Nous voilà, Québécois, à l’aube d’une nouvelle élection générale. Le Parti Québécois a, depuis un an, repris du poil de la bête et trône dans les sondages. Cette situation est un hommage à la longue expérience politique de Marois et à l’excellence de ses conseillers. Voulant profiter de la situation et voyant à l’horizon la possibilité de diriger un gouvernement majoritaire avec le pouvoir de mettre en force le programme politique de son parti, elle va provoquer une élection. Et cela, malgré que la minorité qu’elle dirige, depuis moins de deux ans, ait fait adopter une loi pour fixer automatiquement la date des élections aux quatre ans. Elle veut imiter ainsi le PM canadien, le conservateur Stephen Harper, qui ne respectant pas la loi fédérale, avait subitement déclenché une élection avant la date prescrite pour gagner une majorité. Et il avait réussi. Bizarres chefs de partis qui interprètent la loi à leur façon pour satisfaire l’intérêt de leur parti, prétextant qu’elle ne s’applique pas si les partis sont minoritaires, même s’ils n’ont pas été défaits en chambre sur une question gouvernementale vitale.
Le programme du parti Québécois a été adopté démocratiquement par les membres du parti. On peut dire, sans exagérer, que le PQ est un des partis les plus démocratiques du Canada, l’autre étant le Nouveau Parti Démocratique sur le plan fédéral. Aux congrès du PQ, tous les délégués, dûment élus dans leurs comtés, débattent vraiment de chaque résolution et décident indépendamment de l’adopter, de l’amender ou de la rejeter, nonobstant, souventes fois, les désirs de la direction et du chef du parti. La constitution du parti a été ainsi adoptée. Et l’article 1, de cette constitution du Parti Québécois, stipule : « Aspirant à la liberté politique, le Parti Québécois a pour objectif premier de réaliser la souveraineté du Québec à la suite d’une consultation de la population par référendum tenu au moment jugé approprié par le gouvernement ». On ne peut être plus clair. Le but du parti est la séparation du Québec de l’ensemble canadien. Le PQ est séparatiste.
Un très grand nombre de Québécois n’appuient pas le PQ, justement à cause de cet article et cela même s’ils étaient tentés de voter pour un bon gouvernement péquiste en qui ils auraient confiance. Ils ne le font pas de crainte que le PQ ne les engage dans un autre référendum pour briser leur pays, le Canada. Par deux fois, les Québécois ont dit « NON », mais, pour les péquistes, c’est la phrase de René Lévesque qui résonne toujours dans leurs têtes : « à la prochaine ».
A leur congrès de 2012, les péquistes ont approuvé, en l’absence de leur chef Marois, une résolution pour modifier la loi sur la consultation populaire pour permettre des référendums d’initiative populaire qui s’appliqueraient même pour la souveraineté. Le ministre Drainville, le même qui est l’auteur de la « Charte des valeurs… », a confirmé que le processus référendaire pourrait être déclenché par une pétition avec une exigence de 15% des électeurs inscrits. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et l’internet, il est relativement facile de réunir des milliers d’internautes autour d’une question. On connaît les abus en Californie de tels référendums électoraux et vouloir appliquer cette méthode pour séparer le Québec du Canada est irresponsable. Même si Pauline Marois a dit vouloir consulter la population sur les modalités de mise en place de cette idée, on peut comprendre qu’elle ne s’y oppose vraiment pas. A mon avis, un gouvernement qui veut engager la population dans une telle décision doit avoir les mains libres d’agir et en prendre la responsabilité entière et non pas être obligé d’agir par une pétition.
