Avec : Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, George Memmoli, Gerritt Graham, Archie Hahn, Jeffrey Comanor, Peter Elbling, Herb Pacheco, Carol O'Leary, Gene Gross, Troy Haskins...
Genre : Comédie - Drame - Musical - Épouvante - Fantastique.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 32.
Date de sortie : 25 février 1975.
Synopsis : Winslow Leach, jeune compositeur inconnu, tente désespérément de faire connaître l'opéra qu'il a composé. Swan, producteur et patron du label Death Records, est à la recherche de nouveaux talents pour l'inauguration du Paradise, le palais du rock qu'il veut lancer. Il vole la partition de Leach, et le fait enfermer pour trafic de drogue. Brisé, défiguré, ayant perdu sa voix, le malheureux compositeur parvient à s'évader. Il revient hanter le Paradise...
Bande annonce française
"- Phoenix, Swan here. I want you to answer a question for me.
- Yes.
- What would you give me to sing?
- Anything you want.
- Anything? Would you give me your voice?"
Cet avis à été écris il y à plusieurs années lorsque j'ai découvert le film pour la première fois en DVD. Je le reposte aujourd'hui car j'ai eu l'occasion de le revoir en salles récemment et mon avis n'as pas changé.
Ça fait un sacré moment déjà que je souhaitais voir ce film. J'en avais souvent entendu parler et la seule image que j'en avais vu, c'était la jaquette du dvd avec un gros plan sur la tête du célèbre Fantôme. Considéré comme culte par de nombreuses personnes, "Phantom of the Paradise" me faisait un peu peur cependant. J'avais peur de ne pas accrocher et de me retrouver face à un film qui m'ennuierait aller savoir pourquoi. Pourtant, toujours bien décidé à le voir, je n'ai pas hésité en l'empruntant à ma médiathèque afin de pouvoir enfin le découvrir.
J'ai été je dois dire agréablement surpris. S'inspirant principalement du fameux "Le Fantôme de l'Opéra" de Gaston Leroux, le film est surtout un énorme trip de Brian De Palma qui nous raconte une histoire totalement décalé où se mêle musique, épouvante, romance, drame, fantastique... Rempli de références (Alfred Hitchcock, Orson Welles, Oscar Wilde, Faust...), le film nous fait rentrer dans ce délire dès les premières scènes sans jamais relâcher la tension. Avec le temps, le rendu final est certes un peu kitsch mais cela fonctionne toujours.
On ne cesse d’alterné entre véritable moment de tension et moments de musique plus léger le tout avec un suspense et un humour cohérent de bout en bout. Très original, le scénario écrit par Brian De Palma s'inspire du roman de Gaston Leroux et en fait quelque chose de totalement différent avec sa propre signature. Il y à quelques passages un peu gros mais quand on rentre dans le film et qu'on le voit comme un énorme délire de son créateur, cela passe tout de même. Les facilités scénaristiques sont donc omniprésente et certaines ficelles peuvent s'avérer classique mais plus le film approche de la fin et plus on se demande quel sera l'issue finale.
Il est assez dur de classer ce film dans un registre précis tant il touche à beaucoup de genre : comédie musicale, drame, épouvante, romance... Le scénario est un melting pot de tous ses élément qui mis bout à bout nous donne quelque chose de vraiment captivant, de décalé et d'original. En arrière plan, on y découvre une satire assez intéressante aussi sur le monde de la musique avec ses artistes et ses producteurs ainsi que la manipulation qui peut être effectué afin de s'offrir les faveurs du public. Une satire de la société qui peut même s'avérer encore efficace et convaincante de nos jours.
Le casting est lui aussi très bon. Au début en voyant évoluer tous ses acteurs avec leurs stéréotypes j'ai eu un peu peur mais au final ça colle bien avec le film et leurs prestations restent correct. William Finley est parfait dans le rôle de Winslow Leach, personnage un peu léger que l'acteur va réussir à transcender une fois qu'il deviendra le fameux fantôme. Constant de bout en bout, on sens dans son interprétation l'évolution de la folie de son personnage à qui tous les coups bas ont été donné. Joué avec un masque est jamais facile pour un acteur mais William Finley réussi cependant à faire passer pas mal de chose surtout grâce à son charisme et au timbre de sa voix même si en revanche du côté de la gestuelle ça peut paraitre un peu exagéré par moment, trop "chorégraphie" mais là encore, ça va bien avec le film.
Paul Williams s'en sors bien lui aussi dans le rôle de Swan. Pourtant c'était pas gagné d'avance car en plus d'être très kitsch, j'ai pas trouvé que l'acteur possédait une once de charisme mais il arrive à tenir la route quand même. Chez lui aussi c'est un peu surjoué par moment mais ça correspond à une époque dans lequel le film est bel et bien ancré. Au final, je me suis vite habitué à son jeu et au côté superficiel de son rôle. Le côté kitsch de son personnage peut d'ailleurs faire sourire mais en même temps, le côté machiavélique est assez bien interprété je trouve pour que ça marche.
