Par Pierre Chappaz.
Le Prési-Mou n’est pourtant pas si mou, à en juger par le matraquage fiscal sans précédent auquel il a soumis les Français depuis son élection, et ses expéditions néo-coloniales en Afrique.
Cet homme maîtrise l’Art de brouiller les pistes. Depuis le début de l’année, les Français ont découvert qu’ils ont élu un « social-démocrate ». Le terme faisant un peu ringard dans l’hexagone, la presse l’a traduit par « social-libéral ». Social-Libéral : ce mariage de la Carpe et du Lapin réjouit la plupart des éditorialistes. Habitués à s’en prendre à l’ »ultra-libéralisme », d’autant plus vigoureusement dénoncé qu’il n’est qu’un fantasme dans un pays ultra-étatisé, ils sautent sur l’occasion de faire leur aggiornamento : finalement le libéralisme, oui, pourquoi pas ! Mais alors le libéralisme-social !
Il faut bien reconnaître que Hollande, après avoir vigoureusement combattu son « véritable adversaire, le monde de la Finance », avec un succès attesté par la chute de 77% des investissements étrangers en 2013, a changé de discours. Il déclare que la France « n’a pas peur des capitaux ». Évidemment, ce sont les capitaux qui ont peur de s’investir en France, pays qui détient désormais le record mondial des taxes sur le capital. Hollande a la vision de l’économie d’un haut fonctionnaire, hors-sol. Ainsi quand il annonce une « politique de l’Offre », expression qu’il a dû retrouver dans ses vieux polys de l’ENA, pour dire politique en faveur des entreprises.
La situation de la France est telle que tout le Monde voudrait que le Président comprenne enfin ce qui cloche. Il progresse lentement, et il part de très loin. Ce qui n’empêche pas les médias, et une grande partie de la classe politique, de saluer le moindre petit pas comme une révolution. Ainsi son annonce d’une baisse des charges, à peu près égale à la hausse qu’il a imposée depuis son élection. On a du mal à comprendre ce qu’il faut applaudir.
Évolution du code du travail.
Si l’idée du Hug à Carlos Diaz aux États-Unis était venue du Président, les entrepreneurs pourraient presque croire que Hollande les aime ! À condition d’oublier que pendant ce temps-là son gouvernement faisait voter la loi Hamon pour rendre plus difficile la vente d’une entreprise. D’oublier que pour qu’un salarié dispose de 100 euros de pouvoir d’achat net, il en coûte 230 euros à l’entreprise (source : Institut économique Molinari). D’oublier les 3200 pages (ou déjà 3300 ?) du code du travail, qui rend l’embauche de salariés aussi compliquée que la séparation. D’oublier les contrôles permanents de l’URSSAF et du fisc. D’oublier que les marges des entreprises n’ont jamais été aussi basses depuis 30 ans. D’oublier que les dépenses publiques seront cette année les plus élevées de l’OCDE. D’oublier que le secteur privé, qui fait vivre le reste de la société, ne pèse plus que 43% du PIB. D’oublier enfin que pour obtenir 0,3% de croissance en 2013, le gouvernement a augmenté sa dette de 4,3%. Et si vous parvenez à oublier tout cela, ne vous énervez surtout pas en consultant le taux d’absentéisme des fonctionnaires.
Homme de la synthèse libérale-colbertiste, Hollande en a fini avec les conflits idéologiques du passé, et tout le monde s’aime. Dans son mariage social-libéral entre la Carpe et le Lapin, c’est bien la Carpe qui finit par l’emporter. Carpe, comme dans Carpe Diem (« cueille le jour présent sans te soucier du lendemain »).Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle…
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