6. La Fondation du Patrimoine, créée en 1996, a vu naître une Délégation pour
l’Île-de-France en 2000, comprenant des délégués par département dont la
Seine-Saint-Denis.
Ayant comme fonction la sauvegarde du patrimoine et sa restauration, elle a
participé à la réalisation de 2 projets. L’un concerne la restauration de l’église de
Rosny et l’autre, l’Orangerie de Clichy/sous/Bois.
Nous sommes intéressés pour partager avec elle des coopérations car son label
permet d’intervenir sur des immeubles ou propriétés non protégés au titre des
monuments historiques mais présentant un réel intérêt patrimonial.
7. Évoquer le patrimoine à Romainville, c’est penser à l’histoire de la commune et
également à sa mémoire. Au plan du patrimoine historique, nous pensons
évidemment au classement de l’église Saint-Germainaux monuments historiques,
et plus récemment au Trianon. Nous ne saurions cependant en rester là !
Nous pensons au site où a été édifié le château. C’est un lieu chargé d’histoire. Il
est attaché à la figure du Marquis de Ségur, dignitaire de l’ancien régime qui avait
fait de Romainville sa résidence de plaisance et qui nous a laissé l’église de
Brongniart.
Ensuite ce lieu a été le témoin d’une grande aventure industrielle avec
l’exploitation des carrières de gypse. Il faut y ajouter sa situation géographique
unique dominant la plaine. Il est donc impensable qu’il puisse être laissé en friche.
En matière de mémoire industrielle, il convient de noter l’installation des
laboratoires Roussel en 1920 devenus ensuite Roussel-Uclaf, entreprise qui
comptera plus de 5000 salarié-e-s. Un potentiel qui sera trouvera bradé au nom
d’intérêts financiers. Il n’en reste plus rien aujourd’hui si ce n’est, fort
heureusement, l’horloge et les écuries.
Mais d’autres bâtiments méritent une attention particulière, c’est le cas de celui
abritant le centre de santé, des écoles Charcot-Barbusse, des nombreuses sentes et,
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bien entendu, ce que nous appelons le cœur du village situé face à la mairie.
C’est dans les rues de Paris, Gabriel Husson, Saint Germain que se trouvent
encore des propriétés abritant de nombreuses fermes dont il faut absolument
pérenniser l’existence. C’est également le cas de quelques propriétés se trouvant
avenuePierre Kérautret. Il serait temps de procéder à un inventaire patrimonial qui
Deviendrait, en quelque sorte, une boussole pour la protection de ce patrimoine
historique.
Parler patrimoine, c’est aussi parler mémoire. De ce point de vue la
guerre 39-45 aura laissé une marque indélébile avec l’internement des résistantes et
résistants au fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas. Ce camp a un
statut particulier puisqu’il fut le seul, avec Compiègne, à être sous administration
allemande. A l’entrée du fort, trois plaques évoquent, la détention, de 7000
prisonniers, dont 3900 femmes en préalable à leur déportation ou à leur exécution,
la mort de 46 « otages » fusillés au mont Valérien le 21 septembre 1942, et le
départ de 230 femmes à destination du camp d’Auschwitz le 24 janvier 1943.
8. Pour toutes ces raisons, nous pourrions l’illustrer de manière encore plus précise,
Romainville est une des villes de la Seine-Saint-Denis possédant une histoire
patrimoniale. Une histoire, certes, incomparable à des villes comme Saint-Denis
ou encore Montreuil, mais Romainville fait partie des villes qui méritent que nous
nous y attachions.
L’histoire de la Seine-Saint-Denis est évidemment récente au plan institutionnel,
puisque le département a été créé en 1967. Mais son histoire ne commence pas à
cette date.
Son symbole c’est évidemment la ville de Saint-Denis et ce n’est sans doute pas
un hasard si le département porte en partie son nom. On pourrait encore évoquer la
ville de Montfermeil, de Drancy restée tristement dans les mémoires avec son
camp qui devrait devenir musée national de la déportation.
La Seine-Saint-Denis c’est aussi son histoire maraîchère plus particulièrement
liée à la ville de Bobigny. Paradoxe que d’imaginer Bobigny, ville préfecture
aujourd’hui, en ville maraîchère il y a moins d’un siècle.
Mais c’est aussi le patrimoine industriel et la mémoire ouvrière qui marquent
l’histoire de notre département le plus industriel de toute l’île de France et qui a
subi de plein fouet la désindustrialisation des années 1970-1990.
9. Après la loi de 1913 permettant l’inscription aux monuments classés présentant un
intérêt national et l’inscription au titre des monuments historiques présentant un
intérêt régional, la loi du 2 mai 1930 est intéressante dans le sens ou elle rapproche
les procédures entre classement des monuments et les sites et espaces naturels en
créant la catégorie de « site inscrit » et « site classé ». Ainsi, tout l’espace se
trouvant autour du château qui devrait, un jour , être la « Corniche des forts »
pourrait , pour les raisons invoquées précédemment, être susceptible de bénéficier
d’une inscription au titre de la catégorie des sites « inscrits ».