Les débuts (suite)
Tuez votre maîtresse ou battez-vous en duel, avons-nous dit,
et vous ferez un début sensationnel, surtout si vous savez donner de la
publicité à l’affaire.
Il ne peut être question de rater votre maîtresse ;
si elle en réchappe, vous vous serez donné beaucoup de mal pour rien. Donc,
avant de faire votre coup, exercez-vous longtemps à l’avance et ne laissez rien
au hasard. Prenez la précaution de vous faire photographier avant le crime,
afin que les journaux publient autre chose que la photographie qui sera prise
de vous à l’anthropométrie et où vous serez représenté sans faux-col ni
cravate, c’est-à-dire très désavantagé physiquement. Autant que possible, tuez
une maîtresse que vous n’aimez plus et qui se cramponne, de cette façon vous
ferez deux excellentes affaires en même temps.
Quant au duel, c’est un moyen
qui fut beaucoup à la mode, mais qui a été très galvaudé. Il est encore
cependant honorable. Le duel importe peu, c’est sa préparation qui est
essentielle. Il faut que les échanges de lettres et polémiques qui le
provoquent durent interminablement. Tous duellistes littéraires qui se
respectent doivent faire appel, pour diriger le combat, à
M. Rouzier-Dorcières.
P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.