Un film de Nicolaj Arcel (2012 - Danemark) avec Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard
Royal !
L'histoire : 1766. Danemark. La jeune Caroline de Hanovre, soeur du roi d'Angleterre, quitte sa famille pour épouser le roi du Danemark, Christian VII, grand enfant mal dégrossi, infantile et capricieux. Elle sait qu'elle ne l'aimera jamais... Mais elle fera son devoir et lui aussi. Il honore sa femme jusqu'à ce qu'elle soit enceinte, puis la délaisse pour des prostituées. Des nobles, aux idées "modernes" s'inquiètent pour le royaume, et redoutent les ambitions de la belle-mère du souverain. Ils font entrer au service du roi un médecin allemand, brillant, Johann Struensee, qui les réintégrera à la cour où ils pourront, l'espèrent-ils, influencer le monarque et son gouvernement, et empêcher la main-mise sur le pouvoir d'une vieille garde aux idées d'un autre temps. C'est ainsi que Struensee fait la connaissance du roi qui en fait vite un ami, puis un conseiller. La fragilité du jeune homme le pousse à l'aider sincèrement, à le soutenir psychologiquement. Et il partage depuis longtemps avec ceux qui l'ont fait entrer à la cour les idéaux des grands philosophes français, célèbres dans toute l'Europe du XVIIIe. L'espoir d'un avenir meilleur pour le royaume l'anime... mais aussi la reine délaissée, qui, au-delà de sa beauté, s'avère intelligente, cultivée, désireuse elle aussi, si elle en avait le pouvoir, de moderniser le pays.
Mon avis : Ah les films en costumes ! Je crois que c'est mon genre préféré. Sans doute parce que cela combine trois de mes passions : l'histoire et ses destinées hors du commun, donc romantiques, forcément romantiques ; la mode, non pas pour le côté shopping victim (pas du tout mon truc), mais pour la créativité, l'esthétique, l'habileté de l'homme depuis des millénaires pour se parer et se vêtir ; la douce nostalgie d'un ailleurs, autrefois, comme une fable, comme un conte... comme si les jeunes femmes en belles robes évoquaient les mille et une princesses de mon enfance.
Le film est magnifiquement réalisé, avec une qualité d'images formidable. Je raffole de ça ! C'est un des objectifs majeurs du cinéma, non ? C'est pour ça que le genre "tranche de vie" m'ennuie souvent profondément, nos petites maisons, nos petites cuisines, nos petits jardins... très peu pour moi ! Au cinéma en tous cas. La vieille ville de Copenhague, les fastes de la cour, parfaitement reconstitués, les promenades sous des paysages verdoyants noyés de pluie, illuminés parfois d'un éclair ensoleillé... Quelle régalade !
Je ne connaissais pas cette histoire, tant il est vrai que mes lectures historiques ne n'ont guère emmenée jusqu'ici vers la Scandinavie. C'est d'ailleurs une lacune que j'envisageais de combler ces temps-ci en notant quelques biographies sur mes tablettes de grandes figures de ces pays, pas encore achetées. Je me suis donc régalée en découvrant le règne de Christian VII du Danemark, mentalement instable, et de son règne qui fut (heureusement) dominé par son médecin et ami, puis ministre, Struensee, humaniste, progressiste "éclairé" par les Lumières françaises de l'époque (Rousseau, Voltaire, Diderot...). Lequel tomba amoureux de la reine délaissée, elle aussi farouchement tournée vers l'idée d'un état plus moderne et plus juste. Ca sentait la "révolution" là aussi ! Déjà.
Interprétation remarquable de l'immense Mads Mikkelsen qui crève l'écran une fois de plus. Un charisme de folie. Quand je pense que je l'ai vu pour la première fois dans un second rôle du Roi Arthur d'Antoine Fuqua. Je l'avais trouvé furieusement sexy... et j'ai retenu son nom ! Depuis, je l'ai apprécié dans de nombreux films et il se révèle un acteur magnifique. On le voit d'ailleurs de plus en plus dans les castings, et plus seulement dans son pays...
Découverte aussi d'une délicieuse actrice, Alicia Vikander. Déjà aperçue, mais en blonde, dans Anna Karénine ; le brun lui va à ravir et la rend bien plus piquante, et fraîche comme un sous-bois scandinave (elle est suédoise) ! Son jeu est parfaitement nuancé et elle forme avec Mads un couple on ne peut plus charismatique.
Et n'oublions pas Mikkel Boe Folsgaard, qui joue ce "roi fou", imprévisible, naïf, touché de temps en temps par des fulgurances de lucidité.
La romance entre les deux personnages prend son temps. C'est joli de les voir échanger des regards, partager des goûts communs, se rapprocher peu à peu... mais le film sait laisser la première place aux événements ; le tout est très habilement dosé.
C'est un réel bonheur de voir que le cinéma scandinave s'exporte désormais régulièrement et nous fait découvrir ses merveilles.
Un très joli film... Un peu trop sage, peut-être.