Hier soir, j’ai tenu un nouveau-né dans mes bras. Bon, il avait un mois, il était encore tout neuf et bien mignon. Encore une fois j’avais oublié que c’était si petit, un petit d’homme.
Ca sent si bon un bébé, sous son duvet le crâne tout chaud, dans son pyjama les minuscules pieds. J’avais cru qu’on ne se vaccine jamais contre ce genre de choses –le nourrisson est malin. Il m’a aidée, le pauvre : il a beaucoup pleuré.
Et moi, j’étais là impuissante, avec mes jolies idées. J’ai donné mes bras, j’ai proposé l’écharpe, j’ai massé, chanté, câliné. Oh comme je savais combien les premiers temps sont difficiles quand un bébé arrive avec le mode d’emploi en chinois. Comme j’ai essayé de les encourager, de leur dire comme je comprenais leurs yeux fatigués et leur mine presque déçue. Comme je me suis maudite de ne servir à rien qu’à leur dire ma compassion, pendant qu’on éclusait tous le planteur en cherchant en vain une solution.
Comme c’est moche de voir un tout petit souffrir sans pouvoir répondre et le soulager. Alors j’ai juste dit que j’avais des bras et tellement d’enfants qu’un de plus ou de moins ne ferait pas la différence, que je n’étais plus à quelques pleurs près, s’ils avaient un furieux besoin de calme chez eux, quelques heures, ou une furieuse envie de le passer par la fenêtre, quelques secondes.
En les laissant à leurs doutes, je me suis sentie bien misérable. Vraiment.