Le chômage est sûrement un des problèmes essentiels de la France. Tous les politiques, tous les syndicalistes en parlent. En se focalisant quasi-exclusivement sur ce seul aspect des nombreuses difficultés nationales, le gouvernement met en œuvre des solutions qui ne résolvent pas le fond du problème. En effet, c’est cette vision rétrécie qui a conduit à chercher à tout prix à diminuer le taux de chômage en créant artificiellement des « emplois aidés », c’est-à-dire des emplois essentiellement de type non-marchand qui ne participent donc pas à l’enrichissement ou au désendettement du pays. De plus, ce sont des emplois essentiellement provisoires, la majorité des bénéficiaires se retrouvant au chômage à la fin de leur contrat à durée déterminée. Si, comme il semble le faire depuis très peu de temps, le gouvernement s’efforce, non pas de diminuer le chômage, mais de créer des emplois productifs, c’est-à-dire dans le secteur concurrentiel, alors les mesures à prendre sont de nature totalement différente. Pour réussir dans cette voie, il faut aider les entreprises, plus que les individus. Ce sont elles qui, finalement, créent les emplois productifs. Pour créer des emplois nouveaux, l’entreprise a besoin d’investir ; donc besoin d’avoir des profits qu’elle peut affecter aux investissements. S’insurger contre les profits des entreprises, comme on l’entend souvent de la part des partis politiques de gauche est un non-sens économique. Le profit va : 1- à la rémunération des actionnaires (paiement du risque) ; 2 – aux impôts, c’est-à-dire à l’Etat ; 3 – aux investissements. Les actionnaires doivent avoir le sens du collectif et du long terme, ce qui n’est malheureusement pas le cas des fonds d’investissements qui recherchent une rentabilité immédiate et maximale de leurs actions. L’Etat, à la recherche désespérée de moyens financiers, est tenté en permanence de surimposer les entreprises, ce qui est électoralement plus facile que d’augmenter les impôts des citoyens. Les investissements ne sont pas toujours orientés vers le développement de l’entreprise et servent parfois au rachat des actions par l’entreprise elle-même pour revaloriser ces dernières, ce qui est une opération purement boursière et qui ne relance pas l’économie. L’investissement dépendant des profits, ceux-ci dépendent de la compétitivité de l’entreprise et de la croissance des économies mondiale et nationale. C’est-à-dire de l’avenir. On ne peut donc demander à l’entreprise de s’engager sur la création d’un nombre défini d’emplois, qui ne peut rester qu’un objectif, TOUTES CHOSES EGALES PAR AILLEURS, et qui peut prétendre que rien ne changera dans le monde ? Demande-t-on d’ailleurs aux syndicats de s’engager à ne pas faire grève durant quelques années ? La seule contrepartie que l’on peut demander aux entreprises est des engagements de moyens mais sûrement pas de résultats. Tout ce qui peut accroitre les bénéfices constitue donc un levier pour permettre les investissements. Ainsi, les mesures qui diminuent la pression fiscale sur les entreprises sont bonnes pour l’investissement (nécessaires mais non suffisantes). A tout cela, il faut deux conditions. La première est que les intentions gouvernementales ne restent pas au niveau du vocabulaire. On peut être méfiant sur ce point. Après avoir mis en avant le choc de compétitivité, le choc de simplification, voilà aujourd’hui le pacte de responsabilité. Qualifier une intention n’a jamais fait une action. Il faut sortir du gouvernement de la parole. La seconde est que les syndicats, obnubilés par un engagement ferme des entreprises sur la création d’un nombre d’emplois fixé d’avance, comprennent que la création d’emplois dans une entreprise dépend de la conjoncture économique qui, elle-même, ne dépend pas uniquement de la volonté gouvernementale et que, donc, la création d’emplois ne peut être qu’un objectif.