#CopéGate: comment la droite règle ses comptes

Publié le 27 février 2014 par Juan

Le sort semble s'acharner sur celui qui aspirait il y a encore peu à la fonction suprême. L'hebdomadaire Le Point accuse Copé d'avoir surfacturé des prestations de communication au parti qu'il préside.

Nouveau scandale

D'après Le Point, la filiale d'une agence de communication baptisée Bygmalion a facturé pour huit millions de prestations à l'UMP pendant la campagne présidentielle de 2012. Les révélations comportent plusieurs volets.
1. Ces prestations, pour 8 millions d'euros, auraient été surfacturés. Le Point a récupéré des documents édifiants: "Lors des meetings, les frais de traiteur, de retransmission vidéo et d'éclairage atteignaient parfois le double des tarifs habituels !"
2. L'agence en cause, Bygmalion, appartient à deux anciens collaborateurs et "proches" de Jean-François Copé, Bastien Millot et Guy Alves. Le premier officie régulièrement à la radio (sur Europe 1) et à la télévision.  L'agence a été créée en 2008.
3. Le Point a aussi découvert que Bygmalion a eu pour actionnaire pendant 3 ans une SARL logée au Luxembourg, elle-même détenue par une holding familial d'Emmanuel Limido. Ce dernier, "un gestionnaire de fonds très lié au Qatar", avait oeuvré comme intermédiaire pour deux transactions immobilières entre l'Etat et le Qatar en 2006 et 2007, autorisées par le ministre du budget de l'époque, ... Jean-François Copé. Limido a récemment racheté l'AJ Auxerre.
Au passage, l'hebdomadaire ose titrer, dans son édition du 27 février 2014: "Sarkozy a-t-il été volé ?"... Comme si Nicolas Sarkozy était propriétaire du parti... 
 L'actuel président de l'UMP subit donc une nouvelle affaire, une autre accusation de fraude contre son propre parti. Au-delà du scandale lui-même, on peut s'interroger sur cette capacité d'autodestruction violente qui frappe encore la droite.

Règlement de comptes

Comme souvent, on peut craindre que cette affaire soit le fruit de confidences internes. Si la gauche se déchire dans le verbe, la droite classique règle ses différents politiques dans la violence et la délation. Le Point dissimule à peine qu'il a eu des sources internes: "Le Point a enquêté sur ce que certains au sein du parti qualifient de véritable "hold-up"."
Au niveau national, on se souvient de la guerre Balladur/Chirac qui a permis et/ou accélérer la révélation de nombre d'affaires, des emplois fictifs de la Mairie de Paris sous Jacques Chirac au financement occulte du Parti Républicain allié aux Balladuriens. L'affaire Clearstream illustre aussi comment la droite règle ses comptes.
Cette fois-ci, il y a fort à parier que le coup vient du camp Fillon. Conjecture facile ? Peut-être. Accusation gratuite ? Pas vraiment. Si personne  à droite ne croit plus aux chances de Copé pour la présidentielle de 2017, les supporteurs de Fillon souffrent également. Leur candidat s'est révélé aussi idéologiquement inconstant qu'il fut sarko-servile pendant 5 ans.
Jean-François Copé a prévenu qu'il porterait plainte pour diffamation.
Cela commence toujours ainsi.