#Municipales: qui parlera de la pauvreté dans les villes ?

Publié le 28 février 2014 par Juan
La pauvreté va-t-elle s'inviter dans la campagne municipale ? Pas si sûr. Les pauvres votent peu, ou pas. L'abstention fait des ravages chez les plus précaires. Pires, certains ne sont même pas domiciliés. Ici ou là, le sujet fait enfin surface. La pauvreté se voit pourtant facilement. Dans les villes ou ailleurs.

Bidonvilles, encore.

Le 12 février, Mediapart réalise un reportage sur un bidonville. Quelques jours plus tard, le site publie des photos, des clichés incroyables, tristement incroyables. A quelques dizaines près, on se croyait revenu en 1950, au même endroit.
"En regardant les photos, nous sont revenues en mémoire celles prises dans les années 1950 dans les bidonvilles de Nanterre ou Saint-Denis. À l'issue d'une recherche d'archives, voici le face-à-face entre images d'hier et d'aujourd'hui. En près de 50 ans, bien peu de choses ont changé, si ce n'est qu'on ne dit plus bidonville, mais camp." (Nicolas Serve, avec Monique Hervo et Pierre Douzenel pour Mediapart)
En quelques photos, on comprenait la précarité. 
Davantage qu'il y a 60 ans, ces bidonvilles au coeur de la cinquième puissance économique mondiale ont quelque chose de choquant et d'anachronique.

Pauvreté urbaine

Fin janvier, le Centre d’observation et de mesure des politiques d’action sociale publiait une étude sur la pauvreté en milieu urbain, dans les 100 plus grandes villes de France. Les résultats sont précis, ville par ville.
Le bureau d'analyse prend quelques précautions: ces données "doivent être utilisées avec beaucoup de précaution. D’abord parce qu’il s’agit d’estimations de prestations et non des montants effectivement perçus par les ménages. Ensuite, notre classement est très dépendant du seuil de population que nous utilisons. Il faut environ au moins 54 000 habitants pour figurer parmi les 100 plus grandes villes. En fixant le seuil à 30 ou 10.000 habitants, le classement aurait été différent."
Neuilly-sur-Seine, la ville la plus riche de France, ne compte "que" 7% de pauvres. A l'inverse, Roubaix décoche la première place, avec 45%. Vous avez bien lu... Près d'un habitant sur deux.
La pauvreté est bien ancrée dans le Sud, comme à Béziers, Perpignan, Avignon ou Nîmes, mais aussi dans le Nord ou l'Est, avec Roubaix, Calais ou Mulhouse.

Marseille, l'ultra-pauvre.

L'étude s'attarde sur les 3 plus grandes villes, Paris, Lyon et Marseille.
Dans la cité phocéenne - 25% de pauvres en moyenne -, les auteurs relèvent jusqu'à 55% de pauvreté dans certains quartiers ! "Dans le 3e arrondissement, nous évaluons le taux de pauvreté à 55 % : plus que Roubaix, commune qui arrive en première position selon le taux de pauvreté parmi les 100 plus grandes villes. Dans les arrondissements voisins du 1er et du 2e, autour du vieux port, le taux de pauvreté atteint 43 % et 44 %." Le candidat socialiste à la Mairie, Patrick Menucci, a pointé le problème: "30% de gens vivent sous le seuil de pauvreté" à Marseille. Il a été rejoint par Stéphane Ravier, candidat frontiste. La pauvreté à Marseille est un objet électoral.
A Paris, où la pauvreté concerne en moyenne 14% de la population, le taux maximal atteint 25% dans le Nord de la capitale (19ème arrondissement).
Les auteurs pointent quelques facteurs explicatifs: le niveau de chômage, le prix des logements tant pour l'achat que la location, et le "type de peuplement des communes (et par exemple l’implantation de populations immigrées démunies)".
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