Jessica Harper est elle très légère. Son registre de jeune femme fragile qui ne vit que pour ses convictions sens le déjà vu mais ça fonctionne. Pas toujours mise à son avantage (c'est quoi cette chorégraphie lors de son audition ?), l'actrice arrive à rester constante et permet d'éviter que son rôle soit trop transparent. Il aurait pu être d'ailleurs un peu plus développé car je pense qu'il y avait matière à faire avec le duo le fantôme - Phoenix. La romance est fort heureusement pas trop appuyé, elle possède même sa propre poésie ce qui est une bonne chose. Mon seul regret concernant ce personnage, c'est sans doute son évolution peut être un peu trop brutal vers la fin sur son caractère, son personnage ayant en grande partie son âme détruite par le pouvoir que Swan exerce sur elle.
Gerritt Graham m'as quant à lui bien fait rire. Il est si déjanté que cet acteur est sans doute celui qui représente le mieux le délire de ce film. Son rôle de Beef est exagéré à son paroxysme et nous offre de grand moment de comédie assez mémorable je trouve. C'est aussi un peu avec son personnage que "Phantom of the paradise" m'as fait pensé au trip de "The Rocky Horror Picture Show". Quoiqu'il en soit, même si lui aussi est dans la surenchère, ça fonctionne. Je pense même qu'il aurait pu être plaisant de le voir un peu plus joué avec les clichés de son rôle.
Concernant le reste de la distribution, c'est du même acabit. Tout le monde est dans le surjeu mais pas dans un surjeu qui sonne faux. Bien au contraire, ce surjeu fait partie intégrante de ce trip auquel il faut adhérer dès le début pour s'amuser devant ce spectacle. Pas très fan de Archie Hahn, Jeffrey Comanor et Peter Elbling, les membres des Juicy Fruits, j'ai apprécié le côté un peu lourdaud de George Memmoli dans le rôle de Arnold Philbin. Petite aparté, afin de vraiment apprécié le film, je recommande de voir le film dans sa version originale car le doublage français des acteurs et pas toujours à la hauteur malheureusement. D'une manière générale de toute façon, j'ai une plus grande tendresse pour la version originale dans les comédies musicales dans le sens où le passage entre les moments parlés et les moments chantés m'apparaissnt plus juste sans que la coupure soit trop brutale.
Le film regorge de mille et une idée. Chaque plans est d'une réussite incroyable et Brian De Palma à l'air de s'amuser comme un fou derrière sa caméra. Élément important dans le rythme du film, sa mise en scène est à la fois dynamique et originale. Il y à un petit côté opéra qui n'est pas trop lourd tandis que visuellement, beaucoup de choses ont été faite pour accentuer les références du scénario. La fameuse scène de la douche clin d'œil inévitable du "Psychose" d'Alfred Hitchcock en est d'ailleurs la preuve. Ce délire est fait dans le respect sans jamais tomber dans le graveleux inutile.
Cette mise en scène est libre, aéré, très fraîche et contribue largement à la réussite globale du film. Les décors sont très soignés ainsi que les costumes à commencé bien sûr par celui du Fantôme qui apporte charisme et classe à William Finley. Ce costume l'aide d'ailleurs beaucoup pour rendre son personnage plus consistant. Certains effets visuels ont un peu vieilli mais je pense que pour l'époque c'était tout de même assez bien ficelé. La restauration du film l'aide en tout cas à très bien vieillir et fait aussi parfaitement honneur au travail qui à été fait sur la photographie et l'utilisation de la lumière.
Bien sûr le côté kitsch de l'oeuvre est très prononcé de nos jours mais c'est aussi ce qui lui donne encore plus de charme et lui permet de plutôt bien vieillir malgré le temps qui passe. Quant à la mythique bande originale composée par George Aliceson Tipton et Paul Williams, tout comme le film elle peut paraitre un brin kitsch maintenant mais nous offre tout de même des morceaux remarquables. Paul Williams qui en plus d'être acteur signe ici la composition du film à réussi à faire quelque chose de vraiment marquant. La bande originale est aussi culte que le film en lui même est chaque morceau est parfaitement bien choisis que ce soit "Old soul", "The Phantom's theme", "Faust" ou encore le légendaire "The Hell Of It" qui clôture très bien l'ensemble. Le sujet est maitrisé de bout en bout.
Pour résumer "Phantom of the Paradise" n'est pas à regarder comme un simple film. Il faut rentrer dans le trip de Brian De Palma qui se laisse aller autant du point de vue du scénario que du point de vue de sa réalisation. Je regrette de ne pas l'avoir vu plus tôt tant j'ai trouvé ce film remarquable avec toutes les bonnes idées qui regorge. Le film à pris un peu de l'âge ce qui accentue le côté kitsch mais pour moi le résultat est efficace. Je comprend pourquoi ce film est considéré comme culte en tout cas au même titre que sa bande originale qui est elle aussi remplie de trouvailles. On sens qu'il y à eu un certain plaisir à faire ce film et les nombreuses références permettent d'apporter un petit plus non négligeable au film. J'ai passé un très bon moment devant ce divertissement que je recommande chaleureusement. Ce long métrage fait partie de ses films qui nous prouve que l'on peut faire des relectures plus qu'intéressante à certaines œuvres tout en y apposant sa propre signature. De mon côté, je me suis laissé prendre au jeu en tout cas.