Emma, élève de 3° en stage au CITL rencontre Patrick Honnoré et Furukawa Hideo

Par Citl
Patrick Honnoré, traducteur japonais-français
Furukawa Hideo, écrivain japonais
Patrick Honnoré traduit Soundtrack de Hideo Furukawa

INTERVIEW DE PATRICK HONNORÉ

Depuis combien de temps exercez-vous le métier de traducteur ?
Cela fera 10 ans le mois prochain que je fais ce métier.
Pourquoi avez-vous choisi d’être traducteur? Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce métier ?
Je n’avais pas envisagé de faire ce métier. J’avais appris le japonais pour m’en servir plus tard, mais je ne pensais pas que ce serait la traduction. Ce sont les circonstances. J’avais vu qu’il y avait un intérêt pour la littérature japonaise en France et qu’il n’y avait pas beaucoup de traducteurs japonais-français. Donc il y avait du travail. J’ai habité 15 ans au Japon alors j’avais une petite expérience, et évidemment je m’intéressais un peu à la littérature. Mais ce sont vraiment les circonstances qui ont fait que : pourquoi pas la traduction ? On peut essayer ? À la base ce n’était pas un but.
Pourquoi avez-vous appris le japonais ? Pourquoi cette langue et pas une autre ?
En fait, je faisais des études de littérature à la faculté d’Aix. Quand on fait des études littéraires, qu’est-ce qu’on peut devenir ? Professeur de français. Ça ne me disait pas trop. Donc il fallait que je trouve autre chose, alors apprendre une langue étrangère que peu de monde parle, je me disais que c’était un outil dont je pourrai me servir.
Vous souvenez-vous du nombre de livres que vous avez traduis depuis que vous avez commencé ?
Si je compte tout, et en nombre de livres, actuellement ça doit faire 150 livres depuis mes débuts. Mais bon, je dirais que les deux tiers sont des mangas qui se font assez rapidement.
Avez-vous des livres ou des mangas que vous avez traduis et que vous avez préféré ?
Tous, je les ai tous appréciés.

Interview de Furukawa Hideo :

Quand avez-vous commencé à écrire ?
Cela fait plus de 20 ans, que j’ai commencé à écrire mais cela fait 16 ans que j’ai publié mon premier livre.
Parlez-moi de votre projet ? Quelle est l’histoire du livre sur lequel vous travaillez ?
C’est un roman qui raconte l’histoire de deux jeunes enfants qui, quand ils étaient petits, ont vécu un certain nombre d’années  sur une île déserte au milieu du Pacifique. Durant ces années, ils ont appris à vivre avec la nature, sans les autres humains et sans la société. Quand ils grandissent et qu’ils arrivent à Tokyo, ils ne comprennent pas, ou du moins ils n’acceptent pas la façon de vivre de la société humaine de Tokyo. Petit à petit, et avec les sortes de pouvoirs qu’ils ont acquis sur leur île déserte quand ils étaient petits, ils essaient de retrouver la liberté, de retrouver une liberté personnelle dans cette société.
La plupart des traducteurs travaillent seuls, avec leur contrat à remplir. Pourquoi est-ce que vous avez choisi de travailler ensemble ?
Le traducteur a envie de savoir ce que l’auteur veut dire exactement. Pourquoi il l’a dit comme ça et pas autrement. Mais d’un autre côté en tant qu’écrivain je pense que la traduction, c’est la vision du traducteur telle qu’il l’a perçue dans le livre quand il l’a lu en japonais et qu’il doit faire passer en français. Donc il ne faut pas que l’auteur impose au traducteur son interprétation du roman. Mais effectivement ce qu’on est en train de faire maintenant c’est poser les questions.

Petit mot en plus de l’auteur :

D’abord, qu’est-ce qu’un traducteur pour un auteur ?
Eh bien un traducteur, c’est avant tout un lecteur. C’est celui qui va « rejouer », qui prend le texte pour lui et qui en fait une image, une interprétation, c’est comme une musique ou un disque que l’on va rejouer. Un traducteur c’est une chance extraordinaire pour un écrivain, parce qu’en passant dans une autre langue on va multiplier les lecteurs, 1000, 2000, 10 000 nouveaux lecteurs qui n’auraient pas pu lire le livre, que le livre n’auraient pas pu avoir s’il était resté dans sa langue originale. Donc il y a une responsabilité assez importante du traducteur de faire passer une vision dans une autre langue sans trop le déformer, en donnant une autre vie, une autre chance de se diffuser dans un autre public et dans un autre langage.