A la question de journalistes sur la tenue d’un référendum dans un prochain mandat majoritaire, la PM Marois répond vaguement et promet « un livre blanc sur l’avenir du Québec ». Elle dit vouloir une nouvelle consultation sur l’option séparatiste en vue d’aboutir à des propositions qui seront avalisées par son gouvernement. Elle dit refuser de s’engager officiellement dans un autre référendum mais elle suit exactement le chemin du référendum de 1995 qui avait été précédé de la Commission de l’avenir du Québec. Il est clair que les propositions, dont elle parle, seront avancées par des partisans du parti et de l’option indépendantiste. En fait, elle se fout de nous ! « Nous allons réfléchir collectivement », lance-t-elle, alors que tous les sondages indiquent que 50-60% des Québécois s’opposent à la tenue d’un nouveau référendum. Et, sans même sourire du coin de la bouche, elle ajoute : « on ne bousculera pas les Québécois, nous allons leur donner une avenue claire, et tenir le référendum dans un moment approprié ». En somme, elle a décidé que le résultat de la commission ira dans le sens qu’elle veut, que le référendum aura lieu, mais qu’il est nécessaire pour elle de maquiller la réalité pour calmer ceux et celles qui s’y opposent.
La PM Marois cherche aussi à refaire le coup de la Commission sur la charte des valeurs québécoises… de la neutralité… de la laïcité… (je ne sais plus quel nom y donner, tellement il change constamment). Pour gagner le débat sur la question de cette charte, le parti québécois profite de l’islamophobie que les dépositions à la commission génèrent. On est rendu au point, que beaucoup de Québécois ont peur de l’Islam, méprisent ceux qui pratiquent cette religion et acceptent la charte pensant que c’est la solution à ce pseudo problème. On fait croire que toutes les femmes musulmanes doivent porter le voile sous les ordres de leur père ou mari. On ne veut pas savoir que l’Islam exprime une grande sagesse, une ouverture sur la fraternité humaine, un respect de toutes les religions, de la famille, un engagement envers les faibles et les déshérités… On fait de l’Islam un monstre et pour le contrer on est pour la charte, car c’est elle qui plantera la lance dans cette bête de l’apocalypse qui supposément étend sa menace sur nos tous. J’exagère, vous direz… eh ! bien dites-moi ce que vous disent vos amis et voisins sur tous les messages antimusulmans qu’ils reçoivent via les réseaux sociaux sur leurs appareils intelligents et leur ordinateurs. Certes, il y a les islamistes, les purs, durs et cruels. Ce sont des minorités qui n’ont rien à voir avec les musulmans que je connais au Québec, en Algérie, au Maroc…. Et il faut avoir côtoyé ces derniers pour comprendre qu’ils sont des gens qui ont des familles, des enfants, des ambitions, des problèmes, des préoccupations, des joies, des misères… comme nous.
La charte des valeurs a fait remonter le PQ dans les sondages. Il en a fait sa stratégie électorale et ce faisant a fait passer l’intérêt du parti avant l’intérêt général. Tout a été bien pensé. La charte est devenue le sujet du jour surtout en région où le PQ pense trouver sa majorité. Plusieurs de nos compatriotes voient les musulmans dans leur soupe. A les entendre et à les lire, ils sont responsables de tous les maux, ils infiltrent même les garderies. Ils pointent du doigt ceux qui les défendent comme étant des alliés qui doivent aussi être maudits (j’en sais quelque chose). J’ai l’impression qu’un désir de revanche domine, aujourd’hui, chez trop de Québécois. La charte a créé inutilement une profonde division chez les Québécois, entre les francophones et avec les anglophones et allophones. C’est inadmissible et malsain.
La PM Marois aime souvent copier la France, mais le Québec n’est pas la France. Nous sommes en Amérique et nous sommes tous des descendants d’un immigrant, quelle que soit la religion. Ensemble, nous avons construit nos pays et ensemble nous continuerons à le faire. Et au Québec, tout cela peut se faire en français, sans division mais en se respectant mutuellement.
Au lieu de se concentrer sur les vrais problèmes, comme celui du manque criant de main d’œuvre qualifiée, de l’économie qui cherche à nous fuir, des emplois qui se perdent, des usines qui ferment, des Québécois qui veulent partir, de la dette qui nous écrase, de l’amélioration de l’éducation, de la solidification du français, etc… le gouvernement du Parti Québécois démontre encore, nonobstant tout ce qu’il dit, qu’il n’a qu’un seule idée : diviser les Québécois afin de pouvoir gagner un référendum pour séparer le Québec du Canada. Il est important que tous les Québécois placent que cette question au cœur des enjeux réels de la prochaine élection.
Claude Dupras