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Terminus les étoiles

Par Alainlasverne @AlainLasverne

 

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GRAPH 77
otre siècle comme le précédent peuvent être qualifiés de siècles de l'info, haut la main. L'info qui se présente sans dessus dessous, ou plutôt sans dessous et dessus, nous arrive en quantité proprement phénoménale. Qui n'avait que le journal hebdomadaire au début du Xxème siècle, se gave aujourd'hui de télé, de Net et de papier, sans oublier les radios qui, mine de rien, capturent du consommateur en masse, comme les portables collés à nos yeux et nos oreilles.

Les états-uniens, c'est-à-dire nous avec quelques années de décalage, consommaient en 2010 38% d'info en plus que dans les années 80. Quelques heures du temps de veille sont consacrées à la tache répétitive, stressante et mal payée qu'on appelle travail. Le reste de la journée est occupé par l'info. Impossible de résister, douze heures d'écran est une journée ordinaire.

Info qu'on peut définir comme toute proposition révélant l'état modifié d'un élément du monde, qu'il soit concret ou conceptuel, effectif, en cours ou potentiel, réel ou inventé. La pub, le téléfilm, le talk ou le J.T. donnent de l'info, comme les Echos, Philosophie mag et Jazz mag donnent de l'info. Jorion ou Korben donnent de l'info. Basta ! et Gorafi donnent de l'info. Le blog de Julie votre copine du sixième, Fortunéo ou le Bon Coin donnent de l'info. Assaut divers, immense et imprévisible qui fait vaciller la notion de réalité de deux manières.

Le monde devient difficile à discriminer. Comment savoir ce qui est à rejeter et ce qui est important ?

Si l'on se réfère à la visibilité, principe premier de notoriété aujourd'hui, rien n'est important et tout est important. Tout peut trouver une exposition planétaire en quelques heures et tout disparaît de même. Demeurent présents les présentateurs d'info, concepteurs, présentateurs, programmateurs. Voilà la réalité, voilà l'important, ceux qui disent ce qu'est la réalité.

La crédibilité d'une info est aussi problématique. Comment se fier à une annonce, quels filtres, quelles sources ?..

Pas les épaules. Le principe d'autorité cherche toujours à s'imposer. Si des centaines de sites et les journaux majeurs, ou TF1 me disent que l'eczéma de Justin Bieber est plus important que des cas de prion chez les humains en Australie, alors je followe Justin Bieber.

Pas le temps, de toute façon pour choisir. Mon patron m'a rappelé deux fois pour tenir la caisse à Karouf, en début d'après-midi et pour la nocturne du vendredi soir, entre 20h et 22h. Je ne vais donc perdre une heure sur les six qui me restent, sommeil compris, à vérifier si ce que j'ai à peine le temps d'ingurgiter est acceptable.

Pas l'envie. Justin Bieber est quand même vachement plus sexy que des humains malades. De toute façon, aussi bien le prion, c'est une invention...

Le principe de rationalité avec l'ordonnancement du monde qu'il suppose est battu en brèche dans l'infosphère. On ne choisit pas, on suit. On n'apprécie pas, on aime. Loin du consommacteur que vantent certains analystes, nous sommes des merles séduits par un stock de verroterie. Si nous prions, c'est pour que ne tombe jamais en panne cette technologie qui nous projette devant la vitrine.

Le monde s'envole sans nous.

Notre existence est circonscrite sur un bout de territoire très vite borné. Nous fonctionnons dans la répétition, au travail comme à la maison. Nos connaissances, nos amis sont vite comptés et nos ambitions comme nos loisirs sont plutôt pauvres et ordinaires. Bref, notre existence ne bouge guère, elle n'apparaît pas dans les médias et ne trouve jamais de présentateur pour se voir commenter, critiquer, célébrée, car elle ne fédére personne et fascine encore moins.

Ainsi, nous devenons les personnages de second plan. Le second choix après les êtres de lumière aux vies singulières et ces événements hors du commun qui se produisent là-bas, toujours là-bas. D'ailleurs, nous les détestons, nos existences répétitives et bornées. Nous nous sentons si seuls quand nous ne sommes plus reliés à ce courant d’événements magnifiques. Il existe tellement plus que nous. Il ne dort pas, il bouge, il brille tout le temps. Il est tellement plus humain. Il faut de toute urgence nous inventer des consciences qui abandonnent le sommeil et le doute pour enfin se fondre dans l'éther, dans cette galaxie qui jamais ne s'englue ni ne se tait, jamais ne disparaît.


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