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Une soirée à la cité de la musique dans une salle que nous aimons tout particulièrement.
Emmanuel Krivine ayant annulé sa participation à ce concert, c’est le pianiste lui-même qui assure la direction. Andreas Staier qu’on avait pu entendre aux Bouffes du Nord dans un récital pour clavecin, se prête ici au jeu et de la direction, et du soliste avec des œuvres de Mozart et Haydn. Pour l’accompagner, l’excellente Chambre Philharmonique.
Le concert fait partie du Cycle « Mozart enfant » et qui se consacre comme son nom l’indique, aux œuvres de jeunesse de Mozart. Pour cette soirée, Symphonie n°1 K16, le Concerto n°9 Jeunehomme, le n°1 et la Symphonie n°49 de Haydn.
La première symphonie de Mozart, première d’une série de 55, a été composée par le jeune Mozart à l’âge de 8 ans. Il est déjà connu en Europe et a commencé ses tournées avec son père Leopold. L’œuvre a d’ailleurs été écrite à Londres. On poursuit avec le concerto n°1 pour piano. Les quatre premiers concertos pour piano de Mozart sont en fait des adaptations de sonates de compositeurs contemporains, sorte d’exercice pédagogique imposé par son père Leopold. Le jeune salzbourgeois les a écrits à l’âge de 11 ans.
Enfin la première partie du concert se termine avec la Symphonie n°49 de Haydn, que Mozart avait pris l’habitude d’appeler « papa Haydn ». Très belle symphonie, profonde, surnommée La Passione qui s’inscrit dans le mouvement artistique allemand "Sturm und Drang" (tempête et passion), précurseur du romantisme.
Après l’entracte et pour finir, le Concerto pour piano n°9 dit Jeunehomme. Et là, attention chef d’œuvre. Avec cette pièce les musicologues voit une émancipation dans la composition chez Mozart. Trois mouvements avec des conventions bousculées, le concerto porte le nom de Jeunehomme en hommage à une pianiste du nom de Jenamy ce qui aurait ensuite été traduit par Jeunehomme. Le charme de l’Histoire.
Plutôt alléchant sur le papier ! Et sur scène ?
La Symphonie n°1 ne dure qu’une dizaine de minutes. La pièce est simple et légère. L’orchestre est vif, la direction d’Andreas Staier discère et simple, peut-être un peu effacée. La Chambre Philharmonique dès les premières notes est, comme à son habitude, excellente.
Avec le Concerto n°1 et le passage d’Andreas Staier au pianoforte, la direction passe d’effacée à quasi inexistante. Il y a un certain déséquilibre entre le soliste et l’orchestre. Mais au-delà de ça, tout est pertinent et l’orchestre est impeccable. Le troisième mouvement est dynamique et relevé.
Enfin, Haydn, invité de ce programme Mozart, et sa Symphonie "La Passione". Après deux oeuvres de jeunesse de Mozart, on aborde ici une pièce profonde, dramatique et superbe très bien exécutée par la Chambre. Andreas Staier manque peut-être un peu de passion justement mais il reste juste dans sa direction.
La deuxième partie du concert conclue cette soirée avec le clou du spectacle et le Concerto n°9 de Mozart. Andreas Staier prend son envol très rapidement dès le premier mouvement. Il est toujours d’une précision mathématique et approte une touche sentimentale nécessaire à l’oeuvre. On vibre. Avec le deuxième mouvement, le chef/soliste ne boude pas son plaisir. Son interprétation est dans la plus stricte tradition. Rarement il nous a été donné d’entendre une oeuvre de Mozart jouée avec autant de style mozartien. Les effets que rajoute Andreas Staier nous emmène à Vienne au XVIIIème siècle. Dans le troisième mouvement il tient même la salle en haleine, suspendant quelques secondes le temps à un silence méditateur.
Deux rappels dont une très belle sonate de Mozart. Il ne fait aucun doute qu’Andreas Staier entretient avec Mozart une relation particulière et qu’il a cherché hier soir, à nous le faire partager.
Notre dernier concert ? Souvenez-vous.