, Macaigne : La fille du 14 juillet et La bataille de Solférino. Ces deux films, tout à fait représentatifs de ce "cinéma de la relève" en devenir, me sont aussi chers et, pour moi, ils concourent ensemble ou pas du tout.

Pour mettre fin à mes contradictions schizophréniques, je propose le palmarès suivant :

Meilleur espoir masculin
Pierre Deladonchamps pour L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie

[Je n'en ai pas parlé, mais,
Meilleur espoir lin
Adèle Exaechopoulos pour La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche,
je suis amoureux d'Elle]

Meilleur acteur
Vincent Macaigne pour son apport au jeune cinéma français

Meilleur premier film (ex aequo)
La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatko
et
La bataille de Solférino de Justine Triet

[Je n'en ai pas parlé, mais,
Meilleur film étranger
Blanca nieves de Pablo Berger]

Meilleur film (ex aequo)
La vie d'Adèle chapitres 1 et 2 de Abdellatif Kechiche
et
L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie

Cadeau
Vincent Macaigne s'exprime sur le cinéma à Cannes (2013)

Ça va être l'heure des Césars. On va s'ennuyer, râler, invectiver le poste de télé, engueuler les organisateurs, mettre en boite les présentateurs bidons et finalement être frustré et se dire que "l'année prochaine, cette fois, ce sera sans moi !"

Bonne cérémonie et Vive le cinéma !

ADDITIF TARDIF

L'Académie des Césars vient, une fois de plus, de se ridiculiser. C'est bien, on savait que tout cela ne valait pas gand chose. Donc, Merde les Césars et VIVE LE CINEMA !