Désormais, l’incohérence et l’arrogance patronales n’ont plus de limites !Hier, la politique des grands seigneurs du CAC 40 était équivoque.Aujourd’hui, elle est clairement désastreuse !Voyons plutôt…Au cours d’un voyage aux Etats-Unis payé par le contribuable français, le président du Medef (intermittent de la politique) s’est empressé de prendre la parole devant la presse internationale pour… humilier la France et son Président !Le même président du Medef avait promis, juste avant cette sortie de sabotage, à grands coups de menton et effets de manches, d’embaucher bientôt un million de salariés… pour demander maintenant, avec les mêmes effets de membres et de verbe, d’exclure du monde du travail des milliers de salariés dont le statut de grande précarité mérite plutôt réflexion que condamnation : les intermittents du spectacle !Sa proposition : supprimer le régime social qui permet aux artistes et techniciens du cinéma, du théâtre, des créations de rue, de la télévision (grosse consommatrice de travailleurs à la tâche), de travailler quand eux, patrons, leur accordent le privilège de leur confier une mission, puis de recevoir une indemnisation de survie quand ces mêmes patrons les jettent après les avoir pressés comme des citrons !Il semble vouloir ignorer que les effets d’une telle décision serait de nature à assassiner la création française (et à ouvrir nos vannes aux vagues nauséabondes venues d’anglosaxonnie – ce qu’il souhaite sans doute !). Il semble vouloir ignorer aussi qu’elle priverait ses amis entrepreneurs du spectacle -et d'innombrables sous-traitants- d’un système modèle de flexibilité qui leur permet d’adapter leur voilure salariale aux vents du marché qui les poussent.Or ce sont les mêmes qui réclament à corps, à cris et à menaces : la refonte du Code du Travail, l’abandon des règles contraignantes de protection des salariés, la plus grande souplesse sur le marché aux esclaves !Ces patrons représentés par le Medef et son curieux Président sont bien trop intelligents pour scier les branches sur lesquelles ils sont assis, auxquelles ils ont suspendu leurs sacs d’or !Posons-nous donc une question simple : quels sont les objectifs visés par ces gens-là ?Outre le premier qui serait de soumettre la culture française à la volonté hégémonique des Etats-Unis, ne serait-ce pas de vouloir produire un état d’inculture en France semblable à celui dont rêvait Richelieu (n’a-t-il pas écrit : « L’éducation du peuple est de nature à ruiner le pays… ») qui faciliterait toutes les manipulations politiques et d’intérêts ?Ou, plus simplement, ne serait-ce pas, en faisant croire à la population en détresse que ses souffrances seront apaisées si l’on condamne et exclut de la solidarité nationale certaines catégories de travailleurs qualifiés de « profiteurs » ? Une telle intention serait criminelle car, visant à opposer des catégories de travailleurs entre eux, les « permanents » et les « intermittents », elle ouvrirait la voie aux pires populismes.Si vos intentions sont pures et favorables au développement industriel et commercial de notre pays (ce que je veux encore croire), Monsieur du Medef, à l’épanouissement de sa culture, à l’embauche promise d’un million de salariés (votre propre promesse), alors il vous faut changer d’urgence d’attitude envers notre peuple : cesser les basses attaques contre la France lorsque le contribuable vous offre des escapades à l’étranger, cesser de condamner un exemple d’une flexibilité que vous réclamez par ailleurs sans cesse (vous voulez embaucher et débaucher sans contraintes !), respecter celles et ceux qui, par leur production au quotidien, vous permettent de générer des profits qui seraient légitimes s’ils étaient réinvestis ou justement répartis.A votre suggestion de supprimer le régime des « intermittents du spectacle », je me permets de répondre par une autre suggestion : supprimer le régime des « intermittents du travail », ce régime de celles et ceux qui amassent des fortunes en vivant couchés, qui engloutissent dans des comptes de paradis fiscaux les fruits des efforts de leurs salariés, ce régime des rentiers de plus en plus nombreux et riches, des actionnaires vampires qui saignent les entreprises avant de les abandonner au vent des misères ouvrières, des propriétaires-spéculateurs cachés derrière des écrans de P.D.G. serviles dont ils paient grassement les exactions…Là est le véritable défi pour notre avenir, Monsieur du Medef ! Pas dans vos gesticulations ni propos atterrants, pas dans votre fausse bonhomie, pas dans vos manipulations de promesses qui, à l’instar de celles que vous reprochez aux « élites » politiques, risquent de n’être jamais tenues.Là serait votre honneur.Là est votre devoir !Bon courage.Salut et Fraternité.
Image couverture de Au Plaisir d'Ena G. Laporte éditions DGP Québec