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Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a continué à grimper au mois de janvier, avec 8 900 nouveaux inscrits à Pôle emploi (+0,3%), portant leur nombre au niveau record de 3,31 millions.
Au cours des trente dernières années, la France a déjà connu des périodes où le chômage a été encore plus important qu'aujourd'hui, mais jamais il n'avait été confronté à une hausse aussi brutale et rapide. Et selon les prévisions actuellement disponibles, c'est loin d'être fini : bien que l'économie française soit sortie de la récession, 2014 devrait être marquée par une nouvelle hausse sensible du chômage. La reprise est en effet très lente et l'activité n'est toujours pas revenue au niveau d'avant la crise. Les entreprises qui avaient souvent fait le dos rond au cœur de la tempête ajustent désormais leurs effectifs à la baisse.
Au-delà même des importantes difficultés que le chômage de masse impose à ceux qui le subissent directement, son retour risque d'avoir un effet particulièrement délétère sur une société dont la cohésion sociale était déjà très fragilisée. En désespérant en particulier une jeunesse qui s'était prise à croire que les papy-boomers allaient lui libérer la place sur le marché du travail. Le chômage pourrait bien aussi tuer la reprise économique elle-même, car il risque d'avoir raison de la consommation des ménages, qui avait bien résisté jusque-là et tirait l'activité.
Après le volontarisme des dirigeants face à la crise bancaire fin 2008, on ne peut qu'être surpris par leur timidité. Toutefois, il faut rappeler que nombre des mesures qui permettraient de limiter les dégâts -réduction du temps de travail, emplois aidés, emplois publics- impliqueraient de revenir sur les promesses de campagne de Nicolas Sarkozy.
Des propositions... - Pour créer des emplois, le gouvernement Ayrault veut surtout soutenir les très petites entreprises et les entrepreneurs individuels. Il a ainsi supprimé les cotisations sociales des salariés recrutés au niveau du Smic dans les entreprises de moins de dix salariés. En décembre dernier, 740 000 emplois en avaient bénéficié, selon le gouvernement. Le chiffre est élevé, mais pour une bonne part lié à ce qu'on appelle un "effet d'aubaine" : ce type de mesures coûte en effet très cher aux finances publiques, alors que la plupart des emplois qui en bénéficient auraient été créés même sans ces allègements.
La deuxième grande politique menée par le Premier Ministre et ses "ouailles" consiste à inciter les gens à se mettre à leur compte. 580 000 entreprises ont vu le jour l'an dernier, contre 331 000 en 2008, soit une hausse de 75 % malgré la crise, grâce notamment au succès du statut d'auto-entrepreneur. Malheureusement, si ces entreprises nouvellement créées soulagent temporairement les statistiques du chômage, la grande majorité d'entre elles ne survivront pas : dans un tel contexte, beaucoup de ceux qui se sont lancés dans l'aventure connaîtront même de grandes difficultés financières. Sans oublier que ce n'est pas vraiment de toutes petites entreprises dont l'économie française a besoin, il y en a déjà trop.Que faire ? - Il existe d'autres actions potentiellement efficaces que l'Elysée répugne encore à recourir. De même que l'Etat endosse le rôle de banquier en dernier ressort lorsque le système financier risque de s'écrouler, il peut et doit aussi être l'employeur en dernier ressort lorsque le chômage menace de plonger l'économie et la société française dans la crise. Cela peut prendre la forme de la création d'emplois publics. Il faut naturellement être prudent : compte tenu de la protection statutaire dont bénéficient ces emplois, ces créations sont difficilement réversibles. Mais pour l'instant, le problème ne se pose pas : le gouvernement entend, au contraire, supprimer 30 000 emplois dans la fonction publique (dont 16 000 à l'Education nationale), soit le plus grand plan social du pays.La réduction du temps de travail pourrait, aussi, limiter le nombre de chômeurs. Mais loin d'aller dans ce sens, le gouvernement continue d'encourager les salariés à travailler des heures supplémentaires à grand renfort d'argent public. Depuis quelques années, malgré la crise, on a encore enregistré 676 millions d'heures supplémentaires subventionnées, soit l'équivalent de 434 000 emplois. Un emploi coûte en moyenne €41.000/an, charges comprises. Les €4Mds dépensés pour subventionner les heures supplémentaires auraient donc pu permettre de financer quasiment entièrement 100 000 emplois en plus !Bien que l'économie française soit sortie de la récession, l'emploi continue de diminuer dangereusement. A ce jour, personne ne voit l'ombre d'une amélioration...FG