Alors qu’il semblait évoquer un sujet poignant sur un mode vivant et original, ce roman n’est en fait qu’une longue, très longue introspection. Il évoque pourtant la douloureuse condition d’une victime d’un système archaïque où les femmes sont méprisées dès qu’elles s’écartent du droit chemin fixé par les hommes, et ne parlons pas de leur progéniture qui en subit les conséquences ad vitam aeternam. L’enfance se découvre telle une thérapie, et à chaque page un voile se lève, comme on creuse un peu plus profond dans les méandres des traumatismes de Salie, qu’elle revit comme s’il s’agissait d’une autre. La violence sourde devient de plus en plus prégnante par l’intermédiaire du fantôme de cette “Petite” qui poursuit Salie jusqu’à ce qu’elle s’admette à elle-même ce qui cloche.
Cependant, les presque quatre cents pages du livre ne durent, dans les faits, qu’un jour où deux, pendant lesquels la narratrice se torture, débat avec elle-même, se lance dans ce qui ressemble davantage à un essai, à un journal ou à une psychanalyse qu’à un roman. Et finalement, c’est long, introspectif, répétitif et j’ai perdu le fil des réflexions de la narratrice qui m’a surtout semblé se débattre avec elle-même, dans un discours certes très beau, dans une langue particulièrement belle et soignée, mais qui reste souvent très fermée pour le lecteur. Je me suis sentie très extérieure à cette histoire, lassée par une intrigue qui finalement n’avance pas et par un passé qu’elle n’affronte qu’en mot ou en pensée mais pas en acte.
La note de Mélu:
Une histoire qui n’est pas dépourvue d’intérêt mais dont le mode de récit ne m’a pas séduite.
Un mot sur l’auteur: Fatou Diome (née en 1968) est une auteure franco-sénégalaise.
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