Autour de LOOP, pendant une semaine dans cette ville si vivante, si attirante, quelques autres manifestations, pour des lecteurs en voyage ou des lectrices résidentes.
Une visite au Pavillon Mies van der Rohe procure toujours une émotion sereine, un émerveillement mesuré, un sentiment d’intelligence et de raison. On peut y passer des heures à regarder les reflets de l’eau dans le bassin ou les dessins du marbre. Ci-contre, la célèbre photo de Jeff Wall.
En face la Caixa montre deux expositions déjà vues à Paris. Les photos de Friedlander (vues au Jeu de Paume, ici jusqu’au 24 Juin) sont décevantes à quelques exceptions près, et, malgré l’agrément de la visite, je ne reviens pas sur mon opinion. Les gravures et les photos de Hogarth (vues au Louvre; ici jusqu’au 26 Août) sont réjouissantes et acerbes, et on y prend un vrai plaisir. Quant aux toiles du jeune polonais Wilhelm Sasnal (jusqu’au 10 Juin), c’est un exemple typique de la bulle spéculative sur la jeune peinture contemporaine : cher et sans intérêt. Et là, comme dans les rues de la ville, une profusion de statues de Mitoraj imposantes et ennuyeuses.
Au CCCB, une exposition sur les frontières jusqu’au 30 Septembre : le concept de frontière et sa réalité géographique, en Palestine, entre les USA et le Mexique, sur le détroit de Gibraltar, avec des histoires d’espoir et de tragédie. Des photos, des vidéos, des installations entre art et géographie. La plus belle, ci-contre, est une longue pièce où vous avancez entre deux façades maritimes, le Malecon à La Havane et Ocean Drive à Miami. Comme les textes ne sont qu’en castillan et catalan, j’ai regretté de ne pas voir vu l’expo (très beau site) à Lyon cet hiver au Muséum, futur Musée des Confluences.
La Fondation Sunol, qui vient juste d’ouvrir, présente les oeuvres d’un grand collectionneur espagnol, qui a assemblé un ensemble impressionnant d’oeuvres du XXème siècle. Faute d’en parler plus en détail, voici un raccourci saisissant avec La Jambe de Giacometti, une toile de Tapiès au fond (Peinture, 1955) et cette superbe sculpture rouge de Balla de 1915, tellement emblématique du futurisme (Linee-Forza del pugno di Boccioni II, 1915).
Vous pouvez aussi passer des heures à visiter la Fondation Tapiès. L’exposition temporaire y est consacrée à une artiste yougoslave que j’ignorais, Sanja Ivekovic. C’est un travail sur l’intimité confrontée à la société, sur l’affirmation de soi; ses années sous le socialisme colorent son expérience de manière un peu différente. Sa performance Triangle, décrite ici, en est assez révélatrice : le jour où le Maréchal Tito passe dans sa rue (photo au centre), elle s’installe sur son balcon, lit, boit du whisky et se masturbe ostensiblement (photo de droite). Seul un agent de sécurité sur le toit de l’immeuble en face peut la voir (photo du haut). Au bout de 40 minutes, la police monte, sonne à sa porte et lui intime l’ordre de vider le balcon, “les gens et les choses”.
Enfin, il faut visiter les galeries de la rue du Conseil des Cent (j’ai aimé en particulier les vidéos brugheliennes de Jana Sterbak et les sculptures de Ferran Aguilo) et l’intéressante sélection de vidéos d’artistes chinois montrées dans des boutiques de chocolat ou de cosmétique (China Vision).
Je suis conscient que le billet d’aujourd’hui ressemble un peu à un guide touristique, mais je n’avais pas nécessairement des choses très pertinentes à dire sur chacune de ces expositions. Demain, par contre, je vous parle de l’exposition Un théâtre sans théâtre au MACBA, une des expositions les plus impressionnantes que j’ai vues depuis longtemps.